Débunk du documentaire "Trans Mauvais Genre: chapitre1 une épidémie mondiale" de Sophie Robert (partie 2 sur 8)
[CW: Mention de violences sociales, de discriminations lgbtiphobes et d'agressions, transphobie (évidemment ._.).]
-La partie 1 là
-La partie 3 ici
-La partie 4 en ces lieux
-La partie 7, qu'on m'apporte un café je vous en conjure
-La partie 8 je deviendre le joker
C'est la partie 2. Je sais, vous avez vu le titre, et moi aussi, puisque je l'ai écrit. C'est le principe même d'un titre, c'est de donner une indication sur le contenu du texte. Alors effectivement, on pourrait parler du principe du titre, du rôle du chapeau des articles, voire faire une étude syntaxo-morphologique de l'intérêt de la forme dans un tout très méta-textuel (et ça me plairait beaucoup à faire, bien que je ne sois absolument pas une spécialiste là dedans). Aussi, je pourrais parler de pourquoi ça a mis des gigas plombes à arriver parce que je suis en période dépressive (ptdr) donc je sais à peine quand je me réveille, je sais pas quand j'vais me coucher, et j'ai une capacité de concentration absolument famélique. En gros, j'ai plus d'une semaine de retard à la promesse que je m'étais faite à moi-même (après ça ne regarde que moi). BREFLE, tout ça pour dire que je n'aurais pas pu faire plus ni plus vite.
Pour cette partie, je tenais à plus particulièrement remercier Maddy qui m'a beaucoup aidée sur la correction de cette partie (certaines parties ont même été réécrite par elle (et j'ai choisi de publier ses versions parce qu'elles me semblaient plus pertinentes que les miennes)). La plupart du temps, j'ai pu les faire fondre dans le texte, mais sachez qu'elle l'a beaucoup influencé.
Et en guise de préambule, je souhaitais malgré tout adresser un message de la part du peuple romain antique de Rome Total War à Sophie Robert (oui parce que quand je patines dans la vie, je ressors mes vieilleries des cartons) qui résume parfaitement tout le mépris que je lui porte.
Eh oui, ça vient bien de cette vieillerie vidéoludique, et on y lit que "La plèbe vous déteste. Et pas seulement vous, elle déteste aussi vos amis. Ainsi que les amis de vos amis. Et leurs animaux domestiques, leurs esclaves, leurs serviteurs. Eh oui, c'est à ce point là."
7.43 jusqu’à 16.45 (oui j'écris des tartines pour peu de temps de docu, je sais)
7.43 [Après avoir déclaré
avoir demandé au groupe Mermaids “Comment identifier les personnes
trans ?” il est montré une phrase qui se trouve sur le site de
Mermaids pour répondre à leur question: “Nombreux sont les
enfants et les jeunes qui ne s’identifient pas aux “rôle
traditionnels” de la société.”] “Les féministes
combattent les rôles traditionnels de la société sans pour autant
être des hommes.”
Vous n’avez pas demandé à Mermaids, contrairement à ce qui est
dit dans le film. Vous êtes allés·es consulter leur site et c’est ce
qui est montré. De deux, arriver en disant “Banjour, comment
pourrait-on aisément identifier une population lourdement
discriminée ?”, il est fort probable qu’on vous aie quelque peu
envoyé bouler. Il n’y a pas de radar, pas de 6ème sens ou quoi
que ce soit qui permette d’identifier une personne trans.
D’ailleurs, je peux dire assez aisément qu’il est très
fortement probable que vous connaissiez plusieurs personnes trans, et
ce sans le savoir (on est des p’tites bébêtes souvent assez
discrètes, question de sérénité hein). Et enfin, la petite phrase
sur le féminisme… alors y’aurait de quoi écrire des thèses sur
cette phrase, qui veut dire énormément de choses, mais pour comprendre pourquoi elle a été énoncée à ce moment, il faut comprendre deux/trois petites choses.
Il
y a de nombreux groupes qui mettent en place une rhétorique
anti-trans en France :
- D’abord, la droite réactionnaire (LMPT, Reconquête et République
Souveraine) : ils prônent un retour à l’ordre moral, mis en péril
par le "wokisme" et la “théorie du genre”. S’ils acceptent
partiellement l’homosexualité, c’est pour mieux la renvoyer à
l’abri du foyer et dans un cadre ne remettant en aucun cas en cause l'hétéro-normativité, là où celle-ci ne fait pas de dégâts. Le gros de leur focale se fait sur l'apparition des personnes s'inscrivant hors de l'hétéronormativité et de la cisnormativité. Comme par exemple, les discours absolument ahurissants pendant la Manif Pour Tous, à base de "ça ne me pose aucun problème, tant que c'est dans le cadre personnel et que ça ne remet pas en cause des institutions"; ces rhétoriques qui aussi s'attaqueront à la représentation lgbti+ dans les champs culturels. Si vous recherchez la source des paniques morales autour des représentations variées, c'est généralement depuis ces milieux qu'on les retrouvera. D'ailleurs, si les groupes cités ici sont aussi reconnus pour leur discours racistes, ça n'est pas innocent. Leur discours autour de la famille réside aussi dans une mise en avant de la cis-hétéronormativité blanche dans un but nataliste raciste peu caché. Cela se marie parfaitement avec des discours fascistes tels que la théorie du grand remplacement et autour de la terreur de ces groupes réactionnaires de voir la race blanche disparaître... Ah mais je n'ai pas dit que ça faisait sens, je vous demande pas d'essayer de comprendre les cheminements homophobes et fascistes; je ne fais que vous les exposer.
- On
pourrait y rattacher un autre groupe, celui des “parents inquiets”.
Ypomoni (et par corollaire l’Observatoire de la petite sirène),
mettent en œuvre des éléments de langage (“mouvement sectaire”,
“contagion sociale”, “mutilation du corps”) pour attirer à
eux la sympathie des médias, particulièrement sensibles à
l’agitation des paniques morales. Moins susceptibles d’être
taxés de fascisme, leur propagande se concentre sur les groupes
institutionnels (les groupes parlementaires, l’ordre des médecins). Généralement, leur champ d'action leur confère une relative discrétion, puisqu'iels souhaitent s'attaquer bien plus aux institutions (par ouvrage de lobbying) que par politique publique. Ces groupements auront bien plus tendance à faire pression directement sur les autorités (plus particulièrement les personnels de santé et éducatifs) qu'à essayer de convaincre le publique directement.
