Débunk du documentaire "Trans Mauvais Genre: chapitre1 une épidémie mondiale" de Sophie Robert (partie 3 sur 8)

[CW: Transphobie, homophobie, mention de maltraitance sur enfants, mention de mutilations génitales, mention de drogue et d'alcool]

 
-La partie une ici
-La partie deux ici

-La partie quatre en ces lieux
-La partie cinq j'en peux plus

-La partie six je vais caner

-La partie sept alouettes  

-La partie huit je m'huitre

 

 Banjour, c'est la troisième partie. Aller, on y retourne, après trois semaines où j'ai pas taffé là dessus (littéralement parce que la dépression, désolée, je taffe pas sur ce genre de sujet quand j'ai une concentration digne d'un bulot malade). Alors, comme d'habitude ça va être une plongée en plein cauchemar transphobe j'espère que vous êtes prêtes et prêts à endurer ce qui s'annonce comme un nouveau voyage en plein absurde. 

 

Évidemment, ce texte ne serait rien qu'un galimatias maladroit sans le travaille de correction qu'il y'a derrière, travail fait par Calamity James avec une grande habileté (genre il fait des lives juste ici et c'est quelqu'un de grandement chouettos).


Le résumé de mes journées ces derniers temps, mais avec 9 opossums (paske c'est incroyable les possums). La première, y'a un opossum dans une poubelle qui à l'air de faire la gueule, et c'est surtitré "Je me réveille dans la crasse". La deuxième image, vous l'aurez deviné c'est encore un opossum, et il crie fort, et c'est surtitré "JE HURLE". Après y a un potit possum qui mange ce qui ressemble à un fromage, et c'est surtitré "Je mange". Une autre image d'opossum qui mange ce qui ressemble à une assiète de maïs encore surtitré "Je mange". A côté, c'est un opossum qui fait giga la gueule, genre y a l'air d'y avoir rien qui va dans sa vie, sur une toiture, et c'est surtitré "Je maudis Dieu". A côté, y'a un autre opossum, qui cette fois s'attaque à une pomme la bouche grande ouverte, et c'est surtitré "JE MANGE". Après y'a un opossum qui crie vue de près, surtitré "Je crie". A côté y'a un opossum qui fait salement la gueule, surtitré "Je pleure". Et enfin, la dernière image avec, encore une fois l'animal préféré de petits·es et grands·es dans son milieu naturel (c'est à dire une poubelle), et c'est surtitré "Je m'effondre dans la crasse."




De 19 minute 06 jusqu’à 28 minute 40 (oui, encore des gigas tartines et on en est même pas au tiers ._.)


19.06
« Ces dernières années les personnages trans mis en valeur par l’industrie du cinéma ont évolué du vieux drag-queen pathétique et touchant, a des personnages beaucoup plus jeunes et convaincants. C’est le message asséné par la magnifique série de Netflix Sense 8, son personnage central, Nomi Marx, est interprété par un homme transidentifié femme ce personnage n’est pas seulement présenté comme authentiquement femme, mais profondément féministe. Bien que blanche et bourgeoise, Nomi Marx est présentée comme étant plus opprimée que toutes les victimes du monde. Parce que prisonnière d’une horrible famille traditionnelle et bigote prête à tout pour lui refuser d’exprimer sa véritable identité. » [l’autrice de ce texte est partie boire un verre de tequila parce qu’elle se sentait pas capable de retranscrire ça en étant sobre.]

[Petite note, le terme "Bigot" est très directement repris de l'anglais et n'est pas traduisible en français. C'est un mélange de sectarisme et de fascisme. Généralement, quand les étatsuniens·nes (je parle ici des principalement de cette zone linguistique puisque, de mon modeste point de vue, je vois le terme nettement moins utilisé dans les autres ères linguistique anglophones) parlent de bigot, c'est pour décrire des fascistes et autres rétrogrades.]

    Alors, déjà, sortir ça, ça veut dire que le docu est prêt à se bouffer un procès pour transphobie, donc que l’équipe qui est derrière est suffisamment pétée de pognon pour ne pas avoir peur de se bouffer un procès par les frangines Wachowsky et par Jamie Clayton (et j’espère qu’elles le feront, et qu’elles vont bien leur faire cracher du pognon).


    Ensuite… que dire des personnages trans utilisés pour faire du drame à peu de frai? Beaucoup de mal hein. Ok, on va faire un jeu à réponses multiples (attention elles sont toutes mauvaises). Ce jeu s’appelle quel film je suis ? Très bien, imaginez que vous êtes un film avec un personnage trans, disons avant les années 2010. Vous pouvez être soit une comédie, grasse et vulgaire faisant étalage de tous les clichés transphobes et homophobes possibles et imaginables. Attention, si ce genre d’humour n’est pas votre tasse de T (humour trans, j'espère que vous pardonnerez l'équipe rédactionnelle d'essayer de rendre ce texte moins lourd), vous pouvez alors être un drame et votre personnage trans va certainement mourir de manière tragique et atroce. Oh, mais si vous ne voulez pas qu’il meurt, attention petit twist, vous pouvez être un film d’horreur ! Ainsi, votre personnage trans au lieu de mourir, sera la cause de la mort des autres personnages puisque ce sera lui le tueur ! Un personnage de meuf trans sanguinaire, violent et probablement dérangé puisque la plupart des films d’horreur avec un meurtrier sont généralement aussi psychophobes. (j’vous ai dit que j’ai fait des cauchemars où je pensais être l’assassin du Tueur des Agneaux ? Bon ben j’vous le dis, c’est pas génial pour l’égo ce genre de représentation, hein, surtout quand c’est les seules). Évidemment, ces personnages trans sont quasi exclusivement joués par des acteurs cisgenres (autant pas y aller qu’à moitié). Bref, en terme de réalisme et de visibilité, on était pas loin du 0 absolu ; c’était même bien pire que le 0 absolu puisqu’au final, c’était essentiellement abordé à travers le prisme de la déviance (que ça soit drôle, tragique, ou horrifique). Si bien qu’encore aujourd’hui des gamins·es font leur coming-out et leur entourage partent du principe qu’iels vont finir les veines ouvertes dans des caniveaux, défoncés·es avec diverses drogues, atteints·es du SIDA.


