Beaucoup de caractères pour dire que le Terfisme est un fascisme

[C'est officiel, va y'avoir une V2 de cet article, j'sais pas encore quand, mais je penses que l'éditer, et le re-griffer de partout va être nécessaire. Déjà, puisqu'il est trop incomplet dans son approche hollistique, comme je l'admet à de nombreuses reprises. Je ne sais pas quand, et je penses que y'aura un petit article de complément, pour que les gens qui ont zieuté celui là soient pas obligé·e de le relire en entier avec ses ajouts et modifications (modifications qui seraient mineures en plus).]



°arrive avec un thé pomme canelle°

Ça vous dit que je vous ajoute un peu d'angoisse face à la montée du fascisme? Ça vous dit que l'on parle un peu de bataille idéologique? °tend le thé° Je vais encore vous parler de terfisme par contre, oui je sais encore. Va falloir se poser deux secondes pour se cogner de la définition, non mais t'inquiète arrête de paniquer, le sac de nœud se déroulera petit à petit, mais c'est nécessaire pour le fil logique (et je te déconseille de sauter du texte parce que tu risquerais de te perdre, pour compenser, je promets d'essayer de garder un style un tant soit peu divertissant).

 

Bon, qui dans l'assistance peut me dire ce qu'est le fascisme?
"-Un ultranationalisme palingénésique, comme Roger Griffin il l'a dit."
Alors... oui bravo, tu as bien suivi les vidéos d'Innuendo Studio mais ça impose un peu plus de précisions, parce y'a quasi que moi qui a compris ce qu'il s'est dit. De plus cette notion ne met pas assez l'emphase sur le contrôle des corps et habitus, qui est certes induit dans la logique, mais est nécessaire à expliciter dans une ère de confusionnisme telle qu'on la vie.
 
Bon, ultranationalisme, on peut le simplifier comme étant une doctrine d'attachement ultime à une structure de type état-nation. Dans cette doctrine, l'état-nation est non seulement un but, mais en plus la justification ultime.
Ce qui implique que tout passe au second plan rapport à l'état nation: Les individus ne sont rien, n'ont aucune valeurs autres que de simples rouages pour magnifier la grandeur de la nation, en passant par l'outil qu'est l'état qui devient alors un état totalitaire. Ici, l'état n'a pas de limites imposées, seules la technique et les moyens matériels le limite. D'ailleurs, à propos du qualificatif totalitaire, ce n'est pas un qualificatif radical, mais un qualificatif graduel. C'est à dire qu'on penche, qu'on tend vers cet idéal, et à aucun moment que ça décrit quoi que ce soit parfaitement. On ne peut être dans une organisation absolument totalitaire (même dans les récits et théories), tout comme on ne peut être dans une organisation absolument démocratique (idem). Ce qui explique par exemple l'importance de ne pas laisser dans les mains des états nos informations personnelles, cela agrandit lourdement ses possibilités totalitaires d'un point de vue matériel. Tout comme les moyens offerts à la police, on ne peut pas juste se dire "Il faut absolument protéger l'état contre la population en colère" si on désire éviter matériellement un état totalitaire. En bref, on peut presque raisonner l'organisation politique sur une fourchette théorique avec d'un côté l'objectif totalitaire total matériellement impossible (que l'on peut imaginer à présent, par exemple, comme étant une espèce de techno-éco-fascisme essayant d'avoir autant de contrôle eugéniste/malthusien que possible); et l'objectif démocratique total matériellement impossible (que l'on peut imaginer actuellement comme étant, par exemple, un municipalisme libertaire, mixant mandat impératif et rôles organisationnels uninominaux majeurs étant très limités dans le temps (et autant que possible anéantir ces rôles de pouvoir)). D'ailleurs, on peut presque analyser cette dichotomie d'idéaux comme étant: du côté totalitaire la volonté de concentration des pouvoirs organisationnels et productifs; et du côté de volonté démocratique la dissolution du pouvoir entre tout les éléments concernés*1. Un état ou un groupes de production sont démocratiques, plus ces éléments sont, d'un, flexibles (adaptables donc aux volontés des agents); mais aussi sensibles aux agressions directes d'organisations antagonistes, puisque le temps démocratique est un temps plus long que le temps autoritaire, et donc même s'il propose des solutions bien plus adaptés aux problématiques matérielles, il demande du temps, ce qui peut jouer en sa défaveur en ce cas (d'où l'introduction de concepts comme le mandat impératif).

1->[Petite note: C'est d'ailleurs ici qu'on peut constater l'arnaque intellectuelle qu'est le libertarianisme puisqu'il propose ni plus ni moins que la dissolution totale de tout pouvoir de l'état en utilisant le capitalisme comme levier. Sauf qu'il oublie, d'une, que l'humanité est condamnée à vivre en groupes (si ce n'est en sociétés), de deux que l'entreprise capitalistes sont un lieu de pouvoir, et si ce lieu de pouvoir n'est pas contrôlé par une autorité supérieur alors il tend clairement vers l'autoritaire (et ce mécaniquement, même si les agents dirigeants des entreprises ont une toute autre volonté). C'est d'ailleurs pour ça que je parle d'organisations, que ça soit état ou groupe social, ou quoi que ce soit. Il s'agit alors, quand on s'attache à étendre le champ des possibles démocratiques, de savoir utiliser les structures existantes, détruire les structures nocives, et inventer celles qui sont nécessaires (ce qui fait qu'on se cale beaucoup de bourre-pifs théoriques, même quand on est d'accord sur de nombreux points).]