- Et
enfin ceux qu’on peut qualifier de TERF, comme l’Amazone,
certaines antennes d’OLF, et les éléments individuels comme Dora
Moutot et Marguerite Stern ; la plupart venant d'abord de l'abolitionnisme prostitutionnel. Leur propagande reprend les mêmes
rhétoriques qui ont cours outre-atlantique et outre-manche, et si
elle recoupe les éléments de langage des autres groupes anti-trans,
certains lui sont spécifiques, notamment le fait que les femmes
trans ne peuvent pas être féministes, et que les hommes trans sont
des traitres à la classe des femmes. Des liens assez directs sont aussi à faire à des groupes aux groupes écologistes radicaux comme Deep Green Resistance, par le biais de l'anti-transhumanisme radical (lien qui peut aussi être fait avec les groupes de "parents inquiets" par l'hostilité à la vaccination, mais là c'est uniquement pour les parents antivaxx). On y trouvera souvent les discours les plus absurdement intellectualisant sur l'hostilité à la transidentité, et c'est une réelle usine idéologique pour les autres groupes étant nettement plus influents politiquement parlant.
La
méthode d’action d’Ypomoni (et les
groupes construits sur le même modèle opératoire)
est d’attirer à elleux des parents inquiets et peu informé·es
sur le sujet, et de les attirer dans des groupes d’entraide
parentale parfaitement fasciste. Entre conseils pour faire des
thérapies de conversion à la maison, et échange de théories
complotistes à propos des personnes trans, ces groupes sont un
terreau très fertile à la maltraitance infantile (je vous conseille
pour en savoir plus sur ce sujet la série documentaire Inside a Cult– Gender Critical en 3 partie de Caelan Conrad). Et le documenteure dirigé par Sophie Robert est un très bon
représentant de document de fanatisation des parents, pour les
transformer en parfaits fascistes domestiques.
Mais
quand même, y’a un petit truc qui me chatouille encore. POURQUOI
CET ENCHAINEMENT??? Pourquoi déclarer avoir posé une question au
groupe Mermaids, pour ne pas exposer de réponses mais une phrase
sans lien réel avec la question ; pour ensuite dériver sur le
féminisme derrière. Surtout que, force est de constater que les
milieux féministes sont de plus en plus proches des personnes trans (les groupes féministes qui ont un militantisme concret hein, pas les groupes dont l'action se résume à chasser les personnes transgenres).
La proximité a d’ailleurs toujours été là (il n’y a qu’à
voir ce qu’a été le séparatisme lesbien),
puisque, je vais vous l’apprendre mais le combat pour les droits
des personnes trans est en parfait lien avec les combats féministes
; et les quelques penseuses qui théorisent encore aujourd’hui
l’exclusion des personnes trans des combats féministes sont soit
absolument pas prises en compte, soit l’occasion de débats
extrêmement gênants où seul ce qui est pertinent est gardé (généralement, le démontage pur et dur de la théorisation anti-trans de ladite autrice). Mais
pour le coup, je ne comprends toujours pas l’enchaînement de ce
propos, qui tente sans doute de faire des rapprochement malhonnêtes. Littéralement, cette phrase démontre une parfaite méconnaissance des débats féministes de ces dernières décennies (si on veut être sympa, on dira des 30 dernières années, mais si je confiais le fond de ma pensée, je dirais des 50 dernières années).
7.51 “Lorsque les stéréotypes nous emprisonnent, faut-il les remettre en question ou bien mutiler son corps pour le faire correspondre aux stéréotypes de l’autre sexe.”
C’est la dialectique du faux dilemme ça, je
reconnais. Littéralement, quand une problématique est posée de
cette manière, pour des choses qui sont pourtant pratiquées ; alors
c’est qu’au moins une des prémisses est fausse. Puisque, pour y répondre il faut soit admettre que les gens sont cons, soit avoir une explication difficilement réfutable de l'habitus (habitus: ici, on parle du comportement social) présenté, soit il faut combler les trous avec des théories du complot (ne pouvant que finir en un galimatias de théories se comblant les unes les autres).
Et ici, c’est tout l’énoncé qui est foireux. Évidemment, la question des stéréotypes de genre est omniprésente pour les personnes trans. Si nous devons y souscrire pour éviter la violence en début de transition, nous n’y adhérons pas plus que les personnes cis (de manière peu surprenante nous y adhérons même moins). Avant d’avoir une apparence qui nous convienne (si cela est nécessaire évidemment), nous devons vivre de longues années à devoir accepter ce qui nous a été rendu inacceptable. Si vous voulez, pour faire comprendre un peu ma dysphorie de genre (à savoir que la façon dont elle agit sur nous n’est pas identique entre toutes les personnes trans), imaginez l’impression que mon corps est un fantôme, avec certains morceaux qui disparaissent par moment; et cette personne dans le miroir qui n’est pas réellement reconnaissable (c’est une réaction psychique qu’on nomme la dépersonnalisation) ; et aussi dans la rue, quand des inconnus viennent me parler et me disent “Bonjour monsieur”, entendu littéralement comme si je me faisais cracher à la gueule. Voilà, j’ai pas beaucoup plus de mots à mettre là dessus, je vous le confesse, mais mes besoins de changements physiques sont à milles lieux de mes convictions, et il m’est nécessaire de vivre le temps que les choses se fassent. Donc oui, j’suis une meuf, même s’il faut encore que je me rase couramment le visage. Si ça c’est pas remettre en question les stéréotypes de genre, d'un point de vue très pratique, je sais pas ce qu’il vous faut.
Pour ce qui est de dire “mutiler”
pour parler de chirurgie de réassignation… il est tout autant
pertinent d’en parler en ces termes, que de parler de
l’appendicectomie comme étant une mutilation… J’en tombe des
nues de devoir dire ça, puisque pour moi cela relève de l’évidence
même, mais la qualité des chirurgies de réassignation dépend bien
plus des opinions politiques des chirurgiens·nes que de tout autre
choses. Le principe est généralement très simple : réutiliser des
parties du corps et réutiliser les nerfs déjà présents pour
reconstruire des parties génitales. C’est tout, rien de magique,
juste de la chirurgie (connue depuis longtemps).