    Donc ouais, on a des représentations positives qui fleurissent petit à petit, et particulièrement avec une nouvelle vague de showrunners qui souhaitent avoir des séries bien plus en phase avec leur époque, que ce soit sur Netflix ou ailleurs (The Owl House, Souvenirs de Gravity Falls, j’vous aime de tout mon être). Mais du coup, pourquoi maintenant ? Et bien… parce que les personnes qui ont eu l’accès à l’information (par le développement d’internet en grande partie) comme quoi il est possible d’être trans et que ce n'est pas quelque chose d'anormal ou de dévient, produisent aussi des séries. Incroyable n’est-ce pas ? Du coup, y a effectivement une envie de rattraper ce retard de représentation. Par ailleurs, comme y avait une forte demande finalement de ce genre de représentation et que ces séries marchaient très bien, les plateformes, qui sont globalement obsédées par le biff, se sont mises à demander à ce qu’on mette des personnages trans. Quitte à que ce soit fait un peu aux forceps et avec des personnages très clichés (on appelle communément ça du PinkWashing, qui est la marotte de nombre de boîtes se voulant progressiste, et qui les rend multicolores un mois par an). Donc ouais, y a un effet de mode, et… force est de constater aussi que la représentation trans n’est absolument pas la seule représentation qui se met à récupérer son retard (ce qui sincèrement est difficilement critiquable dans le principe).

    Mais du coup Sense 8, alors cette série mériterait des thèses, mais
j’suis pas ici pour écrire sur quelque chose d’intéressant mais sur un gros paquets de nœuds merdeux à dénouer.


    Je vais commencer par debunk quelques légers menus détails, rien du tout, des broutilles. Pour commencer ça dit que Nomi est le personnage central de Sense 8, ce qui n’est pas le cas ? Mais genre pas du tout? Sense 8 est une série cathédrale possédant 8 personnages centraux (qui se trouvent n’être qu’un, mais apparemment quand on est transphobe on n’arrive pas à lire les intentions claires des réalisatrices). Il se trouve ensuite que ben Nomi ressemble quand même à pas mal de copines et a aussi l’air d’avoir eu une vie qui ressemble à celle de pas mal de copines (et pour cause, elle a été écrite par deux meufs trans qui doivent elles aussi avoir pas mal de copines qui lui ressemblent beaucoup). Obligée de fuir sa famille, qui aurait été à la rue et sans ressources si elle n’avait pas été recueillie par Amanita (qui se trouve être sa petite amie) mais, dans la lecture du documenteur Nomi serait apparemment une bourgeoise (un peu l’ascenseur social, mais vitesse grand V pour la grande précarité quand même). Le déclassement social, c’est un truc que vivent des dizaines de milliers de personnes trans tous les jours en étant forcés·es de fuir leur famille et de ne survivre que grâce à la solidarité. Ce qui arrive à Nomi, dans la série, pour le coup, n’est pas de la fiction. C’est une réalité que de nombreux jeunes trans vivent (et qu’on essaie d’aider avec des moyens dérisoires puisqu’on est nombreux·ses à avoir dû faire le même genre de choix, entre le confort matériel, ou de pouvoir vivre tel qu’on est).

    Donc ouais, elle en chie. Mais vous croyez qu’elle est seule à souffrir dans Sense 8 ? On n’a pas vue la même série. [Ici, ça va spoiler sec donc sautez ce paragraphe si vous ne souhaitez pas rompre la surprise de la découverte] : Will, le keuf souffre de mémoire traumatique à propos d’une gamine
depuis son enfance, et retrouve son père (qui a besoin de ne pas vivre seul) au bord de la mort après avoir dû se cacher pour sa sécurité ; Riley a vu son mari mourir dans un accident de voiture pour l’emmener accoucher, perdue au milieu de l’Islande elle a accouché d’un bébé qui est mort à cause du froid ; Capheus se retrouve à galérer à conduire en bus et à devoir apprendre à casser des tronches pour payer le traitement contre le SIDA dont sa mère a besoin ; Sun poursuit une quête vengeresse où elle doit fumer son frangin, qu’elle avait promis à sa mère de protéger à son chevet avant sa mort, après avoir pris de la prison pour protéger ledit frangin ; Lito est un acteur gay qui se fait publiquement chier dessus quand il fait son coming-out, et se voit parfaitement ostracisé de son milieu ; Kala… mise à part le fait qu’elle compte se marier avec un athée avec qui le courant passe pas vraiment et qu’elle tombe amoureuse de Wolfgang qui se trouve être à Berlin une semaine avant son mariage, tandis que elle est en Inde où l’Hindutva (parti néo-nazi, littéralement) fait son nid, bwah ça roule presque… (j’essaye d’être positive okay) ; Wolfgang lui se retrouve obligé de flinguer avec ses petites mains tout un réseau criminel, de buter son oncle et son cousin, et il est révélé que sa mère est aussi sa sœur et que du coup il a buté son père (ouais la vie est dure) ; et Nomi… et ben Nomi vie des trucs de transmeuf (ce qui est pas marrant, mais ses camarades auxquels·les elle est liée n'ont pas franchement une vie marrante non plus). Sincèrement, même comparé au reste des persos principaux, elle en chie, certes, mais elle se situe dans la moyenne (ui quand t'es un perso de Sense 8 ta vie elle pue la merde).


    Prétendre que Nomi subit toutes les foudres du monde dans cette série montre juste qu’on ne l’a pas vraiment regardé. Ensuite, quand bien même elle subirait toutes les foudres du monde, il me semble quand même pas anormal qu’une série avec deux showrunners transfems parlent des conditions de vie chez les femmes trans. Il se trouve aussi que Nomi rentre dans un archétype très récent, celui de la transmeuf geek, turboféministe, et bien trop compétente avec un clavier et un réseau (qui est une figure qu’on connaît dans la vie de tout les jours, faites pas semblant les copines).

… et
je rajouterai aussi que pas très classe le petit deadname de Lily et Lana Wachwski juste après avoir parlé de Sense 8 (c’est illégal d’ailleurs, au vue de la loi contre la discrimination liée au genre).


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Suite à ça, le documenteur ressert un peu de bis répétita, comme quoi qu’on enchanterait les jeunes à fuir leur corps pour adopter les stéréotypes du fameux « l’autre sexe ». Je passe sur ce qui a déjà été démonté.