Pour ce qui est de "palingénésique". Le terme est littéralement le plus simple de l'énoncé, tout en étant le plus capillotracté. La palingénésie est, à l'origine un terme théologique qui narre l'histoire de la création du monde, ou tout du moins de la communauté religieuse. On peut citer par exemple le pentateuque*2 comme étant la plus connue des œuvres palingénésiques. Sauf qu'ici, l'idée est réadaptée pour coller avec un contexte intellectuel où l'on pense le fascisme. C'est à dire que la palingénésie que souhaite effectuer un ultranationalisme est une roman national pseudo-historique. Et pour prouver son historicité... le fascisme n'hésitera pas à contredire les faits historiques établis. C'est à dire que, même si l'histoire est une science sociale et est donc soumise à l'incertitude sur de nombreux faits et de nombreuses interprétations; elle dégage néanmoins des consensus acceptés par toutes les personnes travaillant sur le sujet et acceptant la relecture et la critique par les pairs.

2-> Le pentateuque étant les cinq premiers livres de la Bible (chrétienne, orthodoxe et protestante) ; étant aussi la Torah; et étant aussi une citation et inspiration majeure et centrale du Coran (bref, c'est un bail capital d'un point de vue théologique et culturel).

 

Très longue digression pour expliquer un peu comment les vérités et réalités se font avec l'histoire. On va prendre un exemple concret avec le Titanic. Alors on sait qu'il est dans la série des plus gros bateaux de son époque (la série "Olympic" de la White Star Line, la compagnie britannique spécialisée dans les transatlantiques) on sait qu'il est parti Southampton pour New-York pour son voyage inaugural; et que c'était un évènement important. On sait avec autant de certitude c'est que le Titanic a heurté un Iceberg alors qu'on le disait insubmersible; et qu'il a fait parti des premiers bateau accidenté à utiliser le signal radio "SOS" (en combinaison avec un autre standard de signal d'accident et d'appel à l'aide; le "CQD"). Bon on sait aussi pleins d'autres choses avec certitude, mais lisez le bouquin du poto Histony, j'suis pas spécialiste du sujet, et encore moins historienne (et lui il est les deux (et il sent bon)). Dans ce qu'on sait pas avec une totale certitude, mais on est sans doute proche de ce qu'il en était, c'est par exemple ses plans exacts, on doit alors de tricoter avec les plans de ses "jumeaux"; aussi on sait pas exactement qui était à bord (avec les potentiels·les passagers·ères clandestins·es mais aussi à cause des embauches de dernière minute); on ne sait pas exactement comment le paquebot s'est retrouvé à se manger un iceberg (à noter que le Titanic avait été prévenu en amont de la présence d'Iceberg dans la zone brumeuse où il naviguait), c'est à dire qu'on sait pas exactement quelle part d'erreur humaine il y'a eu dedans (en plus, nous l'analysons souvent avec nos standards actuels alors que cet accident a défini de très nombreux éléments d'accidentologie encore utilisés actuellement (et qu'en plus l'accidentologie est quelque chose que l'on ne sait étudier efficacement qu'à postériori)). Et parmi les très nombreuses choses qu'on peut dire avec une certitude aussi solide que le consensus des spécialistes du sujet qu'elles sont totalement fausses (donc quand même des choses où il faut se lever tôt pour les contredire) ; c'est par exemple la théorie du complot antisémite disant que le naufrage du Titanic serait un complot de la Wild Star manigancé et de la banque Rotschild pour toucher l'argent des assurances; que quelqu'un aurait balancer une lettre à la mer; que la planche dans le film était trop petite pour deux personnes (non mais sérieux Jack, espèce de con là tu peux monter dessus, j'suis sûre que tu fais ça pour me faire chialer, espèce de gros con, et tu vois là je chiale, heureusement que j'ai un pot de glace avec moi, salow va!).
 
 
Toute cette longue digression pour vous dire, que même si, comme dans toutes sciences, en histoire on ne dégage que peu de certitudes sur ce qu'on étudie, analyse et savons; il existe néanmoins des choses suffisamment étayées pour être indéniables (tout du moins, il faut des éléments extrêmement solides pour aller à leur encontre). Il semble alors logique que pour s'appuyer, les pensées politiques aient ce même souhait de rigueur? Et bien pas du tout ptdr. Alors certaines pensées politiques sont plus promptes à éviter les biais de confirmations, mais toutes les pensées politiques ont leur angle mort. Comme par exemple, il me paraît personnellement extrêmement difficile de conceptualiser, dans un monde sans contraintes sociale, un·e humain·e ayant des volontés de domination sur leur prochain·e. Néanmoins force m'est d'admettre que ça n'est pas impossible. Bon les pensées libérales je penses que vous l'avez, c'est la problématique de penser un monde avec des ressources finies. Et... ben les fascismes se retrouvent à être les plus rigides, puisqu'ils érigent un monde de fantasmes, ainsi qu'un modèle parfait du membre de sa société, et tout ce qui en sort trop n'est pas acceptable, et ne peut pas prétendre alors aux mêmes droits que ses concitoyens·nes. Il existe UNE histoire, et en déroger est une erreur. Il existe UN citoyen et en déroger est une erreur. Et dans ces modèles les fascismes ont dans leur premier viseur les lieu de production de savoir légitime. Convertir le savoir à la cause, ou anéantir le potentiel de création de savoir. (des autodafés nazis, à l"empêchement de l'étude de l'histoire turc suite à l'établissement de la république par Mustafa Kemal Atatürk, en passant par le négationnisme autour du Covid au Brésil sous Bolsonaro; on pourrait écrire une sinistre encyclopédie d'exemples (je ne parle pas ici que de régime purement fascistes (et si on veut être absolument rigoureux·ses on ne pourrait que parler du régime Italien de Mussolini en ces termes), mais aussi de régimes ayant pu, ou utilisant des méthodes rattachés au fascisme (après si ça vexe Atatürk et Bolsonaro d'avoir leur régime comparé aux nazis, ben y'a des conneries qu'il fallait pas faire))). (Vous allez voir, toutes ces considérations autour de la création de connaissance et le lien face à une palingénésie toute puissante vont nous être extrêmement utiles plus tard. (Soufflez pas au fond s'il vous plaît, j'ai ce souhait de vouloir étonner les innocents·es)).