Et enfin, quand on transitionne, on ne cherche pas à correspondre à des stéréotypes, on cherche surtout à se reconnaître nous-même. Ce qui fait qu’on peut parfois avoir des apparences très particulières, tout simplement parce qu’on expérimente, on s’amuse, on se cherche.
Dedieu…
on en est à 8 minutes de documenteure, et
la réalisatrice va faire un plateau, avec des bibliothèques pleines
de bouquins et des canapés, et elle déclare aller voir ses potes
féministes pour leur demander “C’est quoi le genre?”.
Je sens que j’vais pas être contente du tout de la réponse à sa
question. Je ne vais pas vous le cacher bien longtemps, pour son plateau tout claqué, elle a recruté dans des groupes TERF. Sur ce
plateau, on peut voir une certaine Audrey
A, philosophe qui a contribué au blog “Le Partage” (qui se prétend écologiste radical, mais ce site est à l'écologie ce que LFI est à l'antifascisme) avec des
articles nommés
“Drag-Queens, misogynie et sexualisation des enfants” ou “Quand
le féminisme matérialiste succombe à l’obscurantisme”, une certaine
Lucie Robin-Lesage, magistrate (à Caen) (dont je n’ai pas trouvé
de production sur internet), Anissia
Docaigne-Makhroff, juriste (qui est dans le groupe TERF des Amazones, elle a aussi aidé Dora Moutot, pour créer une campagne de lobbying visant le Sénat pour qu’ilgarde légal les thérapies de conversion pour les personnes transgenres)
et Meryem
Idrissi, militante féministe (qu'on n'entendra pas durant le documenteure et tant mieux parce que je n'ai rien trouvé à son sujet).
8.16
“Le genre est un stéréotype socio-sexuel.” Audray A
C’est
la première phrase qui n’est pas totalement absurde du
documenteure. Même, si on souhaite être dans la précision, nous
devrions parler des stéréotypie rattachée à un sexe; et insister
sur le fait que ça soit un système prescriptif (l’habitus).
Stéréotypie fluctuant dans le temps et dans les régions. La transgression à cette stéréotypie étant sanctionnée négativement, via des brimades, des déclassements sociaux, des discriminations et généralement un rattachement à l'homosexualité. Alors il y'a par contre des évidences à dire juste après et qui ne sont pas dites, là. C'est à dire que cette stéréotypie n'est pas analysée, comme si juste dire "le genre est un stéréotype socio-sexuel" était suffisant.
Et... quand c'est le cœur de son sujet, on ne peut pas faire cette simple ellipse. Alors on peut résumer la chose simplement, surtout quand on a dans son bagage intellectuel potentiel des présentations qui peuvent être, in fine, simple quand elles sont résumées. On peut ainsi préciser un peu l'articulation de cette stéréotypie (et une présentation de ce type peut être réclamée quand la réalisatrice déclare qu'elle va voir ses potes féministes (sous-entendu elle va voir des intellectuelles du sujet)). Vue que le documenteur n'a pas fait cet effort minimal, je vais donc combler ce trou en faisant du Butler de comptoir (jure iel va pas bien le prendre s'iel me lit je vais parjurer tellement ça va être résumé). Alors, dans cette théorie, on peut le considérer comme étant une grande mascarade naturalisée. C'est à dire que les traits genrés que l'on porte seront pensés comme étant "inhérent" à la personne de par l'assignation donnée. En gros, les traits genrés sont considérés comme étant purement naturels, et nécessaires. Avec évidemment de fortes fluctuation en fonction des zones géographiques, des milieux socios-culturels, de l'époque. Et cette stéréotypie, malgré son caractère de mascarade (qui lui donne donc un air intangible et sans fondement solide), est quelque chose de très contraignant. Cette stéréotypie socio-culturel réclamera donc soit une conformité suffisamment forte soit une condamnation sociale plus ou moins forte en fonction des époques. Après, évidemment, comme tout concepts naturalisés (c'est à dire qu'il est pensé comme étant "naturel et évident"), l'ellipse de sa définition même est courante; mais ne pas la faire avec une profondeur minimale me semble être, ici, littéralement pour pouvoir se dédouaner de ne pas avoir fait cet effort nécessaire dans le contexte de ce documenteure (donc, qui n'est pas fait ici avec une définition aussi minimale puisqu'elle ne permet pas de penser le sujet d'une manière un tant soit peu méthodique (en même temps c'est des TERF je n'en attends pas la moindre rigueur intellectuelle)).
A savoir que j'ai fait une grosse ellipse puisque l'angle qui est choisi, je ne le connais pas suffisamment. Le documenteure parle alors longuement de couleurs et de normes de fringues portées,
notamment à propos des enfants, où un truc très intéressant est
dit : “Pendant longtemps, on donnait les même fringues aux
enfants, que ça soit des petits garçons ou des petites filles”.
Et ce qui est formidable, c’est qu’apparemment les gamins·es ne
semblaient pas en être plus choqués·es que ça. Sauf qu’à
partir des années 60, il y a eu la possibilité de normer les
fringues pour mioches (le prêt à porter toussah), ce qui a eu pour
effet de baisser le prix des fringues, mais surtout de pouvoir
chercher des marchés, et c’est ainsi que les fringues genrées
pour enfants sont arrivés. Oui je continue d’écouter, je vous
signale dès qu’il y a une connerie, je sens que ça commence à
monter.
Y’a quand même une erreur assez présente qui me titille, c’est que ça ne parle de la haute bourgeoisie et noblesse européenne. Et en fait, j’ai l’impression que je n’ai rien à redire sur ce passage là, puisque pour ça il faudrait que je sois experte dans l’histoire des fringues. Donc s’il y a quelqu’un qui passe dans le coin qui est calé sur le sujet, les connaissances sont prises avec plaisir.
12.00 Lucie Robin-Lesage “Plutôt
que de ne plus du tout distinguer d’un enfant, jusqu’à 6-7 ans,
si c’est une fille ou un garçon et qu’on les traite de la même
façon etc.” […]
“ça devient important de dire si un nourrisson est un garçon ou
une fille.”