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20.30 « Sous le rouleau compresseur de l’idéologie du genre, un homme n’a plus le droit d’être efféminé et fier de l’être. Il doit s’identifier à une femme et se conformer aux stéréotypes féminins. »
 

    Si, il en a totalement le droit ce mec d’être efféminé et d’être quand même un mec à part entière. Mais y’a deux trucs par contre qui sont totalement passés sous silence dans ce propos. D’une, nombre de femmes transgenres sont identifiées à des mecs efféminés, et ne peuvent pas sauter l’étape parce que pression sociale et/ou pression financière. De deux, que nombre de ces mecs sont très mals considérés dans le groupe des mecs parce qu’ils ont l’outrecuidance d’être trop efféminés, donc considérés comme faibles et homosexuels. Littéralement, la pression de genre exercé sur les mecs efféminé ne vient d’aucune manière des militants·es trans voire même des femmes, mais des groupes sociaux masculins qui somment à ces troublions de retourner dans la norme.




20.40 « Une femme n’a plus le droit d’être butch et fière de l’être. Elle doit s’identifier à une homme et se conformer au stéréotypes masculins. »

 

    Exactement le même propos qu’en haut, sauf que cette fois, les femmes masculines vivent la pression des groupes sociaux masculins, et aussi féminins (voire même féministes, si l’on peut nommer les groupes là de cette manière). Ce qui, par exemple, a fait que le mouvement Dyke des années 70/80 a très vite rejoint les mouvements trans, justement par ostracisation des milieux cis-gays et lesbiens.




20.42 « La plupart des personnes queers sont homosexuelles. »
 

    Pas du tout. Et je cite le Wiki Trans , qui cite lui-même une étude états-uniennes de 2015, faite par le centre national pour l’égalité trans ; il se trouve qu’on est 40 % a être bisexuels·les, 22 % à être hétérosexuels·elles, 22 % à être homosexuels·elles, 16 % à être asexuels·elles (et c’est bien la première fois que je me trouve en majorité dans des stats d’ailleurs, ça fait un peu tout chose).




20.51 « Bien que le mouvement transactiviste soit issu du mouvement queer, qui signifie étrange, bizarre ; il a fini par contredire son essence même ; le droit à l’ambiguïté sexuelle. »
 

    Vous connaissez la technique rhétorique de l’homme de paille ? C’est très simple, vous créez un nouvel adversaire rhétorique semblable à votre adversaire et vous l’affublez de toutes les malédictions que vous souhaitez. Puisque votre fétu de paille ne représente rien de concret, mise à part une figure ressemblant très vaguement à votre adversaire, alors la position tenue par l’homme de paille est amalgamée à votre adversaire… bien que vous adversaire originel n’ait jamais dit quoi que ce soit de semblable à ce que dit votre homme de paille. Bien qu’agressive, cette figure rhétorique est ici très mal utilisée, puisque ledit adversaire rhétorique est très directement nommé ; ainsi, si on enlève la basse figure rhétorique présente ici, alors il convient de lire « Le mouvement queer dit le contraire de ce qu'il dit sur la liberté à l'ambiguité sexuelle. » Du coup, pourquoi dire un truc, au fond, aussi abruti ? Et bien tout simplement puisque les documenteuristes savent bien que sur son sujet de prédilection, le mouvement queer est plutôt inattaquable de par sa cohérence ; ainsi la seule manière d’attaquer sur le sujet un corpus idéologique pertinent est de créer son alter égo pour le défoncer (qui encore une fois, n’existe pas).


    C’est tout autant malhonnête qu’un aveux de faiblesse, puisque l’exercice est d’ici arriver à continuer son énoncé sans trembler des genoux. Et pour le coup la tendinite du genoux a dû être vilaine, en arrivant à de tels contradictions. D’ailleurs, il est courant de trouver cet usage rhétorique de l’homme de paille dans les paniques morales conservatrices. Pour ne citer que des récentes sur-utilisées ad vitam nauseam, le fameux " Woke " et " Islamogauchiste ". Il convient alors de se demander " De qui parle en fait ce terme absolument imprécis? ". Une fois la réponse le subterfuge rhétorique malhonnêté révélé, le fond du propos fini par transparaître. Et dans ces paniques morales conservatrices, généralement, cela parlera de telle ou telle minorité, dans l'espérance que l'on ne voit pas que le propos de fond concerne une minorité discriminée. Par exemple, ici, le documenteur use et abuse d'un terme de cet accabit qui est " Transacriviste ", et bien ce terme désigne purement et simplement la population trans dans son entièreté. Et s'il est entendu, de cette manière qui est la seule logique et précise dans le propos, alors d'un coup, ce documenteur se retrouve à diffamer tout du long de son propos, sur une partie de la population particulièrement fragile. Encore faut-il faire cet effort minimal qui est de ne pas présumer de l'honnêteté intellectuelle de quiconque s'adresse au publique mais bien plus à lui demander de réafirmer sa crédibilité continuellement.

 

    En bref, si vous repérez quelqu’un·e sortir un homme de paille, vous pouvez établir la malhonnêteté intellectuelle de ce quelqu’un·e dès cet instant (ou le fait qu’iel croît sur parole des personnes malhonnêtes). Tout simplement puisque cette figure cociste à remplacer l'entièreté du propos d'un groupe et ou d'une personne,  par un autre propos absolument intenable.



20.58 « L’idéologie du genre fait peu à peu disparaître les homosexuels .»

    Citons donc la Bicheyte parlant des propos d’il y a 15 secondes « on est 40 % a être bisexuels·les, 22 % à être hétérosexuels·elles, 22 % à être homosexuels·elles, 16 % à être asexuels·elles ».




21.35 « A la base de la définition de transidentité, il y a la notion de dysphorie de genre, ou d’incongruence de genre. »


    Et bien pas du tout. La définition de transidentité est de contredire son genre assigné à la naissance. Dire ce que le documenteur a dit, c’est confondre corrélation et conséquence. C’est à dire qu’il est courant que l’on vive la dysphorie de genre, mais elle est en rien un mal nécessaire à notre condition (et si les cis étaient moins abrutis, il y a fort à parier qu’on la vivrait nettement moins).

[NDLA: En principe, ici, je devais glisser un paragraphe très subjectif où je parle de mes considérations personnelles à propos de la dysphorie de genre, et pourquoi ce concept me pose de gros problèmes. Néanmoins, cela réclamerait beaucoup trop de démonstration, d'explication, et je juge à présent que ça n'est pas la chose la plus sage que d'insérer un paragraphe extrêmement technique sur un sujet, où j'ai conscience de faire tout sauf consensus.]