Enfin il est une donnée qui est à peine induite dans la définition de Robert Griffin, et qui pourtant est fondamentale dans le fascisme: c'est le contrôle des corps et habitus. En vrai, j'abuse un petit peu en disant que cela n'est même pas induit puisqu'elle n'a pas à être induite; Roger Griffin parle d'une définition minimale, et un fascisme triomphant n'a plus besoin de cette surveillance constante puisqu'il est arrivé à ses fins (avec tout ce que ça implique en horreur). Sauf que: Un idéal politique ne saurait être total, le fascisme en particulier puisqu'il n'aurait plus de légitimité une fois "les ennemis" écartés de son chemin. Sans antagonismes, le fascisme s'éteint par suffocation, comme la flamme d'une bougie sans oxygène. Une fois son antagonisme vaincu (selon ses critères propres), soit il meure par manque de discours; soit il trouve un autre antagonisme... et j'espère ne pas avoir à vous apprendre qu'un régime politique à comme fâcheuse tendance d'essayer de se perpétuer.

Alors le contrôle devrait être attaché à une définition minimale du fascisme, puisque son horizon triomphant n'est que chimère (tout comme beaucoup d'autres horizons totaux d'ailleurs; "la perfection n'est qu'un leurre où seuls·es les puissants·es ont l'espérance de se mirer" ; pourrais-je déclarer si j'avais un tant soit peu de lyrisme au bout de mes doigts (bon ça serait pas radicalement vrai, bien que ça fasse une citation stylée à mettre avec ma tronche en arrière plan)). En fait le contrôle des corps et des pensées est une composante centrale du fascisme; plus ce dernier avance, plus certaines minorités (qu'elles soient ethniques et confessionnelles, relationnels et socio-comportementales, politiques et philosophiques) se trouveront être accusées de tout les maux. Le chômage? C'est l'immigration subsaharienne. Les agressions? Le musulmans·es. Les enfants perdus à l'école? Les homos. Les adolescents·es perdus·es dans un monde hostile? Les personnes trans. La démotivation au travail? Les anarchistes. L'abstention? Les cyniques3 (vous noterez que je donne sciemment des exemples invoqués actuellement médiatiquement parlant). L'idéal fasciste ne peut être atteint puisqu'il se nourrie d'insatisfaction et de boucs émissaires. Qu'importe qui est ce bouc-émissaire, puisqu'il est hors de sa genèse, de son rêve, de sa vérité; et qu'ainsi le bouc-émissaire devient l'ennemi impossible à abattre, puisque s'il se retrouve à effacer de la réalité son bouc émissaire, il s'en trouvera un de nouveau par la capacité d'un système politique à se régénérer quand il se trouve dominant. Et ainsi bouclera la boucle de haine et de violence si on laisse faire. Le fascisme c'est l'obligation de se conformer à un idéel de plus en plus rigoureux, sous peine d'effacement total4.

3 -> Je parles ici de la doctrine philosophique, pas de la notion communément admise (très grossièrement, le Cynisme, en tant que doctrine philosophique est un individualisme politique libertaire (on pourrait presque le qualifier d'anarchisme utopique, même si je penses que de nombreuses personnes ne tomberont pas d'accord avec moi là dessus)).
4->J'espère que vous m'excuserez cette licence poétique, qui se trouve donc légèrement imprécise, mais quand je dis ici "Effacement total" c'est non seulement la peine de mort (qu'elle soit sociale et/ou physique), mais aussi l'effacement de l'histoire de son groupe et de sa personne. Une volonté d'effacement radical concernant l'entièreté du groupe d'individu ciblé.

[Petite note supplémentaire à la relecture, je vois aussi un autre problème à la définition de Griffin: Elle n'exclue pas les états totalitaires communistes; alors que mécaniquement le fascisme est lié au capitalisme. Comme une roue de secours au capitalisme, et comme un moyen de production pour le fascisme.]


Et... c'est après cette explicitation de définition du fascisme qu'on en arrive au TERFisme. Et que vous comprendrez pourquoi j'ai pris autant de temps à tout expliciter à propos du fascisme (bien que je sais que je souffre de nombreuses approximations, mais il se trouve que c'est un article de blog et pas une thèse en philosophie politique). Déjà, rapidement (autant que possible) qu'est-ce donc que les TERF (ou FART)? TERF est pour Trans Exclusionary Radical Feminists (féministes "radicales" excluant les trans) (et FART pour Feminism Apropriating Reactionnary Transphobes (transphobes réactionnaires s'appropriant le féminisme)). Les deux termes seront à entendre de concert ici, puisqu'ils désignent la même chose, qui au départ n'était pas nommé (le terme TERF apparaissant au début des années 2010). Il est important aussi de noter que la plupart des personnes désignées (comme les fascistes) refusent d'être qualifié de la sorte (préférant le plus souvent le dénominatif "Féministes radicales" ou "Critiques du genre" (bien qu'il n'y a rien de radical mis à part le transphobie, et qu'il n'est pas intellectuellement admissible de considérer leurs élucubrations comme étant du ressort de la critique)). Pour faire simple, ce sont des transphobes utilisant les outils théoriques féministes ou se déclarant du féminisme et réussissant à faire illusion... et pour étudier ces mouvement depuis quelques temps, je peux vous assurer que le deuxième cas est plus courant que le premier, rare sont les théoriciennes TERF/FART à maîtriser quoi que ce soit en terme dialectique, Janice Raymond en premier lieu (et paf déjà un taquet gratos). Il est nécessaire d'aller aux débuts de ce mouvement, et pour ça, il faut comprendre le milieu exclusioniste lesbien. Pour simplifier, l'exclusionisme lesbien comprend tout autant le fait d'exclure de son champ intellectuel des mecs cisgenres5 et/ou de sa vie personnelle6. Ces petits groupes communautaires, naturellement insérés dans les communautés LGBTI+, se retrouvent à intéresser certaines franges féministes bourgeoises et blanches (chose que l'on retrouve aussi de nos jours dans nos TERF actuelles). Nous arrivons donc à la fin des années 70, avec des communautés lesbiennes acceptant les personnes trans, et des bourgeoises blanches s'intéressant à ce monde queer et racisé, que pourrait-il donc se passer de désastreux à ce moment alors?