Rappel, c’est censé être le plateau des
potes féministes de Sophie Robert. ALORS si je puis me permettre une
drôle d’aventure, même si le contexte ici est de parler des
fringues des enfants; ça me semble d’une incroyable aventure de la
sortir cette phrase. Non mais okay. Pas de code Napoléon, pas de
Pater Familias, pas de vision des enfants comme étant la finalité
des parents avec la question, dès leur simple existence, de
l’héritage familial. Non mais très bien ça rend le tout bien flingué dans le propos. Uéuéuéué. Littéralement, le documenteur dit "d'un coup est arrivé les différences genrées"... DE LA PART DE PERSONNES SE RÉCLAMANT DE L'INTELLECTUALISME FÉMINISTE QUAND MÊME. Plutôt que de parler pendant quatre minutes sur les codes de couleurs, ou des codes vestimentaires de la haute bourgeoisie/noblesse européenne, ça vous aurait pas paru évident, par exemple, de faire une très courte histoire des discriminations genrées? Même excessivement lacunaire, hein. Parce que là, littéralement, ce n'est que le libéralisme (assez récent puisque rien n'est dit avant la société de consommation) qui est présenté comme étant moteur du sexisme. On entre dans un monde fantaisiste là.
Bon
ben c’est cool, du coup ça veut dire que le patriarcat, c’est à
cause du capitalisme du coup. Allez Lezzgo, on va à Lutte Ouvrière
et on renverse le capital et le patriarcat yaaay… dieux que
j’aimerais que les choses soient aussi simple. Mais force est de
constater que le patriarcat était là bien avant les années 60
(pardon) et que les enfants étaient bel et bien traité de manière
différente selon leur genre (re-pardon) même avant. Et qu’on ne
vienne pas me demander de source pour cette affirmation; c’est
l’affirmation d’origine à qui on devrait lui en demander des
tonnes.
Non sans déconner si y’a des historiens·nes
spécialisés·es dans les représentations genrées qui passent dans le
coin, je souhaite ardemment vous parler, je suis terriblement
frustrée de ne pas avoir la connaissance pour trouver toutes les
énormités énoncées à ce moment.
Petit point Maddy que je laisse (les autres j'ai pu les faire fondre plus naturellement dans le texte)
: "Rien que le fait que le féminisme n’apparaisse pas mi-vingtième [dans le sens où le féminisme est effectivement bien plus vieux que ce que ces "féministes" laissent apparaître]
devrait pourtant mettre la puce à l’oreille de ces ignares. Les
critiques du sexe fort, de l’ordre social masculin/blanc, de la
construction des différents sujets du pouvoir au fil du temps,
obligent à questionner le patriarcat sur un temps trèèèès long
et le sortir d’une simple question de vêtement genré."
Ça continue pendant quelques temps à lancer des lieux commun comme “Ohlalala, le genre est fluctuant en fonction des lieux et des époques”. No shit sherlock. Je m’en ébaubis.
Un opossum de pause. Oui il fait la gueule, mais j'ai besoin de placer des opossums dans ma vie. Oui il me représente quand je dis "Pas d'soucis" sans réfléchir, oui comme cet opossum je me dis que c'était tout problemo quand je me rends compte de ce que je dis une fois sur deux. Oui je me juge moi-même à l'aune des memes avec des opossums. OUI JE SUIS UN OPOSSUM TOUT PROBLEMO LA!!
13.57 -
Twisted Sister et The Mötley Crüe sont présentés comme un modèles
de virilité des années 80. NON JE DECONNE PAS prendre comme exemple
le Glam Metal comme modèle de virilité des années 80. Bon va
vraiment que j’vous fasse chier, comme l’ancienne critique rock,
que j’ai rêvé d’être, devrait le faire. Alors, il y’a
plusieurs choses qui vont expliquer les mouvements de rock populaires
dominants et je vais monstrueusement grossir le trait. Y’a deux
types de mouvements de rock populaires dominants : les mouvements
populaires et les mouvements populistes. Et si ça vous gonfle, vous pouvez vous passer des paragraphes à venir, je dirais juste que la version TLDR pertinente est: "C'est des costumes de scène, et s'ils sont comme ça, c'est parce que tout un contexte socio subculturel."
Les musicaux
mouvements populaires sont généralement portés par des zickos
venant de familles prolétaires, et se lie souvent d’amitié avec
la scène underground (c’est-à-dire la scène qui n’a pas trop
atteint le grand public même si elle est accessible et qui en
sacrifice de son accès au grand public se permet d’être bien plus
aventureuse dans ses expérimentations); avec couramment aussi des
volontés de faire des expérimentations et de parler de thématiques
qui se veulent proches des problématiques sociales proches du
prolétariat. Elle se construit généralement en antithèse à la
musique populiste étant le plus diffusé auparavant. La musique
populiste, quant à elle, vient plus de milieux bourgeois et petits
bourgeois et vient se dresser en réponse à cette musique populaire
indisciplinée qui vient se mélanger à ces pouilleux·ses de
l’underground (pardon, j’vous aime les potos D: me lancez pas de
petits cailloux); et en terme de thématiques abordées, on pensera
plus à des problématiques métaphysiques voire plutôt creuses ; ou
alors elle sera bien plus modérée dans son approche et
sera plus dans un rapport de suivi de cette musique populaire et
parviendra même pas moments à garder des liens avec la scène
underground, et pourrait même garder une partie du message politique
du mouvement populaire dont il est héritier (ou avoir son propre
message politique fort). Bon ce résumé tellement raccourci qu’il
en devient faux tient à peu près jusqu’à l’arrivé d’internet;
mais il permet néanmoins de comprendre schématiquement ce qu’il
se passe avec les mouvement rocks.
Quel genre musical
domine à la fin des années 70? Le punk. Avec pour thématiques
principales, la révolution (qu’elle soit prolétarienne,
anarchiste, marxiste, ou juste bordélique), les violences des
institutions, le fait de ne pas savoir qui on est dans la société.
