Débunk du documentaire "Trans Mauvais Genre: chapitre1 une épidémie mondiale" de Sophie Robert (partie 1 sur 8)


[CW: transphobie, mention de parties génitales, mention d'opérations chirurgicales, mention de suicide, mention d'inceste, antisémitisme, mention de fascisme]


-La partie 2 juste ici
-La Partie 3 là
-La partie 4 ici
-La partie 5 j'vais péter un boulon
-La partie 6 j'ai pété un boulon
-La partie 7 j'ai réparé mon boulon mais pété un câble
-La partie 8 j'ai fini c'est bon

 

 

Salut, alors ouais j'ai consacré beaucoup de temps dernièrement à une activité que je trouve particulièrement peu plaisante, c'est à dire à un débunk. Alors, vous allez me dire que je suis devenue comme la Teub En Biais que j'fais rien de ma vie, que j'ai que fort peu d'intérêt pour les choses marrantes... Alors... force est de constater que les documentaires purement mensongers sur les transidentités sont en train de fleurir un peu comme les rafflesias fleurissent. C'est à dire que c'est gros, et plus on se se penche dessus, plus ça sent le pourri. Du coup, je me suis décidée à faire ce travail, pour partir sur des choses extrêmement factuels, et sur des démentis qui se veulent tout autant factuels que possible; néanmoins, je l'admets pleinement, par moments, ces mots sortiront plus de mon cœur que de ma tête. Aussi, je songeais à donner une forme physique à tout ce travail, puisque j'arrivais à pas loin de 90 pages de prises de note, mais vue sa nature, un livre ne serait pas si pertinent, ou alors tout devrait changer sur sa forme... néanmoins je ne perds pas l'envie de faire quelque chose de plus lisible qui peut se tenir dans vos mains, donc je vais aussi, en parallèle de ce que j'écris ici, essayer de rédiger quelque chose qui sera digne d'être publié, et évidemment qui parlera de cette idéologie fascisante qu'est le TERFisme; bref, je compte bien vous prendre la tête une fois que ça sera fini avec ça, mais ça sera pas pour tout de suite. Pour le moment, je souhaite mettre la priorité sur ce débunk très (trop) long. Et si vous trouvez ça dommageable que j'ai dû me manger ce boulot, et bien allez demander aux gens qui ont fait la promotion de Sophie Robert par le passé de réparer leurs conneries (pour ma part, je sais qu'à l'énonciation de mon nom ces tristes sires pousseront de petits cris aigües et refuseront de lire quoi que ce soit de ma plume (néanmoins, je serais heureuse qu'on me fasse mentir et que pour une fois une erreur de casting promotionnel soit assumée)).



En préambule, merci à mon n'amoureux (parce qu'il est très chou avec moi voilà), à RPG Square qui m'a aidé sur la correction de cette partie, et à BunkerD qui a écouté en long en large mes chouineries (et m'a aussi donné du grain à moudre sur le sujet, vue qu'il taffe aussi dessus, autant s'entre-aider).


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    Dès le titre du docu y’a un problème. On est pas apparus·es d’un coup d’un seul dans le monde, on a toujours existé en tant que groupe social, on était juste cachés·es et/ou amalgamés·es à tout un tas d’autres phénomènes sociaux.

     De deux, “EPIDEMIE”; ça va mes p’tits miasmes? Moi très bien, je pratique la division cellulaire comme d’habitude. En vrai, si je devais condamner quiconque à propos de l’usage du terme épidémie, pour en faire quelque chose de totalement galvaudé, je condamnerais les médias grands public et nombre de chercheurs·euses bidons: les faits sociaux ne sont pas amalgamables à des maladies. Il y’a des termes pour ça. L’amalgame à la maladie ici, est déjà un biais catégorisant la transidentité comme un sujet inquiétant, qu’il s’agit de traiter comme une maladie telle que le COVID-19. Ce qui implique un traitement de l’information radicalement différencié. Le régime de pensé est alors influencé par la logique de l’épidémie, et non pas par la logique du fait social. Les implications logiques sont alors très différentes.



    On sait où on est, Ypomoni est remercié dès le début. Pour ce qui est de la rhétorique technicienne d’Ypomonie, j’ai fait deux threads dessus, déjà bien longs, que je pourrais mettre en forme d’article de blog si vous trouvez ça plus adapté ( le premier et le deuxième ) (vous avez déjà une heure et demi de lecture en principe).



0.40 ”Ces mots étranges qui s’immiscent de plus en plus nombreux dans notre quotidien.”

    Eh bien pas franchement. La plupart des termes queer ne dépassent pas tellement leur milieu d’usage, c’est-à-dire la communauté trans. Avec, certes, un léger dépassement, puisqu’il semble qu’on est un objet de fascination totale (d’où des documenteurs racoleurs à notre sujet). Cela fait sans doute référence à l’apparition du pronom “iel” dans le Robert ainsi qu’aux points médians ; mais il convient d’admettre que ces usages grammaticaux permettent de combler des lacunes gramaticales structurelles du français; lacunes n’étant pas dans toutes les langues (comme l’allemand ou l’anglais, où la création de terminologie et de possibilité grammaticale sont moins nécessaires).