5-> Si vous doutez de la manœuvre, n'hésitez pas à comptabiliser les auteurs que vous pouvez citer, puis après les autrices; et ce particulièrement dans les champs intellectuels et politiques, difficile alors de ne pas y voir une influence patriarcale (surtout que ces champs sont tout aussi riches et prolifiques en se privant des hommes).
6-> Généralement en tant que manœuvre de protection (puisqu'il est compliqué de vivre sereinement avec des dangers statistiques auprès de soi); mais aussi pour fonder de nouvelles modalités de vies ne serait-ce qu'en partie délivrée physiquement de l'impact du patriarcat dans sa vie quotidienne et domestique.





Dans cette image, Mia Moore (la meuf la plus drôle de l'univers) dans toute sa splendeur. Elle se fait embrouiller par un random transphobe sur internet qui sort "Les prédateurs qui vont dans les toilettes pour femmes ou qui sont embauchés comme instituteur.", Mia met une photo en lui demandant "Pensez vous que cette femme est une prédatrice", suite à quoi le mec répond "C'est un Homme". Sauf que la photo qu'elle a mise est une photo de JK Rowling. (j'vous ai déjà dit que Mia Moore était la meuf la plus drôle de l'univers?). Je me suis dit qu'un tant soit peu de légèreté ferait du bien.




Donc qu'est-ce qui pourrait bien arriver à nos communautés lesbiennes acceptant les personnes trans? Et bien, littéralement une frange du féminisme matérialiste bourgeoise et blanche qui se cristallise autour d'un bouquin de Janice Raymond, bouquin nommé The Transexual Empire (tout un programme rien qu'au titre). Alors le bouquin tire sa genèse dans le harcèlement d'une ingé son trans nommée Sandy Stone, engagée dans le collectif de zick Olivia Records, qui pour le coup était dans ces communautés exclusionistes lesbiennes, harcèlement opéré par Janice Raymond. En gros, elle envoyait des lettres. Des lettres en continue. Et il se trouve qu'Olivia Records en avait absolument rien à péter au début, puisque... ben il se trouve que le collectif fonctionnait de manière saine et prenait pas au sérieux les écrits minables d'une bourgeoise transphobe au sérieux. Il se trouve que, frustrée par la non réponse, ces lettres deviennent alors un pamphlet dans un fanzine; pamphlet trouvant des échos de manière marginale, et fanzine qui devient quelques années ce livre The Transexual Empire. Cet écho qui fini par créer des collectifs anti trans qui, entre autres, traquent les déplacements d'Olivia Records pour butter cette Sandy Stone... parce que? heu... I friggin dunno? Cet écho n'a pas concerné qu'Olivia Records, puisqu'il y'a eu à cette période des tabassage pur et dur des femmes trans et de personnes voulant les protéger. Au final, vue le danger que signifiait ces groupes anti-trans, les orgas se trouvent à désarmer ces groupes, des orgas lesbiennes se créent pour protéger les meufs trans de ces attaques ciblées... mais petit à petit la pression se fait tellement forte que les personnes trans disparaissent, et du coup l'érection de cette bible TERF qu'est The Transexual Empire d'où découle encore maintenant le complotisme transphobe. Avec en parallèle l'épidémie de SIDA (qui a fait des ravages dans les communautés trans); avec en parallèle aussi l'établissement du Blanchardisme en tant que psychiatrisation des transidentités (oui j'ai mis un lien wikipédia parce que j'suis une flemmarde mais j'ai fait une émission qui en parle plus en détail); et enfin les lois transphobes découlant généralement des législations homophobes; tout ça a entériné la disparition des personnes trans de l'espace publique. Et ainsi disparaît petit à petit ce mouvement TERF qui n'a pas encore vraiment de nom puisqu'il a atteint son objectif: Ne plus voir de personnes trans. (j'sens qu'on va m'faire chier là, donc prend des sources en anglais dans les gencives PEW PEW PEW ).


°deep breath°


Arrivent alors les années 90/2000; avec les mouvements LGBTI+ commençant à engranger quelques succès, mais aussi l'arrivée du féminisme intersectionnel accordant l’académisme à des thèses théoriques et politiques des années 60 et 70 (et aussi beaucoup de productions intellectuelles originels de ces années, évidemment). On se remet à songer sérieusement à tout ça, et ce contexte plus favorable nous permet alors de revenir petit à petit dans l'espace publique et politique, en étant ouvertement trans. Et il se trouve que la transphobie existe toujours, et que donc ces groupes TERF réapparaissent. Petit à petit étudié, puisque de plus en plus actifs dans l'espace publique. Ah oui c'est à la fin de cet époque, en 2008, à force d'étudier ces groupes que le terme TERF apparaît, terme dont on rattache la création à Viv Smythe.

Attend attend là on est à la fin des années 2000, mais c'est y'a plus de 10 ans. Les choses ont bougé, puisque le groupe politique s'est crédibilisé, trouvant écho dans les médias grand publiques, et trouvant des financements auprès de groupes fascistes et traditionalistes (et là des sources traduites en français PEW PEW et même une émission de plus de 5 heure que j'ai faite récemment PEW). Voilà là où on en est, avec un groupe biberonné de pognon, soit directement par ses membres (dont beaucoup sont issus de la bourgeoisie) soit directement des lobbys fascistes. On en est à des groupes pouvant s'organiser pour parasiter, voire recouvrir, l'intégralité du débat publique au sujet des transidentités, de l'aspect médiatique jusqu'au pouvoir pouvoir législatif. Bref, un groupe de pression politique n'ayant pas besoin de base populaire s'est formé.