Image d'Abigail Thorn tiré de l'épisode de Philosophy Tube qui parle du système britannique d'aide à la transition. Du coup très logiquement, elle est fringuée en aviatrice (oui c'est Philosophy Tube c'est NORMAL OKAY). Et elle a l'air pas contente du tout, y'a une baleine blanche dans un coin de l'image (j'sais pas c'est une expression britannique apparemment), et c'est marqué sur l'image "Assignée Hater à la Naissance" (le mot Hater est pas réellement traduisible, on peut lui donner une relative équivalence avec "Teigne"). J'y fais référence aussi parce qu'il y développe une pensée autour de la dysphorie de genre, qui est très proche de ce que j'aurais développé ici.





21.59 « Contrairement à ce qu’affirment les transactivistes, le sexe n’est pas assigné à la naissance. Il est simplement constaté. Il n’existe pas de spectre sexué, on naît homme ou femme, point.»

    Je m’étais promis de ne pas prendre la parole des intersexes, mais ce qui est dit ici est quand même un problème grave pour entre 1 % et 2 % de la population. C’est à dire que dans une salle de classe de 25 élèves, il y a un·e ou deux gamins·es intersexe·s, et il est possible que ce·tte·s gamin·e·s prenne·nt un traitement hormonal forcé, voire qu’iel·s ait·ent déjà subi des opérations de réassignation forcée (et ce, parfois même à la naissance); et qu’iel·s ne comprenne·nt pas ce qui lui·leur arrive jusqu’à assez tard. Voilà, je m’arrête ici, puisque je me refuse à truander plus longtemps la parole des intersexes, et qu’il est hors de question qu’un combat politique aussi important soit potentiellement altéré par des approximations que je pourrais sortir.

    Par contre, en ce qui me concerne directement, j’ai des choses à redire. Effectivement, on attribue un genre à la naissance des enfants. C’est à dire qu’on voit un truc entre les jambes de la petite chose qui vient de naître, et on dit « C’est un garçon » ou « C’est une fille ». Et suite à cet évènement,
vient l’apprentissage et tout un petit train de plusieurs wagons d’interactions sociales genrées faisant assimiler à l’enfant une différence pensé comme radicalement notable, alors qu’elle est aussi peu précise que de savoir si Nantes se trouve en Bretagne ou pas. Cette différence et ces comportements genrés commencent à être assimilés entre 18 mois et 3 ans ; mais l’apprentissage de cette différenciation se fait dès la naissance. Littéralement, en tant que phénomène social, si nous n’agissions pas de la sorte, il serait parfaitement admissible qu’il n’y ait aucune corrélation socioculturelle entre sexe et genre (et dans les faits, pour la quasi intégralité de nos interactions sociales, ce qui se situe entre nos jambes ainsi que nos hormones sexuelles ne jouent que très peu ; seules notre apparence et notre apprentissage interviennent). Et c'est ainsi que l'on peut dire, de manière fort peu aventureuse, "On ne naît pas femme, on le devient." C'est classe hein? C'est juste une des citations les plus connues de Simone de Beauvoire, citation qui vient suite à une démonstration assez similaire, rapport à des constats très similaires. Sans cet apprentissage, alors il n'y aurait que des différences physiques, et ce qu'il se passe entre les quilles de tout un chacun ne ferait pas plus de différence que d'autres traits physiques comme la taille.




22.06 « Les transactivistes se sont appropriés·es la problématique des personnes intersexes, pour propager l’idée qu’il existerait un spectre sexué. »
 

    Vous pouvez me dire la dernière fois qu’une TERF a défendu les personnes intersexes, de manière convaincante, et connaissant un tant soit peu le sujet ? Non parce que pour prétendre que les personnes trans s’approprient les luttes intersexes là il y a du monde (choses que certaines personnes trans ont faites, je me dois de le reconnaître), mais quand il s’agit de monter au créneau politique, et éviter les mutilations sur les enfants intersexes, là on les voit pas les Anissia Docaigne-Makhroff et Dora Moutot (qui pourtant ont fait pression sur le sénat, sur le même corpus de textes, pour qu’il dépénalise les thérapies de conversion sur les personnes transgenres ; de biens inquiétantes priorités en sommes).

 



    Il est dit un peu plus tard que l’intersexuation est « extrêmement rare », bon entre 1 % et 2 % de la population, ouais ouais ouais extrêmement rare comme tu dis, docu d’merde. Je passe tout un passage, j'avoue, m'étaller sur ces moments du docu serait inapproprié de ma part, j'ai certes beaucoup de choses à en redire, mais je me refuse de m'approprier une parole qui se doit de ne pas être mienne.

 



22.34 « Dans ces situations rarissimes, un médecin peut parfois se tromper. Les personnes intersexes luttent âprement pour qu’une identité sexuelle ne leur soit pas chirurgicalement imposée dans l’enfance. Afin de leur laisser le temps d’attendre que leur développement sexuel si particulier et spécifique à chacun suive son chemin. »


    Si je devais définir ce que sont des charognards·es, au sens métaphorique, je ne pourrais pas donner de meilleur exemple. Ce docu invite allègrement Anissia Docaigne-Makhroff, qui a priorisé la lutte contre le droit des personnes transgenres à s’autodéterminer et le droit des personnes intersexes à ne pas subir d’opérations et de traitements hormonaux contraints·es, pour sortir ensuite ce genre de récupération politique à peine 30 secondes après avoir accusé les méchants trans de ce que Terf 1 et Terf 2 sont allégrement entrain de faire (avec toute la mauvaise foi de personnes qui sont allés toquer à la porte de membres du gouvernement pour dire de voter pour la torture des enfants). Et donc, tout ça pour quoi ? Au final pour défendre le sacro-saint droit à réifier [Donner les caractéristiques à une chose, quitte à les modifier si cela ne convient pas à la convention réifiante] les bébés, à une nomenclature [système de classification] sociale avant que lesdits bébés puissent en dire quoi que ce soit. C’est à dire contrôler le corps des enfants et leur imposer des normes dès la naissance (voir même avant par l’intermédiaire des futurs parents et de l’entourage) afin de préserver l’ordre et la norme au sein de la société en préparant des adultes bien rangés dans des cases bien différenciées. Et enfin, défendre le droit à l’erreur constante, sans remise en question du procédé, pour conserver l’adéquation entre sexe et genre. Ce qui se joue dans ce propos, est l’appropriation pure et dure d’une lutte, en allant radicalement à son encontre. Ce qui est une opération de rhétorique charognarde, et fait de ces documenteuristes des personnes minables.