De nombreux groupes undergrounds punks porteront également des
thématiques queers. Le punk quoi. Et du coup en réponse à ça,
deux mouvements metal (qu’on appelle encore souvent “Hard-Rock”)
: le Thrash Metal littéralement, du métal ayant appris du punk qu'on peut se passer de synthétiseur ; avec des groupes comme Metallica ou Anthrax ; et le
Glam Metal (un metal adoucissant les riffs punks et avec un chant
très reconnaissable (en gros, légèrement crié parce qu’on est
trop rebelz mais pas trop sinon c’est vulgos) avec des groupes
comme Mötley Crüe ou les Twisted Sisters. Et c’est là où, par
méconnaissance, notre plateau se plante en beauté (mais où on est
beaucoup à se planter). Pourquoi les groupes de Glam se sapaient-ils
comme ça sur scène? Non pas en contre-exemple du punk (qui avait
effectivement plus l’habitude d’une mise en scène épurée),
mais en prenant exemple sur le Glam Rock (genre t’sais, Queen,
David Bowie, tout ça là). Mais il se trouve que le Glam Metal est
un mouvement particulièrement rustre… puisqu’il ne suit
absolument pas la subversion de genre du Glam Rock. Littéralement,
le Glam Rock était peuplé de gays et bisexuels à la recherche
d’une liberté scénique, capable de transgresser les normes de
genre ; ou tout simplement dans le but de choquer les bourges qui
venaient à leurs concerts. Donc on a trois héritages d’apparat
scénique du Glam Rock : le queer, le grand cabaret et… ces benêts
du Glam Metal. Parce que le truc, c’est que pour être crédible
dans son apparat, il faut avoir des thématiques qui y sont liées.
Et pour le coup, le Glam Metal a comme principales thématiques
l’alcool, la drogue et la baise ; ce qui en terme de subversion du
genre masculin ne dépasse pas ce que raconte tonton André à la
tablée de Noël.
S’il
fallait identifier une subversion du genre par sa mise en scène, le
Glam Metal en est un parfait contre-exemple. Il parvient à
s’inspirer d’un mouvement dont la mise en scène et les
thématiques sont liées à des politiques d’appartenance
communautaire queer et revendicatives et en représenter l’antithèse ; le tout en se pointant
comme ça sur scène sans vouloir signifier quoi que ce soit, juste
pour le style.
C’est aussi à ça qu’on reconnait les
cuistres, c’est à leur capacité de ne même pas survoler leur
sujet.
(Et si vous en doutiez encore, je ne porte absolument pas le Glam Metal dans mon coeur.)
14.35
“David Bowie n’a jamais prétendu être une femme. Il a joué
avec les codes tout le temps, sans se prendre pour ce qu’il était
pas.” Sophie Robert; le tout en montrant des photos de la
période Ziggy Stardust.
VOUS CONNAISSEZ LE DRAG?? Non je dis ça, bien que ça n’aie pas tant de rapport que ça avec Bowie, mais vous connaissez le Drag Queen/King? Et bien le principe est de donner une performance artistique volontairement abusivement genrée. Bon on prend ce petit élément là, et on le garde bien dans un coin.
Mais
du coup Ziggy Stardust, vous l’connaissez ce zig ? Et bien il se
trouve que c’est : un personnage de scène. Mais pas n’importe
quel personnage de scène, et pas de n’importe quel artiste du Glam
Rock. Déjà, il se trouve que Bowie était bisexuel. Et il se trouve
qu’à l’époque, être bisexuel publiquement était polémique
(bon aussi maintenant, mais d’une manière plus discrète et
pernicieuse). Et que nombre d’hommes artistes publiquement
non-hétérosexuels utilisaient couramment des costume de scène
subvertissant le genre ; puisque leur simple condition semblait déjà
être trop subversive, autant ne pas y aller qu’à moitié.
Bon
Ziggy Stardust, ce personnage androgyne, maintenant, qu’en est-il
de ce margoulin ? Et bien figurez vous que c’est loin d’être le
seul personnage de scène de Bowie. Avant, c’était Major Tom
(androgyne), après il y’a eu Aladdin Sane (androgyne), et après
il y’a eu Halloween Jack (androgyne aussi). MAIS DIS DONC
Y’AURAIT-IL PAS UN MESSAGE PAS TRÈS DISCRET DE LA PART D’UN
MUSICIEN BISEXUEL ???
Allez je vous donne quand même un petit conseil d'interprétation à la bande d’hétéras fatiguées et fatigantes qui discutent en cercle du genre : il y eu une époque où le militantisme gay était très revendicatif, mais aussi ne souhaitait pas se fondre dans la normativité de genre; entre autres, dans son expression de genre; rien de surprenant que ça se voit dans la musique populaire.
Pour
les autres exemples abordés, je vais pas non plus refaire à chaque
fois ce même type de démonstration, vous venez de vous manger une
page et demi sur des considérations autour du rock, je pense que
vous en avez un peu beaucoup marre (bien que j'aurais énormément de choses à dire à propos de la sexualité libérée et de la raciation de Prince le tout lié à son apparat de scène mais haaaa je calme moi).
14.50 Anissia Docaigne-Makhroff [après un coupage très vulgaire qui fait que le docu passe du coq à l’âne] “Les codes de la virilité, en France en tout cas, ça vient des Mérovingiens et ce qu’on appelait les rois chevelus en fait. […] Et c’était un signe de virilité et de royauté, de noblesse que d’avoir de longs cheveux pour les hommes.”
Alors,
non aucun rapport, aucun lien. Il semble que la chevelure dans la
dynastie mérovingienne était bien plus une caractéristique pour
être reconnaissable en tant que dynastie régnante. Il semble aussi
avoir peut-être des liens avec les anciennes croyances
germaniques de ces rois ; ou des liens avec leurs croyances
chrétiennes. Pour le reste de la population masculine (même la
noblesse), les cheveux courts semblent
être plus proches
de la norme (surtout
que la population masculine vivant à l’époque dans l’actuelle
France continentale, en tant que Gallo-Romains, portaient déjà bien
plus souvent les cheveux courts que longs)
(tieeeens prend de la source dans la tronche).
Bon allez salut le plateau,
et à jamais (j’espère).
15.25
“Les organisations transactivistes
s’appuient sur les stéréotypes de genre pour définir ce qu’est
une personne trans. Au lieu d’aider les jeunes à les relativiser
et s’en défaire ils considèrent ces stéréotypes comme
l’expression même du genre.”
En
court : Qui? Oui et alors? Non pas du tout. Oui mais en fait c’en
est la définition externe même.
Bon
d’accord, la phrase est incompréhensible, mais je m’essayais au
style du documenteure. C’est très reposant d’en avoir rien à
péter comme ça. Bon ça donne une
bouillie informe, mais ça a l’avantage d’être reposant.