Et comme on peut le voir, ce groupe est proche, voire analogue, aux groupes fascistes. Alors on a des sources, on a des explications sur cette radicalisation; de "simple" transphobie politique à volonté génocidaire (avec les conséquences sur le droit commun qu'on peut constater, pour un exemple très visible, aux états-unis avec le retour de la pénalisation de l'avortement (si on me dit qu'il n'y a aucun lien entre les deux, je ne saurais que trop conseiller d'aller voir les sources que j'ai données, ainsi que les similarités entre les textes anti-trans et anti-avortement)). Alors, pour comprendre le motif, comment s'est développé cette idéologie, il faut déjà avoir quelques concepts en main.

Déjà, je ne penses pas que ça soit neuf pour beaucoup de monde, on a une société divisée en groupes sociaux. Ça va? Vous êtes pas tombé·e de votre siège? Et il se trouve que y'a des groupes dominants. Non mais merci Fabiengue, la bourgeoisie et le prolétariat on connaît. Vroumvroum saucisse à toi aussi ouais. Bon très bien, alors dans ces groupes sociaux y'a les personnes transgenres, qui se trouvent discriminées par les personnes cisgenres. Oui parce qu'être des motifs de ""blagues"" dans les films, être une des catégories les plus recherchées sur les site pornographiques et savoir que beaucoup de personnes s'intéressent à ce qu'il se passe entre mes cuisse pour savoir comment me considérer socialement parlant; c'est pas ce que j'appelle être particulièrement favorisée. Et bon quand on regarde mon groupe social en terme de possibilité d'expression, globalement on n'a pas une thune et le peu de blé qu'on a on le file à celles et ceux qui sont encore plus dans la merde, on a quelques universitaires; et quelques chercheurs·euses qui se penchent sur notre condition en s'intéressant réellement à nos conditions de vie (non je parle pas de conneries comme l'Observatoire de la Petite Sirène ou Ypomoni, d'ailleurs, j'ai une longue liste de questions qui n'a toujours pas eu de réponses convenables même si j'ai pu rapidement parler avec une des fondatrices de ce groupe de pression transphobe) Bref, il faut déjà capter que les personnes transgenres sont discriminées dans une société cisnormative. J'en reviens pas de devoir dire une telle évidence, mais c'est ainsi, si vous pensez autrement, alors vous êtes suffisamment transphobes pour vous opposer aux mesures sociologiques sur le sujet.

Je me sens obligée de l'expliquer, puisque le Terfisme est capable de conceptualiser des logiques comme le lobby transgenre. Le Terfisme est capable aussi de déterminer que les femmes trans qui vont dans les toilettes pour femmes augmentent tellement les agression dans les toilettes qu'il faudrait des gardes armés dans les toilettes; alors que les études montrent la corrélation inverse, plus les paniques morales autour de l'accès aux toilettes sont présentes, plus des femmes trans se font agressées... et aussi des femmes cis ne correspondant pas aux stéréotypes de genre (et encore plus les femmes racisées (avec une surreprésentation des femmes noires)). On peut qualifier ceci d'inversion accusatoire: En dépit de toute forme de bon sens, on accuse le sujet de ce qu'il subit, la saturation discursives faisant le reste. Si l'opinion publique est convaincue de l'inversion, alors nous pourrons toujours faire valoriser ce qu'il en est de nos vies, personne n'arrivera à nous croire. Et c'est ainsi que je coche une case de mon bingo sur ma grille de descriptif du fascisme.


Ensuite il est important de comprendre le vertige conceptuel. C'est à dire que l'on t'apprend quelque chose de considéré comme fondamental, que la société est coupée entre deux classes sociales; les hommes et les femmes, auxquels sont rattachés des traits (physiques, mais aussi comportementaux); que ça se décrète en fonction de ce qu'il se passe entre les jambes des bébés (quitte à imposer des traitements hormonaux et des chirurgies aux enfants intersexes); et qu'il est impossible qu'il en soit autrement... Si vous en êtes là, alors vous allez avoir un sacré vertige conceptuel.

Maintenant, on arrête avec les conneries et on va dans la vraie vie du coup. Ce que je vous ais expliqué là, est le principe d'assignation à la naissance, c'est à dire qu'on nous assigne au groupe "homme" ou "femme", qui se trouve être un critère d'identification très profond (suffisamment profond pour qu'on comprenne les différences genrées vers 3 ans). Il est évidemment possible de se sortir des représentation de cette identification, en subissant probablement des violences si l'on passe outre le modèle de cette assignation. Évidemment ce principe comprend que plus de la moitié de la population se retrouve à être opprimée par l'autre petite moitié ("La femme est la prolétaire de l'homme" comme l'a fait écrire Jenny Marx à son mec). Et bien il se trouve qu'absolument rien n'interdit, conceptuellement, (et comme on le constate aussi dans la vie quand on est transgenre avant même d'avoir ces éléments en main) que ce qui a été décidé en terme de prédéterminant caractéristique social peut être fondamentalement contredit. Soit en se dirigent vers l'autre genre assigné à la naissance, soit vers une autre conceptualisation genrée. 
 