23.07 « Mais contrairement aux personnes intersexes, les trans ont des organes parfaitement normaux et fonctionnels. La condition des personnes intersexes entraînent de lourdes conséquences somatiques qui sont fabriquées artificiellement dans un corps sain chez les personnes trans.»

 

    Et bien… non. Il y a des transgenres intersexes. Comme dans le reste de la population, voire même peut-être plus, mais je n’aurais pas l’outrecuidance de confirmer plus ce qui me semble être une impression (mais force est de constater que les personnes m’ayant éveillée aux problématiques intersexes sont trans ET intersexes).


    Ensuite, mais d’où tu te permets de dire que la condition intersexe n’est pas saine ? Effectivement, il est possible que cette condition entraîne des complications pour la santé, mais il s’agit alors de traiter les complications, pas la condition elle-même qui peut très bien ne poser aucun soucis pour la santé. Encore une fois, je ne fais que me référer aux camarades intersexes, qui parlent bien plus de complications liées à des opérations non-sollicitées voire couramment forcées (avec en plus toute la problématique quant à leur identité).


    Enfin, tout comme je me permettrais pas de m’identifier aux intersexes, puisque ma condition ainsi que les potentiels problèmes de santé que je pourrais avoir en changeant mon hormonation ou en faisant une chirurgie de réassignation sexuelle n’auraient aucun rapport au vécu ou aux problèmes vécus par quelqu’un qui est intersexe.



    Ah oui… et évidemment juste après le documentaire parle de disparités génétiques pouvant amener des atypies physiques, comme la dépigmentation, ou ne pas avoir d’oreille… Bravo le documenteur, tu parviens à amalgamer une lutte sociale, pour des droits, à une simple considération médicale.




23.40 Le docu met en avant les lettres ROGD.
    Si vous me cherchez je suis partie me chercher un verre, sinon je sens que je vais trop m’énerver et être plus insultante et méprisante que nécessaire. (note du correcteur : je vis pour être insultant dès que quelqu’un cite le ROGD)




23.56 « Le docteur Lisa Littman, chercheuse à l’université de Brown Aux Etats-Unis, est la première à avoir étudié l’augmentation vertigineuse de jeunes trans particulièrement des jeunes filles qui cherchent à obtenir des bloqueurs de puberté, des hormones sexuelles contraires et des opérations chirurgicales pour devenir trans-homme. »


    Je ne dirais que peu de choses que je n’ai pas déjà abordé dans un autre texte, ainsi, par flemme, je vais me contenter d’en paraphraser une partie ; si vous l’avez déjà lu ( ici ) sautez ces quelques paragraphes si vous souhaitez, sauf si vous ne vous souvenez plus de Littman et de son étude (chose qui m’étonnerait vue l’absurdité à laquelle sen est arrivé).

    D’après cette étude, les militants·es trans rendraient nos chères petites
têtes blondes trans à cause des réseaux sociaux (Rapid Onset Gender Dysphoria, ROGD) ce qui semble apparemment être une théorie crédible, quand on n’a pas fouillé le sujet, qu’on a pas de déontologie, et qu’on comprend aussi mal les réseaux sociaux que la transidentité. On pourrait donc innocemment considérer ici que les documenteuristes feraient preuve d'hyper-critique en se basant sur une étude, apparemment, révolutionnaire. Car cette chère Littman a un doctorat en médecine et en recherche et que les vieilles thèses maintenant réfutées, consistant à avancer que les transidentités seraient du ressort de la psychiatrie, le tout dans le but d’établir un contrôle médical très stricte et de justifier légalement des violences envers les personnes trans, ont la peau dures. Thèses glissées dans la pensée et le discours commun dont on a payé le prix très lourdement et qui sont encore aujourd’hui fortement liées à une grande partie de la transphobie que l’on subi au quotidien que ce soit devant une administration, un médecin ou notre famille. Mais, au-delà de tout ça encore, le problème de Littman c’est que c’est littéralement l’usage d’un argument d’autorité, une autorité non remise en question ni critiquée, elle peut raconter à peu près ce qu’elle veut (et surtout n’importe quoi) en remettant par ailleurs en cause l’intégralité du corpus de recherche auquel elle devrait se référer en préambul (ce qu'elle ne fait pas, avec sa cascade à ne pas reproduire chez vous).


    Premier problème, les compétences invoquées et les compétences requises pour son étude. Il est question ici de comprendre les interactions de deux groupes sociaux sur un médium, donc dans le cas présent les personnes trans (agrougrou) et les ados. Or il se trouve que le docteur Littman n’est pas ce type de docteur, elle est médecin et pas sociologue et même en essayant d’avancer une thèse avec le plus grand sérieux du monde travailler totalement hors de son domaine de compétence augmente quand même les chances de faire n’importe quoi (plot twist). Toujours est-il que fort de sa démarche Littman définie nécessairement un axe, une hypothèse (puisque le raisonnement sociologique, tout ça, allez en causer avec Grégoire, c’est un garçon parfaitement charmant, partie 1 et surtout la partie 2 qui nous intéresse bien plus), donc l’hypothèse (qui lui est nécessaire on le rappel) c’est qu'on rendrait les ados trans en communiquant avec par les réseaux sociaux. Alors soit, commençons par voir du côté des études similaires, et là vient le premier gros problème puisqu'aucunes de ces études similaires ne corroborent l’hypothèse de Littman. Et c'est là on se retrouve à devoir éplucher le tout pour comprendre comment elle en est arrivée là; spoiler, elle a fait un biais d’échantillonnage, une erreur très courante des études sociologiques. Littman ne s’est pas adressée à son groupe social d’étude (les ados) mais à des parents (ça se fait, c’est pas une bonne idée et ça à mène assez souvent à des résultats tronqués du fait de divers facteurs comme par exemple que ce ne sont pas les gens concernés par ton étude, mais c’est pas tout) elle va pas demander à n'importe quels parents; elle va recruter sur 4thwavenow, transgender trend et youthtranscriticalprofessionals. Qui se trouvent être des sites de militants·es anti-trans... C’est un peu comme poser une question, donner un choix de réponse, et n’aller poser cette question qu’à des gens qui vont choisir la réponse que l’on souhaite voir apparaître. Pour donner un ordre d'idée, c'est un peu comme faire une étude sur l'impression d'existence du grand remplacement en recrutant ses sondés·es sur le chat de Sardoche, alors que ce dernier a directement fait la promotion de Renaud Camus (le théoricien fasciste qui a monté cette théorie fumeuse) sur son stream.