Déjà,
c’est qui les organisations transactivistes? C’est qui? Filez-moi
les noms, parce que pour le coup, les militants·es pour les droits
des personnes transgenres, j’en connais plein, mais les
transactivistes, j’en connais pas. J’sais pas qui c’est, va
falloir l’expliquer à un moment.
Ensuite, sur le fait
de s’appuyer sur les stéréotypes de genre pour définir ce qu’est
une personne trans. Alors, pour l’expliquer une énième fois, une
personne transgenre est une personne qui refuse les stéréotypes (en
totalité, ou en majeure partie) auxquels on l’a assignée. Ce qui
veut dire qu’effectivement, c’en
est la définition même. Toutes les autres définitions ne sauraient
en être que très proches.
Ah non c’est vrai, y a aussi les définition transmeds. Bon faut
s’accrocher, parce que pour les transmeds, si tu ne souffres
pas de dysphorie de genre, tu n’es pas transgenre. Et pour rappel,
la dysphorie de genre n’est pas du tout une nécessité pour être
transgenre, même si on est nombreux·ses à en souffrir, il y en a
aussi beaucoup qui n’ont pas ce souci (et grand bien leur en fasse,
très sincèrement).
Sur
le fait qu’on n’aiderait pas les jeunes à relativiser les
stéréotypes de genre : hey, vous connaissez l’histoire de la
transmeuf qui arrive avec une chemise de cadre dynamique, avec un
petit veston de sale con ; mais qui en dessous porte un minishort des
enfers avec des collants totalement flingués ? Non parce que, en
fait, cette histoire, c’est un peu souvent moi, et force m’est de
constater que si ça ce n’est pas relativiser les stéréotypes de
genre, alors je ne sais pas ce que c’est. Surtout
quand on invite une personne qui a écrit un article disant, dès
le titre, que les
Drag-Queens sont misogynes et sexualisent
les enfants (non,
je n’ai pas
oublié cette flinguerie d’Audrey A.). Alors faut savoir, quand on
subvertit les normes des genre, on corrompt vos enfants, mais quand
on les subvertit
pas on les aide pas à relativiser les normes de genre. Ça ressemble
quand même à un bon gros double standard bien puant
ça.
A propos de la stéréotypie, comme expression
externe du genre. Alors, si je me fie à wiktionnaire: “Stéréotypie:
Idée toute faite, acceptée sans réflexion; cliché.”
Alors du coup va falloir m’expliquer comment
l’expression externe du genre est définissable
autrement que comme étant
une stéréotypie (même si elle se trouve à être très large). Et
littéralement, quel est le problème? Vous trouvez que le stéréotype
est intrinsèquement une mauvaise chose? Bon, alors va falloir qu’on
se pose deux secondes, parce qu’en fait, notre cerveau marche grâce
à ça.
Les
stéréotypes (et les préjugés) s’inscrivent dans le milieu dans
lequel évolue le sujet. Tien, voilà imaginons les stéréotypes sur
les Gallois·es. Admettons un sujet A, qui vit dans le dijonnais, fan
de rugby, dans une famille qui adore aussi le Rugby, mais qui n’a
aucun contact avec le·a moindre gallois·e. Voilà. Imaginons un
sujet B, qui vit à York en Angleterre, également fan de rugby, mais
qui en plus vit dans le contexte britannique où les gallois·es sont
souvent représentés·es comme des ploucs avec une trentaine de
moutons dans leur jardin. Et ajoutons un gallois. Il s’appellera…
Clydwyn, voilà c’est très bien comme nom. Lui vit à Cardiff,
mais il s’en fout un peu du rugby (même si parfois il regarde
l’équipe de son pays). Son truc à lui, c’est le métal
symphonique, la littérature japonaise de la deuxième moitié du
20ème siècle et le Ping-Pong. Voilà, on a nos trois protagonistes.
Bon maintenant, Clydwyn sort le soir, parce qu‘il s’emmerde chez
lui et du coup il a envie de sortir se boire un pot dans un bar. Sauf
que c’est soir de match : Irlande-Pays de Galles. Mais il
s’emmerde trop, donc bon, juste un petit demi, et il espère
pouvoir un peu socialiser, sait-on jamais.
Premier
scénario : notre français va voir le match dans ce bar avec
quelques uns·es de ses potes supporters, parce qu’il a pas assez de
blé pour se payer tous les billets pour le Tournoi des 6 nations de
cette année. Et du coup, la bande de supporters français·es
débarque dans le bar, quand même bien enjaillés·es parce que
c’est le type d’activité qui semble fortement leur plaire. Et vu
qu’il n’y a pas grand chose à faire d’autre, Clydwyn regarde
le match, sans trop comprendre ce qui se déroule sous ses yeux. Et
là PAF, les Diables rouges sortent un essai de l’espace !
C’est tellement impressionnant que tout le monde dans le bar se lève
et hurle… sauf Clydwyn qui est totalement perdu. Il a juste vu une
fusée humaine rouge foncer sur des irlandais médusés. Et du coup,
notre dijonnais le remarque et lui demande pourquoi il est pas aussi
heureux que tout le monde dans le bar. Et là notre ami lui
répond : « Je comprends pas grand chose au Rugby. »
Un gallois qui ne s’y connait pas bien en Rugby? Cela va totalement
à l’encontre du peu d’idées que notre français se faisait des
gallois·es, mais ça ne lui coûte pas grand chose de lui expliquer
comment se passent les matchs de rugby. Ce qui fait que petit à
petit, Clydwyn passe au final une plutôt bonne soirée. Et notre
Dijonais, au fil de la discussion, finit par développer un intérêt
pour Oê Kenzaburo, chose qu’il n’aurait jamais espéré en
regardant un match de rugby dans un rade du pays de Galles. Au final,
le français avait peut-être des préjugés un peu flingués sur les
gallois·es, mais qui n’empêchent en rien l’amitié France-Galle
(oui notre sujet A est français uniquement pour ce jeu de
mot).