Et il se trouve qu'il est plus raisonnable de penser que ce que disent les personnes d'elles-mêmes, concernant leur identité, est la vérité; qu'une identification à la naissance qui semble, non seulement fantaisiste quand les années passent, mais en plus extrêmement violente dans les faits. Je penses que vous auriez peu de respect pour moi si j'insistais lourdement pour vous dire qui vous êtes; alors il serait de bon ton, si vous souhaitez ne pas perdre le respect que j'ai de base pour vous, que vous ne fassiez pas de même pour n'est-il point? Peut-être même que si on était très nombreux·ses à nier votre identité, qui vous savez être, nous ne vous sentiriez pas très bien. Voire même que vous vous mettiez à ne plus vous supporter vous même, que ça soit physiquement ou personnellement. Bref, là je viens d'essayer de vous placer dans ma peau. Imaginez que pour moi, et pour de nombreuses autres personnes, ce n'est pas l'espace de trois lignes que c'est vécu, mais au quotidien tant qu'on n'a pas atteint l'apparence que vous attendez de nous selon notre identité (quand cela est même possible)... Bon, je penses pas que c'est des plus probants, mais au moins j'aurais essayé de faire comprendre de manière didactique ce que c'est que d'être transgenre (en tout cas, de mon point de vue, et assez proche de la manière dont je le vies) d'un point de vue social; et peut-être même aider à ce que vous soyez plus conscients·es et que vous soyez plus en phases avec vous-même si vous êtes cisgenres. Si vous niez le paragraphe précédent et préférez vous référer uniquement à une identification sociale erratique décidé à la naissance, vous niez l'anthropologie, une bonne partie des textes féministes matérialistes et la quasi intégralité de ce qu'il se produit en terme de féminisme intersectionnel.
 
Vous pouvez très bien le faire hein, mais il se peut que vous passiez pour quelqu'un de rétrograde ou pour quelqu'un de franchement pas sérieux d'un point de vue politique (confusionniste on dira) puisque ce que je vous ai dit ne semble pas faire débat dès que les termes sont un tant soit peu posé. C'est d'ailleurs un motif récurrent chez les TERF, éluder littéralement la question de la construction du genre ; même quand l'apprentissage du genre est brillamment conceptualisé (Delphy, celle-là je te la dédies, j'aurais tellement aimé ne pas pouvoir en déduire que la vieillesse est un naufrage chez toi).


Je me dois de le préciser, puisque pour les TERF, apparemment les femmes sont des femelles. Et je ne fais que citer Marguerite Stern.
 
Une capture d'écran de Marguerite Stern sur twitter qui dit: "Je regrette d'être si souvent mal comprise. Lisez mes contenus au lieu d'écouter les rumeurs. Je ne fais que dire que les femmes sont des femelles. Cela n'a rien de transphobe, c'est juste un fait. Je ne nie par l'existence des personnes trans, je ne souhaites pas qu'elles aient moins de droit. Je dit juste que jamais un homme ne pourra devenir une femme et vice versa, peu importe le ressenti de la personne. Un ressenti personnel ne peut être érigé en argument politique."

Audacieux, n'est-ce pas? Bon on pourrait lui répondre que le droit à l'autodétermination est un droit fondamental des être humains. On pourra aussi lui rétorquer que le genre, en tant que construction de l'identité sociale n'est pas quelque chose qui ne saurait être réduit à une décision produite lors de la naissance par des critères biologiques apparaissant à la naissance ; mais personnellement je préférerais produire une analyse basique du discours. Puisqu'ici, on a affaire à une naturalisation conceptuelle. C'est à dire procéder à une réduction au "bon sens" du propos, anéantir le contre discours en prétendant que les concepts sont trop simples et "naturels", même quand de nombreux éléments viennent nous démontrer l'inverse. Dans les exemples de ce type dans un style inacceptable socialement parlant dans la plupart des cercles sociaux, on peut citer les hiérarchies raciales chez l'humain pour expliquer des "retards technologiques"7 entre les sociétés. Et en attendant moi je coche une autre case sur mon bingo du discours fasciste.


7-> Plus jeune, je n'aurais jamais du devoir expliciter ça... La technique n'est pas une ligne droite ou un arbre de compétence que l'on débloque comme quand on joue à Civilization. La technique répond à des besoin en utilisant des moyens. Ni plus ni moins (logiquie qui implique aussi un devoir compensation des sociétés colonisatrices envers les sociétés colonisées; bien que je ne développerai pas plus cette idée parce que ce n'est pas notre sujet présentement, et qu'en plus je ne serais sans doute pas très pertinente sur le sujet).


Enfin, il aurait été possible de continuer comme ça pendant des heures, mais j'ai bon espoir de pouvoir terminer et publier ce billet un jour (au pire, si je me sens inspirée et que ce billet se retrouve à être bien plus lu que ce à quoi je m'attends, je l'étofferait peut-être un poil plus). Donc on va s'intéresser à quelque chose auquel il faut toujours s'intéresser quand on s'intéresse à des courants politiques, et c'est à "Qui se joint à notre discours, et où est-il produit". Bon j'imagine que vous aurez pas aller à chercher loin pour moi; pour capter que je fais partie de la petite bourgeoisie intellectuelle déclassée (je pars du principe que vous êtes un poil extralucides et que vous me lisez quand je me plains de mon AAH et de mon appartement pourri et mal placé) et mes potes à la compote, j'ai pas l'impression que c'est des gens compliqués à trouver aussi (indice quand même, le gros de notre symbolisme est noir de notre colère et rouge de notre sang). Pour ce qui est de la classe sociale des TERF médiatisées, je ne penses pas m'aventurer si loin que ça, en disant qu'iels viennent globalement de la bourgeoisie, voire de la haute bourgeoisie. Non pas pour des considérations très techniques, mais je ne connais pas énormément de classes sociales ayant le temps et la possibilité technique de faire un lobbying efficace auprès de toute une profession ainsi que sur l'assemblée nationale (et ne venez pas me dire que ça n'a pas été efficace, durant cette session parlementaire quasiment tout les débats étaient autour des thérapies de conversion contre les transidentités). Mais du coup, qui se joint et/ou produit ce discours transphobe? Bon si vous avez fait gaffe, j'ai mi un lien très récemment, et il se trouve que dans cet "Observatoire" qu'on va prendre comme exemple, on y trouve: Des psychanalystes, des professeurs n'ayant aucune expertise sur ce sujet, des anciens·nes de la manif pour tous; de la grande bourgeoisie à perte de vue ainsi que des conservateurs·ices. Pour les observatoires auto-déclaré c'est souvent le cas (j'ai encore des souvenirs émus de l'observatoire du décolonialisme qui atteignait des sommets de honte (d'ailleurs si quelqu'un à des nouvelles de ce furoncle je suis preneuse)). Bon pour d'autres exemples on peut prendre Pétunia Sterf qui sympathise fortement avec Julien Rochedy (un parangon de masculinisme claqué); et on peut prendre aussi Ypomoni qui arrive tout autant à se faire inviter par radio libertaire (dans une émission qui se trouve être habituée aux gros burns transphobes (oui on parle bien de Radio Libertaire et pas de radio facho)), qu'à faire de la pub, quelques temps plus tard, à une émission sur une chaîne Youtube nommée Livre Noir, parce qu'elle rejoignait leurs opinions (si vous connaissez pas Livre Noir... c'est littéralement une chaîne de propagande d'extrême droite avec tout le gratin de la fachosphère qui y est invité). Bref, il n'y a pas à chercher loin pour voir qu'en terme de discours et de soutient, le Terfisme est aisément rejoint par le fascisme, ainsi que par une large frange confusioniste de la gauche.