    L’étude a été retoquée suite à tous ces problèmes, Littman a été renvoyée pour son incompétence, et scientifiquement parlant (au même titre que la psychologie évolutionniste, la psychanalyse ou la chiromancie), son étude est partie en vacance dans la ferme des études foirées à cause de l’idéologie de la personne l’ayant dirigée. Néanmoins ça n'empêche pas Lisa Littman de présenter son étude comme étant révolutionnaire et d'essayer de forcer comme une brute épaisse pour qu'on l'écoute (ce qui fait qu'on en parle encore, alors que c'est du giga flan aux pruneaux).

    En
deux mots, citer l’étude de Littman, ainsi que de parler de contagion sociale de la transidentité, est aussi sérieux que de citer Oui-Oui Aimerait Chier Tranquille dans la Forêt (ce bouquin n’existe pas, mais avouez que vous souhaitez intimement que ce bouquin existe) à propos de la question posée (pour le rappel, « Les militants·es trans sur internet rendent-iels les enfants trans? »). Néanmoins, cette étude valide tellement l’idéologie TERF, réconforte tellement les parents faisant des thérapies de conversion maison, encourage tellement à la silenciation des personnes trans, qu’elle est citée en long en large en travers ; et Littman saluée par nombre de médias, peu soucieux du sérieux de ce qui est rapporté sur leur antenne. (Si vous voulez en savoir plus, passez voir « Littman’s Folly :How Bad Science Creates Bigotry » de Jangles ScienceLad ).




25.13 « Les travaux du docteur Littman, ont déclenchés une levée de bouclier des transactivistes, et l’ostracisme frileux de ses pairs. »


    Si les militants·es gueulent, c’est parce que sa théorie absolument infondée sert de prétexte à l’écart de notre parole, ainsi que comme justification à l’isolation sociale extrême des ados trans. Si ses pairs la prennent pour une guignole, c’est que la rigueur scientifique, elle s’est torchée allègrement avec, et continue d’agir comme si le fait qu’elle est prise pour une guignole par ses pairs était injuste ; alors qu’il suffisait de dire « Mon étude est merdique, j’ai fait n’importe quoi en étant aveuglée par mon idéologie ». On ne publie pas quelque chose de révolutionnaire et contredisant tout ce qui a été fait sur le sujet en chiant sur toutes formes de sérieux scientifique.



 

25.27 « Mais comment douter que les jeunes soient influencés par la culture quand laquelle ils baignent ainsi que par le comportement des autres jeunes ? Pourquoi la transidentité serait le seul domaine exclu de ce phénomène d’observation courante ? »


     Parce qu’on a déjà des explications bien plus fiables pour expliquer l’apparition des personnes trans, actuellement, dans le champ publique. Comme par exemple la possibilité
d’apparaître face au grand publique sans avoir à passer par des barrières éditoriales. L’essor du féminisme queer (dit « Troisième Vague ») qui pense son sujet, non pas en nomenclature de sexe mais en nomenclature de genre ; permettant ainsi de penser les différences sociales de manière bien plus fine et précise qu’en seulement deux traits physiques antagonistes. Et enfin, parce que notre simple existence semble être un sujet de fascination morbide pour de nombreuses personnes (et pour le coup, c’est la seule explication que j’ai pour expliquer l’existence de ce documenteur, et pourquoi des personnes souhaitent si ardemment adhérer à une idéologie fasciste plutôt qu’à nous accepter dans la société).

    En apparaissant, nous n’augmentons pas le nombre de personnes trans. Nous ne faisons que révéler le fait que cela soit possible, et d’aider des personnes en questionnement à s’accepter (et ce, quelque soit la réponse à ces questions).



    Le documenteur continue ensuite sur ce « De nombreux médecins qui voyaient que y’a plus de demande d’hormone et gnagnagna et gro sayer le transactivisme ». On existe, et de nombreuses personnes en doutaient, et en doute encore en nous voyant. Littéralement, le contenu de cette partie se résume à « Les trans se voient, et c’est un problème. » Un problème pour quoi, pour qui ? Un problème pour des parents qui préfèrent maltraiter leurs enfants plutôt que de les voir épanouis·es ? Un problème pour les théoriciens·nes de pacotilles qui préfèrent se voiler la face et se vautrer dans la médiocrité (écoutez donc Delphy sur la transidentité, pour voir à quel niveau de parjure de son propre corpus on peut arriver par rejet) ? Un problème parce qu’on remet en jeu, de par notre simple apparition, une partie avec des règles déjà merdiques ?

     Tiens, à ce sujet, je sais que je dérive un peu du documerde, mais au moins je peux passer un peu de temps à vous parler de moi. Vous savez pourquoi j’ai fini par accepter de montrer ma gueule sur internet ? Non parce qu’à la base, je m’y refusais, je ne voyais pas l’intérêt qu’on me voit (sauf pour des personnes soucieuses de me retrouver et de m’exploser). Et bien, j’ai remis ceci en doute quand je me suis rendue compte qu’à 25 ans, j’ai été la première personne non-binaire que j’ai rencontrée ; et suite à ça, il m’a semblé absolument sordide que j’en sois là. Que cette possibilité ne m’aie pas été offerte à penser avant cette époque. Que je n’ai pas la possibilité d’exister, et de me sentir en phase avec-moi-même avant ça. Et vivre avec ce sentiment, ce sentiment qui me faisait disparaître petit à petit. Ce sentiment de ne pas être à part entière, et de ne pas savoir pourquoi. Il m’a fallu 25 ans, dont à minima 15 ans de doutes constants. Et ça, je le souhaites à personne, mais je sais que ça arrive à des millions de personnes.
Donc, maintenant, je montre ma tronche sur internet, même si j’aime pas ça.




    ATTEND QUOI ??? Attend, c’est le passage de psychologie évolutionniste après, on m’avait prévenu à propos de la comparaison avec les autres mammifères sociaux… oh nom de dieu… Okay, alors là ça va être un gros steakos.



26. « Nous sommes des animaux sociaux, comme tout les animaux sociaux les jeunes se regroupent à la puberté, en fonction du sexe migrateur de leur groupe social. Selon leur espèce, les garçons ou les filles d’une même tranche d’âge quitte leur groupe de naissance et partent ensemble d’un autre groupe social avec lesquels ils pourront avoir des relations sexuelles sans liens d’apparentés. Ces regroupements entre pairs du même âge seront l’occasion d’affirmer leur identité et développer leurs rapports sociaux. Trouver sa place dans la meute. » [Le tout accompagné d’images de bisons et de loups et de bichettes s’ébrouant dans la blanche campagne hivernale.]