Même scénario, Clydwyn au bar. Mais cette fois,
c’est pas notre groupe de français qui arrivent, mais un groupe
d’anglais où se trouve notre sujet B. Pareil, pas assez de flouze
pour voir tous les matchs au stade. Sauf que notre sujet B, persuadé
que les gallois sont des bouseux·ses commence à s’exciter et à
gueuler qu’il y a « en avant » (une faute très commune
au rugby, même à niveau professionnel, mais qui peut être
difficile à juger avec discernement). Alors, c’est évident pour
absolument tout le monde que y’a pas « en avant » sauf
pour notre anglais. Clydwyn quant à lui, ne comprend absolument pas
pourquoi un type qui commence à s’énerver pour un « en
avant » que même lui pense impossible dans l’action qu’il
vient de voir. Et du coup, vu que y’a un p’tit gars un peu dans
son coin, qui est le seul à ne pas s’être enflammé à la suite
de l’action, B le prend à partie et lui sort « Mais toi
aussi tu l’as vu! », et se voit répondre, derrière un
accent gallois à couper au couteau :« Veuillez arrêter
monsieur, c’est extrêmement gênant. » Suite à quoi notre
anglais commence à s’exciter et à dire qu’il faut être con à
la galloise pour ne pas avoir vu l’« en avant ». Suite
à quoi tout le monde sort notre yorkais, et sa bande le laisse
complètement en plan (parce qu’accepter les connards xénophobes
c’est pas trop leur truc). Ici on a donc pu voir un préjugé
pourri à l’œuvre, qui en plus a engagé une discrimination,
nuisible à l’amitié Anglo-Galloise (et qu’on n’y reprendra
plus à Glydwyn d’aller boire un verre un soir de match,
franchement, quelle idée nulle à chier des briques).
Pourquoi
cette petite fable? C’est assez simple: le principe premier du
stéréotype est de nous aider dans notre compréhension du monde.
Bien qu’il comporte nombre de défaut, dont des idées faussées,
ce n’est pas toujours dramatique. Avoir des
préjugés n’implique pas de discriminer, tout comme les
stéréotypes n’impliquent pas forcément de préjugés. Là la
fable portait sur un seul stéréotype.
Mais il se trouve que nous en usons à chaque instant. Les
stéréotypes sont des simplifications, des généralisations sur des
groupes. Ils engagent des avis (préjugés) favorables ou
défavorables envers ces groupes. Des préjugés xénophobes ou
transphobes. Le problème n’est à aucun moment le principe du
stéréotype, même s’il est par définition réducteur, c’est sa
valeur conséquentielle, c’est-à-dire la discrimination qui
découle du préjugé.
Dans une société où il est très
communément admis, même si c’est fondamentalement faux, qu’il
ne peut exister que deux genres, et qu’ils sont antagonistes et
fixes, malgré leur variation temporelle, il y a forcément des
préjugés (et des stéréotypes). Le tout est de faire tomber les
préjugés menant aux discriminations. Il est illusoire de penser
qu’on peut se débarrasser des stéréotypes de genre, puisqu’ils
sont liés à notre structure cognitive. A nous d’inventer les
stéréotypes de demain, en critiquant la structure du genre qui
malmène toute personne qui s’y trouve enfermée, même les plus
virilistes.
15.35 “En Occident, à l’heure actuelle, même dans les familles traditionnelles, la plupart des parents n’enseignent plus ces stéréotypes à leurs enfants.”
Ben du coup faudra m’expliquer pourquoi certain·es ados me regardent giga mal quand je sors dans la rue. Il faudra m’expliquer pourquoi il y a quotidiennement dans la rue des agressions homophobes et transphobes, aussi perpétrées par des jeunes ; pourquoi de nombreuses gamines se font agresser par leur mec qui a le même âge. Faut arrêter de se croire au dessus des statistiques des personnes qui commettent des violences interpersonnelles : que vous ayez commis ou subis des violences ou pas, vous êtes à penser dans ces statistiques. Et s’en extraire de la sorte, ça fait franchement magie à la Gérard Majax. “Pouf, c’est pas un truc bien, j’existe pas là dedans, ça me concerne pas”.
Si vous vous posez la question en terme d'illustration, oui, j'ai complètement pété un ouat. C'est un iench qui dit à un canard en train d'écrire "Mais tu écris n'importe quoi, en fait." Le canard répond "Oui, il faut pas?" Le iench répond "Ah non, il faut un peu réfléchir."
15.43 “Même si l’égalité est loin d’être acquise aujourd’hui les hommes dansent et s’occupent des enfants tout en étant des hommes à part entière.”
Alors,
déjà, d’une, c’est extrêmement sexiste de dire
que le fait que les hommes se mettent à se sortir les doigts du cul
sur les tâches ménagères, fait que ça reste malgré tout des
hommes. La corrélation sous-tend que c’est la tâche incombée
fatalement aux femmes. Et surtout ça n’aide clairement pas à une
réelle répartition des tâches
ménagères, de vérifier cette idée sexiste en la validant de la
sorte. S’ils en branlent pas une, c’est parce qu’on leur a
appris que c’était pas leur taf, même s’ils en profitent
allègrement, ni plus, ni moins. Le lien avec la condition masculine
n’est que le fait d’une imprégnation culturelle.
Ensuite,
même si cette petite phrase semble innocente et sans grande
conséquences, et bien figurez-vous que le fait que les hommes font
de plus en plus les tâches domestiques est une idée reçue (et paf,
des stats de 2010). Sans doute un
préjugé de la
réalisatrice, mais qui se trouve être encore une fois assez
dommageable. Je trouve ça assez étrange
ces militants·es qui se laissent aveugler par leurs convictions (je risque de me faire un claquage de l'ironie à ce rythme là).
16.15 “Chassés par la porte depuis la perte d’influences des religions. Les stéréotypes de genre sont revenus en force dans les foyers par le biais des écrans.”
Déjà,
je me permets d’émettre des doutes sur la perte d’influence des
religions de manière générale, mais j’avoue avoir la flemme de
démonter cette évidente contre-vérité. Par contre, pour ce qui
est de lier l’influence des « stéréotypes de genre »
uniquement à la religion, est plus qu’aventureux. Déjà qu’il a
été dit plus tôt qu’avant les fringues unisexe des enfants, et
ce malgré l’influence religieuse diminuait la stéréotypie de
genre chez les enfants ; maintenant, c’est à la religion que
l’influence de la stéréotypie de genre est imputée ; après
avoir dit que c’est parce que les hommes faisaient pas assez le
ménage. Du coup le documenteure, pour parler d’un fait intensément
multifactoriel, ne saurait en parler qu’en présentant les facteurs
comme étant parfaitement décorrélés les uns des autres ?