Parce que oui, le Terfisme vient de sphères féministes, et les sphères féministes sont naturellement plus proche des socialismes que de toute autre doctrine politique (couramment les sociaux-démocrates pour les féminismes les plus mainstream, qui souvent s'inspirent de personnes bien plus proches des anarchismes ou des marxismes/post-marxismes). Alors du coup comment est à considérer le Terfisme? Et bien... par une théorie du complot parfaitement entendable par le grand publique et ce sans beaucoup de préparation préalable. 
 
°Deep breath°

Alors la fenêtre d'Overtone hein. J'vais pas expliquer précisément ce que c'est, mais grosso modo, c'est le champ des idées aisément entendable par le grand publique. Il faut imaginer une espèce de fourchette idéologique grand publique, et cette fourchette peut-être déplacée progressivement en offrant des discours sur ses marges, voire proches de ses marges. Et en répétant, petit à petit on parvient à déplacer la fourchette de l'entendable. Avec, comme exemple notable de ces derniers temps, la théorie du grand remplacement... évidemment il aurait été compliqué de la présenter comme elle est (c'est à dire une justification de la déportation raciale systématique), donc on tire d'abord sur les ficelles de l'acceptable racisme pour pouvoir finir par installer le concept.

Et bien dans ce paysage à propos des Terferies, ce déplacement de la fenêtre d'Overtone se procède par la ""prudence épistémique8"". Même si cela n'est pas nécessaires, je souhaite aller dans la problématique fondamentale de cette invocation. Si vous consultez le concept sur internet, vous trouverez assez rapidement qu'il est invoqué, soit par des praticiens de la pseudoscience partant du principe qu'avoir une méthode du doute universel est faire preuve de scientificité absolu sur tout les domaines (coucou Acermonfiak) soit par des théoriciens·nes du complot directement. Pourtant il part d'une intension très louable: Douter autant que possible des informations que l'on a. Sauf que, si cela a conduit à plusieurs cul de sacs conceptuels en philosophie. Et c'est à mon sens, parce que cette logique Hyper-Critique ne tient pas compte d'un fait: Nous sommes des entités construites dans le temps, avec des déterminants; mais aussi avec des objectifs et des aspirations. Et si l'on se met à remettre tout en cause méthodiquement, nous revenons alors à un creux épistémique, ce creux ne pouvant plus être comblé que par nos valeurs refuges, nos présuppositions et nos volontés politiques... avec en plus une pseudo-certitude scientifique, ce qui je vous l'avoues, me laisse pantoise. Je ne dis pas qu'il est mal de douter, voir de faire porter son doute très loin, mais à un moment il est nécessaire d'accepter qu'on ne peut accéder, seul·e avec ses petits poings crispés, à une vérité acceptable sur le plan intellectuel en fonction de nos domaines de connaissances. Par exemple, remettre en cause le fait que ce qui ressemble à une tranche de Chorizo sur un fond noir, quand on a de faibles connaissances en astronomie et en optique, semble particulièrement aventureux, surtout quand ladite image vient de quelqu'un faisant autorité dans le domaine (et il se trouve qu'Etienne Klein, particulièrement taquin et voulant prouver l'effet de l'autorité scientifique, a bel et bien pris en photo une tranche de Chorizo (le tout en disant après "Mais MDR je voulais vous apprendre l'esprit critique" (ça marche pas comme ça Etienne...))).

8-> Grosso merdo la posture de remise en doute de l'intégralité des données ainsi que des conclusions générale. Pas nécessairement pour les nier, mais à minima pour les mettre à l'épreuve.