    Scénario : Vous la voyez arriver, dans un kigurumi opossum, une grande patate aux cheveux colorés. C’est ainsi qu’elle fit jaillir de sa bouche, de ses cordes vocales, et du tréfonds de son cœur cette sagesse : « HRRRRRRRRRRRRRRRRRRK ». Vous n’êtes plus comme avant, vous avez changé·e. Maintenant, vous savez ce que vous pouvez répondre en toutes circonstances… Hrrrrrrrrrrrrrrrk. Quelle finesse. Quelle imparabilité. Quelle incroyable destinée dialectique qu’est la votre, de vous voir ainsi offert sur un plateau d’argent la finalité et l’explication de la vie…

    Bon vous l’aurez compris, je trouve ce passage d’une incroyable bêtise. Déjà, en terme de naturalisation, c’est pas 60 ans de féminisme, mais bel et bien 6000 ans d’histoire humaine qui a été jetée par terre et écrabouillé. Cette figure rhétorique de la malhonnêteté intellectuelle, la naturalisation, permet de copier des schéma
s que l’on imagine « naturels » ; soit pour décrire des comportements sociaux humains, soit pour se justifier des comportements que l’on souhaiterait faire adopter aux humains. Dans les deux cas, c’est un anti-argumentaire puisque pour justifier son propos, on se contente d’un vague « c’est la nature » ; sans pour autant expliquer et justifier ce qu’est la nature et ce qu’elle vient faire là. Mais surtout, force est de constater qu’à vouloir à tout prix parler de comportement sexués plutôt que de comportement genrés, il échappe une problématique centrale : Peut-on parler du genre des animaux sans même saisir les tenants et aboutissants de leur socialisation (ne serait-ce qu’en sachant plus ou moins comprendre leurs méthodes de communication). Bref vous l’aurez compris, bien que je ne doute pas particulièrement du fait que nombre d’animaux aient des pensées dépassant le simple « instinct », force m’est de constater que je n’ai pas l’entendement nécessaire à la compréhension de leurs considérations sociales, et à leurs considération rapport à leurs comportements. Déjà qu’il m’est bien compliqué de comprendre un·e humain·e qui ne parle pas de langues que je comprends bien, je n’ose imaginer ce que ça serait si je devais parler de concepts aussi simple que de cynisme philosophique avec un puma (sincèrement, je penses qu’il se demanderait qui est cette guignole en kigurumi oppossum qui s’excite dans tout les sens et qui bouge des bras en faisant « nya ! »). Bref, attacher des comportements genrés des humains·es à des espèces dont la perception et le contenu précis de leur communication nous échappent n’est ni plus ni moins que de l’anthropomorphisme très grossier, et trahit sans doute aucun ce que ces derniers auraient à nous révéler s’ils pouvaient nous l’exprimer clairement (ou si nous pouvions les décrypter clairement). D’ailleurs, les animaux qui vivent avec nous au quotidien grossissent leurs expressions pour se faire comprendre, vue qu’on est absolument ignare de leur langage. Tout au plus pouvons nous dégager des généralités, et observer pendant longtemps des individus précis histoire d’arriver à grossièrement les comprendre.



Représentation extrêmement fidèle, grâce à cet outil puissant qu'est Paint, de ma personne en kigurumi opossum,qui pousse son HRRRRK. Oui je suis très fière des google eyes du kigu opossum.




27.40 « Pour se forger une identité au contact des autres, les ados sont contraints de fuir autrement. Sur les réseaux sociaux, parfois dans des expériences extrêmes. Abigail Shrier a soulevé dans « Dommages Irréversibles » [NDLA : un bouquin que l’on devrait trouver au rayon PQ] un point essentiel, l’adolescent humain se forge une identité en rupture avec son milieu d’origine. Faute de pouvoir partir répondre aux injonctions de l’espèce le porno, la drogue, la maîtrise obsessionnelle de l’image de son corps représente autant de transgressions immobiles. Le phénomène trans se produit dans de nombreuses familles progressistes, très en phases avec les valeurs LGBT. Si les parents sont transgressifs, l’adolescent devras aller encore plus loin pour s’affirmer par la transgression. Il s’agit moins d’aller quelque part que de trouver un mur auquel se confronter, pour exister. »
 

    Qu’est-ce qu’il est con le Le Jeune, il a pas compris qu’il devait courir vers un mur et s’étaler dessus pour se sentir bien. Et vous savez, moi de mon temps, y’avait pas les rézosocios là. On avait que l’alcool fait maison du grand Dédé pour s’évader. Crévindiou.


    Agrougrou, craignez moi, voyez comme je suis la transgression hrrrrrrk! Alors, je dois quand même noter un truc, c’est que ces gens élèvent sans doute des enfants, et ont donc probablement des ados à la maison (ou bientôt). J’avoue m’inquiéter, et ça je le dis au premier degré. Même si ces gamins·es sont parfaitement cisgenres hein. Non parce que du coup, c’est forcé que les personnes qui ont écrit ce documenteure doivent être dans une paranoïa assez constante à base de « Oh mon dieux, mon mioche va faire de la merde en barre à un moment, on va pas y couper. » Et du coup, que dire de la Vendée, hein, évidemment ce territoire éternel de l’emmerdement où les jeunes occupent leur trop plein de temps de la même manière que leurs aînés·es, c’est à dire en picolant (hey vous foutez pas de ma gueule parce que j’ai grandi en Vendée, j’suis sûre que vous avez grandi dans des coins tout pourraves vous aussi, moins royalistes certes, mais veuillez lâcher ma veste je vous prie). Non c’est cool en tout cas de naturaliser l’alcoolisme juvénile de la sorte, dans ce très vague besoin « D’aller plus loin, de repousser les limites » (perso, c’était plus parce qu’on était toutes et tous plus ou moins dépressifs·ves et qu’on voyait aucun futur se montrer pour nous, mieux vaut altérer sa perception plutôt que de la finir à tout jamais hein).