Alors,
j’ai une nouvelle à vous apprendre, mais on vit dans une société.
Et dans chaque société, de nombreux phénomènes s’agitent en
même temps. Et c’est pas « une tranche agit, puis l’autre
tranche, puis l’autre tranche ». Alors vous me direz que je
ne suis pas de bonne foi rapport au fait qu’il est impossible de
tout expliquer en même temps. Et effectivement c’est impossible,
moi-même je me sais incapable à l’exercice. Néanmoins, ce n’est
pas ce que je dénonce ici en terme de méthodologie : ce que je
dénonce, c’est la constance de la présentation monofactorielle de
phénomènes multifactoriels. Ce qui a pour effet malhonnête de
créer un sentiment d’accumulation puis de soulagement ; puis
de recréer une accumulation, puis un soulagement. Surtout quand au
tout début du docu (y’a un quart d’heure, on dirait pas, le
temps passe tellement vite quand on s’fait chier), il est dit que
dans ce documenteure il sera parlé d’arcanes secrètes uniquement
détenues par les fameux·ses “TRANSACTIVISTES HAAA CRAIGNEZ MON
CORROUX muéhéhéhéhé”. Bon, ce qui va être dit, d’un point
de vue très concret ici, c’est que les jeux vidéos, les films
hollywoodiens et les séries ricaines rendent les enfants trans parce
qu’ils véhiculent les stéréotypes de genre (et que nom de dieu
c’est pas la faute des séries les jeux vidéos et les films; c’est
les cisgenres qui rendent les enfants transgenres!). Non mais ça va,
il n’y aura sans doute pas les jeux de rôle papier dans ce
documenteur, au moins on échappera sans doute à un autre poncif éclaté.
Gnagnagna les personnages hyper sexués des jeux vidéos et les films quand le jeune forge son identité. No shit Sherlock, c’est vieux comme le monde. T’as lu le Satiricon ? Non parce que là dedans, les gens s’éclataient à sexualiser les enfants, et c'est formellement le roman occidental le plus ancien que l'on connaît. Et on parle pas des descriptions quand même assez limites à propos d’Hélène, dans l’Illiade, sinon va y avoir une panique morale et Homère va se faire cancel. Allez si vous voulez du gros pectoraux huileux y’en a aussi dans cette épopée. La sexualisation, c’est un truc qui constelle la littérature et d’autres arts depuis la nuit des temps. Évidemment pas avec nos critères, mais la norme de beauté célébrée (ce qui était considéré comme une vertu chez les grecs, par ailleurs), c’est quand même un des poncifs artistiques les plus usés ; ce qui, incroyable surprise, crée des standards dans la population (on s'en serait pas douté dis donc).
16.37
«La journaliste Abigail Shrier a étudié l’épidémie de
transidentité chez les jeunes filles dans un livre remarquable,
Dommage Irréversibles. »
Et qui se trouve être déjà
un bouquin très demandé à la FNAC ; et qui force les
militants·es qui essaient de faire se réconcilier les jeunes trans
et leur parents à le lire pour détricoter toutes les conneries
énumérées là dedans. C’est dans ce bouquin par exemple qu’est
popularisée le ROGD, une théorie qui implique une dysphorie de
genre factice, parce que trop tardive par rapport à la dysphorie de
genre « normale » (ce qui est faux, le WPATH indique
qu’une dysphorie de genre peut se déclarer à tout moment). Le
reste du récit consiste en paniques morales impliquant des effets
« sectaires » des groupes d’entraide trans, l’
« incitation à la mutilation » et se termine sur un mode
d’emploi à destination des parents pour mettre en place une
thérapie de conversion home-made. Évidemment, exit toutes formes de
statistiques, qui par exemple nous révèlent que quand on est
assigné homme à la naissance, on met plus de temps à
transitionner, ou qu’il existe des pistes d’explications bien
plus économes intellectuellement (comme par exemple : juste savoir que c’est
possible fait que les personnes qui souhaiteraient transitionner
transitionnent plus et que quand on est éduqué comme un homme on
apprend aussi la domination, ce qui rend les volontés de transitions
plus lointaines). Le bouquin tisse des théories farfelues en se
basant sur le nombre d’opérations de réassignations (en comptant
aussi les mammectomies, ce qui évidemment faire une très grosse
disparité entre personnes transmascs et transfems), prétend que
l’école états-unienne cherche à créer des enfants trans, le
tout avec l’appui des labos qui feraient leurs recettes sur la
réassignation de genre. Je grossis à peine le trait. Bref, un
bouquin conspi en tête de gondole des FNAC. C'est pas un livre remarquable, c'est un ténia ce bouquin.
16.55 « Le
nombre de jeunes transidentifiés a connu un bon pendant le
confinement. »
Devinez pourquoi du coup ? Non ?
Rien ? Le confinement a été un évènement assez marquant pour
tout le monde. Ce qui a provoqué, par exemple, une très grosse
vague de démissions. Cela a aussi provoqué un regain d’intérêt
pour la politique et pour l’automédia (coucou touitch et les
streams politiques qui ont fleuri à ce moment). Mais aussi, entre
autres choses, une grosse augmentation de personnes souhaitant
transitionner. Il semblerait que quand on est libéré·e de son
quotidien aliénant, on prend de la distance avec notre quotidien. Ça
nous laisse le temps pour une introspection et... paf, ça fait plein
de gens qui se réorientent voire qui se cassent de leur taf, ça
fait des gens qui écrivent, qui s’encartent ou qui créent des
lieux de rencontres politiques, ça fait des gens qui commencent leur
transition de genre. Étonnant non ? Comme si nos sociétés
étaient formées pour créer des quotidiens qui nous séparent de
nos aspirations, « que s’appélorio » l’aliénation
capitaliste.
Bon c'est la fin de cette seconde partie, j'espère que ça a été une lecture constructive pour vous. Je ne vous donne pas de dates pour la suite (puisque je suis pas à même de pouvoir donner de dates de manière générale en ce moment). Je vous souhaite tout un tas de belles choses et vous remercie pour votre attention.
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