Alors, si j'ai pas parlé directement des TERFs au paragraphe, c'est que leurs exemples me semblent bidons; mais effectivement, quand elles t’annoncent que l'étude de Lisa Littman a prouvé que °tire un petit papier dans un chapeau melon° les militants·es trans rendraient nos chères petites blondes trans à cause des réseaux sociaux et que tu n'as pas fouillé le sujet; cela semble effectivement crédible. On peut donc considérer qu'elles font preuve d'hyper-critique en se basant sur une étude, apparemment, révolutionnaire et qu'en plus ça serait crédible. Tout simplement crédible parce que c'est des personnes qui ont un doctorat en psychiatrie qui le déclarent; et que dans l'idée commune les transidentités sont encore du ressort de la psychiatrie (ce qui est d'une énorme connerie mais je ne peux pas me permettre de détricoter ça ici, ça prendrait trop de temps dans un billet déjà très touffu). Et du coup tu vas, logiquement, pas faire ce qu'il fallait faire dans le cas là, c'est à dire remettre en doute la source donnée ainsi que le sérieux des personnes qui l'amènent. Déjà, mettre en parallèle les compétences invoquées de manière sous-jacentes ici. C'est à dire qu'il s'agit de comprendre les interactions d'un groupe social en liens avec un autre groupe social (donc, ici, hypothétiquement, les personnes trans qui communiquent avec les ados). Il se trouve que Littman n'est pas sociologue, pour le coup même si c'est possible qu'elle publie une étude sérieuse, il se peut plus probablement que ça soit une étude foireuse. A ce moment, il lui faut un axe, une hypothèse (donc là qu'on rendrait les ados trans en communiquant avec par les réseaux sociaux), et pour le coup il faut voir du côté des études similaires, et là vient le premier gros problème puisqu'aucunes de ces études corrobore une hypothèse de ce type. Et c'est là du coup qu'on se retrouve à devoir éplucher le tout pour comprendre comment elle en est arrivée là; et tout simplement pour une des erreurs les plus courantes dans les études sociales qui est le biais d’échantillonnage. Non parce que Lisa Littman ne va pas demander directement aux ados, mais elle va demander aux parents (ce qui... se fait il me semble, mais c'est pas pour autant que c'est une bonne idée), mais elle va pas demander à n'importe quels parents; elle va recruter sur Moms.net. Et si vous connaissez pas Moms.net, c'est un des gros lieux du Terfisme anglo-saxon, où les darons·nes s'entre persuadent que si leurs enfants sont trans c'est à cause d'un complot; pour donner un ordre d'idée, c'est un peu comme faire une étude sur l'impression d'existence du grand remplancement en recrutant ses sondés·es sur le chat de Sardoche, alors que ce dernier a directement fait la promotion de Renaud Camus (le théoricien qui a monté cette théorie fumeuse) sur son stream. 
 
Donc, si on résume ce qu'il se passe avec Ypomoni (pour revenir à ce groupe qui, décidément sous ma plume se retrouve à être fortement tourné en ridicule), des doctorants·es en psychiatrie (et qui se trouve pratiquer la psychanalyse), utilisent une étude sociologique réalisée par une autre docteure en psychiatrie, qui se trouve avoir recruté ses sondés·es sur un site complotiste à propos du sujet d'étude (étude qui a depuis été retoquée, refaite sérieusement (et du coup se retrouve à corroborer avec les autres études de ce type) et Lisa Littman ne s'en remet toujours pas d'avoir été renvoyée pour ça), le tout du coup en se posant une question de l'ordre de la sociologie; tout ça pour psychiatriser les personnes trans, permettre les thérapies de conversion (qui n'ont jamais prouvé leur efficacité, sauf pour drastiquement augmenter les suicides chez les personnes trans), et justifier intrinsèquement le non accès aux médias grands publiques aux personnes trans.

 
 
 
Ça ne fait aucun sens? Ben oui, c'est un complotisme qui s'habille de science. Et cette méthodologie de l'étouffement par le trop grand nombre d'informations à digérer et analyser est systématiquement fait par les TERFs (qui elleux même ne font pas). Qu'importe la vérité, tant que les apparences sont sauvées; seule leur réalité compte. De plus, cette pseudo-scientificité réclame beaucoup de temps et de travail à être détricoté, puisque, de prime abord, tout le monde à l'air sérieux. Et vue qu'il se trouve des personnes détricotant ces discours, que ça soit scientifiquement ou par des textes théoriques, alors il faut pouvoir justifier de leur crédibilité plus basse; donc créer l'idée d'un lobby trans. Mais du coup, ce lobby trans qui ne trouve sa trace que dans les textes TERF et Gender Criticals, il faut pouvoir justifier de sa discrétion et son manque de traces matérielles, pourquoi ne les voit-on pas? Et bien il est nécessaire alors d'établir un grand complot pour décrire certaines personnalités puissantes comme étant trans et le cachant du grand publique. Mais il manque un motif alors quel serait le but? Alors il s'agit d'établir d'autres théories farfelues et dangereuses, qui n'est corroborées par absolument rien, comme les paniques morales autour des WC. Et du coup les théoriciens·nes ne sont plus pris·es au sérieux que de manière très marginale alors il faut une théorie pour expliquer cet isolement intellectuel; surtout quand on vient à la base de milieux intellectuels proches des socialismes (qui pour le coup se retrouvent particulièrement repris de partout, tout comme les milieux intellectuels libéraux). Et pourquoi se fatiguer quand le fascisme offre déjà, clé en main, les théories pouvant expliquer l'isolement intellectuel, comme le complot judéo-maçonnique
 
Alors là, je cite le parcours des plus hardcores, toutes les TERF ne vont pas jusque là, beaucoup s'arrêtent en cours de route, plutôt que d'aller trop loin dans ce type de spirales, et se disent juste "Les choses sont comme ça et je n'aurai pas d'explication"; mais pour le coup c'est un type de chemin totalement classiques pour les fascistes. Et même le parallèle se trouve être parfait, puisque nombres de fascistes acceptent de s'arrêter au cours de ce type de routes.





Donc vous m'excuserez, mais, au vue de tout ces éléments, je ne peux que considérer le Terfisme comme un fascisme. Fascisme qui a comme particularité de faire valoir le contrôle des corps et habitus, plutôt que d'avoir un quelconque projet. Mais à part cette problématique de l'objectif introuvable, il n'y a rien à mon sens qui puisse distinguer ce mouvement intellectuel du fascisme. 
 
Ah si... si l'objectif est introuvable est qu'il est quasi inavouable. Il est génocidaire: La disparition totale pure et dure des personnes trans, qu'importe les conséquences.


 
 
 
Et vous ça va? Vous passez une bonne journée? Non moi ma journée pue la merde, mais bon, j'ai bon espoir de survivre un jour de plus.

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