     Du coup, si j’ai bien compris, il faudrait jeter son « Le Jeune », une fois arrivé à un certain âge, de la maison afin qu’il se sente bien dans son milieu naturel (c’est à dire la galère). C’est bien ce qu’il faut faire du coup, si je suis le propos. Non parce que sinon iel risquerait sans doute de finir par regarder du porno, de consommer de la marijeanne ; voire encore pire, d’être trans et ce tout particulièrement si vous êtes dans une famille progressiste. Soyez des vieux·vieilles cons·nes de droite je vous pries, sinon votre jeune n’aura plus de repère (y a vraiment pu de saison, ma bonne dame).


    Sérieusement, à quelle étape de nombrillisme morbide il faut arriver pour penser que votre enfant souhaite transitionner pour vous faire chier et pour contester votre minable petite autorité parentale ? A quel moment vous vous dites pas que si votre enfant mâte du porno, plutôt que de le pourrir pour ça vous pouvez pas lui parler un peu de comment ça se fait dans la vraie vie (non parce que l’éducation sexuelle à base de porno gonzo, on commence à connaître ses effets sur la sexualité des jeunes (et c’est pas glorieux)). Et sur le fait de se déglinguer la tête… j’arrive pas à croire que je dis ça, mais couramment la consommation répétée de psychotrope c’est souvent pour s’échapper d’un quotidien que l’on juge merdique. Et s’il est un élément impondérable du quotidien des ados, c’est leurs parents, et j’avoue que y’a pas mal de mes escapades en pleine journée qui étaient justement pour aller me taper un bon gros zder parce que mes vieux me gavaient (et je pense pas être seule à qui c’est arrivé de se retrouver bien déchirée et de bafouiller pour essayer de garder l’air crédible devant ses reups).


    Et alors, je vais dire un truc incroyable, mais peut-être, JE DIS BIEN PEUT-ÊTRE (non parce que après on va dire qu’il se peut que je juge la manière d’éduquer leurs enfants, aux parents des jeunes dont je finis par parfois leur trouver un abris), mais peut-être que le fait d’être progressiste fait que vous comprenez mieux les valeurs qu’a votre ado (qui du coup a grandi avec son temps), et que du coup vous le·a comprenez bien mieux… en s’intéressant aussi à ce qui l’intéresse. Et du coup, si vous lui pourrissez pas la vie parce qu’iel est trans, peut-être qu’iel sera moins tenté.e d’aller se défoncer la santé. Surtout quand même, on peut noter que si vous mettez sur un pied d’égalité, le fait de se fracasser la tête, de mater du porno et le fait d’être trans, je peux vous assurer qu’en terme de parentalité, vous augmentez drastiquement les chances d’être des parents parfaitement irresponsables (et donc la probabilité que votre enfant se retrouve obligé de couper les ponts pour se protéger). Après, je juge peut-être, mais c’est aux personnes comme moi, ainsi qu’aux travailleurs·euses sociaux que votre irresponsabilité va bouffer du temps ; et force est de constater que ce n’est jamais un temps que l’on aime investir de la sorte.


    Note supplémentaire du correcteur : considérer que toute affirmation de l’identité de votre enfant allant à l’encontre de votre vision de sa personne, ou tout acte ou volonté de sa part n’étant pas le fruit de votre douce et sage autorisation est une rebuffade orchestrée par le danger civilisationnel qu’est Twitter et ses très dangereux pseudonymes (à noter que Karim Debbaches avait déjà alerté à propos des pseudonymes (et sachez qu’on compte bien s’allier à eux pour boire votre sang et le remplacer par du pipi)), témoigne de la réalité de l’âgisme et parle plus de vous que de lui. Vous qui considérez vos enfants comme une propriété, qui seraient par nature inférieurs à vous jusqu’à un âge que vous évaluerez arbitrairement (en fait l’âge compte moins que votre appréciation de la conformité de votre progéniture à votre vision de la réalité, de sa personne et de son devenir, ou alors de votre volonté de vous en débarrasser parce que c’est moins chouette quand ça grandit et que ça peut dire non), ne pouvant pas prendre leur propres décisions, et devant suivre dans une absolue obéissance vos moindres volontés, eh bien vous êtes infiniment plus en cause dans son mal-être que n’importe quel épouvantail que vous agitez pour vous dédouaner en fait d’être une énorme merde en tant que parents. Pour faire simple, votre ado ne vit pas de période de rébellion. Votre ado n’a pas de besoin viscéral de vous déplaire en faisant l’absolu inverse de vos moindres volontés le concernant et concernant aussi sa vie. C’est vous qui avez un besoin viscéral de contrôler un autre être humain et de dicter ce qu’il doit être, faire, devenir. C’est vous qui avez un problème en vous octroyant la propriété d’une personne et en l’assujettissant à votre entière volonté. C’est vous qui refusez que votre enfant soit quelqu’un d’autre, fasse quelque chose, qui ne soit pas une excroissance de vos désirs et de vos projections. C’est vous qui punissez tout écart du cadre strict de la prison de votre petit humain de compagnie. Et vous êtes responsables, de toutes les souffrances qu’il aurait acquit entre vos mains jusqu’à qu’il finisse par s’échapper de l’emprise et du contrôle que vous avez imposer toute sa vie durant sur sa personne. C’est tout pour les notes, bonne lecture.




28.40 « L’ex cadre de Facebook Frances Haugen, a mis en évidence les effets toxiques des algorithmes des réseaux sociaux. En favorisant le rassemblement des personnes motivées par les même sujet, il les amplifie de façon considérable ; en leur fournissant une caisse de résonance. Pour le meilleur et pour le pire. »


     Non mais effectivement. Alors ça c’est très vrai, oui, et c’est effectivement un problème. Surtout quand des groupes de parents maltraitants
se conseillent les meilleures techniques pour comment être maltraitant et détruire l’identité de leur enfant pour les remodeler à leur image, à travers des thérapies de conversion par exemple, et finissent par totalement truster un sujet, et mener immanquablement à mener à eux, et de fait par mener des parents, qui se demandaient juste comment gérer leur parentalité avec leur enfant trans, à penser qu’il y a un grand complot géré par les élites trans qui finiront par grand remplacer toutes les petites filles (dans un but d’extinction de la race blanche (je le notifie de manière très brutale… puisque cette hypothèse du complot existe bel et bien et se popularise). Et le tout évidemment avec la bénédiction du réseau social le plus populaire au monde. Par contre je trouve ça fantastiquement ironique que ça se retrouve dit dans un documenteure TERF qui finira par mener des parents pleins de questions à ce type de groupes.

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