 

 

0.47 Novlangue trans.

    JOR JOR WELL. C’est pas ça 1984, la Novlangue est l’inverse même de ces créations linguistiques. En gros, le lexique trans est bien plus une création populaire communautaire visant à enrichir la langue, en lui permettant d’exprimer des choses dont elle n’était pas capable auparavant ; alors que la Novlangue est une création de l’élite du bouquin qui vise à réduire les possibilité linguistiques. Voilà il s’agirait de lire Orwell avant d’en parler.


JorJorWell, reconstitution d'époque, et pas du tout un montage douteux entre Jar Jar Binks de Star Wars et Georges Orwell en noir et blanc, non je n'oserais pas!



0.50 Sur l’écran il y a des terminologies ainsi que des termes qui ne viennent pas des milieux trans comme “Né dans un mauvais corps” qui est une logique bien plus cisgenre que transgenre (bien que l’on puisse se le réapproprier par moment je ne veux pas être une porte-parole générale). Mais les gens qui théorisent sur le queer ne parlent pas de ça. D’ailleurs il y a bien le terme TERF [Trans Exclusionary Radical Feminists (des personnes s’appuyant sur des éléments du féminisme pour s’attaquer aux personnes transgenres)] (qui pour le coup est bien un terme usité); mais il y a aussi le terme GC [Gender Criticals] (qui lui est une façade de ces dernières pour se camoufler (ne pas changer les pratiques, mais le nom, comme le diraient les démons du marketing idéologique)).



0.50 “Dès que vous avez compris le sens d’un mot il s’en crée 10 nouveaux.”

     Pour le coup ceci est très factuellement faux, tout autant que cette l'impression donnée par cette expression. L’apparition de terminologies et leur propagation est tout aussi rapide que dans toutes les communautés. Les termes restant d’usage étant ceux semblant embrasser une réalité pour la plupart des personnes dans la communauté (comme dans tout groupe communautaire en fait, c’est comme dans le milieu de la technique du spectacle par exemple où l’on parle d’éclairage “Traditionnels” en opposition aux éclairages “LED”). Et les mots finissent par apparaître et être utilisés hors de ce milieu quand ça désigne des réalités constatées par les personnes au quotidien. Par exemple, quand on est assexuel·le; il semble difficile de pouvoir décrire des pans de sa vie aisément sans utiliser ce mot (qui résume en un terme beaucoup de choses), tout comme en utilisant son antonyme direct allosexuel·le (en tout cas dans son usage actuel puisque d’après les vieux dicos qui prennent la poussière, Allosexuel·le désignerait une bisexualité).

    En une minute, substantiellement, de par sa voix-off et son image, le docu nous dit que penser et rendre intelligible politiquement son quotidien est une mauvaise chose; si on est pas cis-het. J’espère ne pas avoir à démontrer la dangerosité de ce genre de propos; surtout qu’il n’est appuyé par rien (en tout cas pour le moment, mais je désespère déjà de la gueule de l’appui).

     A ce propos, parler de terminologie extrêmement évolutive, alors que le mouvement MOGAI (Marginalized Orientations, Gender Alignement, and Intersex) n’est plus actif me semble absolument hors de propos. Et encore, en vrai, il n’était considérable que comme une espèce de laboratoire conceptuel ayant comme principal soucis d’être plutôt hors sol, et qu’alors il réfléchissait au monde des possibles, et non pas au monde concret (ce qui a fait qu’il a totalement disparu, ce qui n’est pas un grand problème). Mais si le nom est resté, c'est que cette approche expérimentale à permis à de nombreuses personnes de s'investir par contre de problématiques bien réelles, comme par exemple, comment la langue manipule nos modalités de pensées, et comment changer ce tout.



0.57 “Et jouer à celui ou celle qui en sait plus que les autres sur ce curieux phénomène social.”

    Mange tes morts aussi? Non parce que là tu parle de personnes étant sincères, et qui essaient de penser leur vie, leur identité et leur place dans la société. Tu peux choisir la médiocrité et nier une quelconque réflexion quant à ta sinistre personne, mais tu serais la bienvenue de ne pas imposer le manque d’intérêt pour ta propre personne à autrui.

    Bon, la question ici est comment on construit les idées et les concepts; et pour ça je vais m’appuyer sur des bases de linguistique (ce qui va simplifier la réflexion sur le sujet, croyez moi). La linguistique à deux courants sur le sujet, contradictoires dans leurs logiques, mais qui se rejoignent parfaitement dans les analyses. Le premier considère que l’idée précède la terminologie (on comprend ce qui est dit avant de lui formuler un terme); le second considère que le terme précède l’idée (on comprend le concept à partir du moment où l’on peut lui accoler un terme). Dans les deux cas, cela à des implications très concrètes dans la fabrication idéologique. Et ce qu’il est important à considérer ici, c’est que si des termes apparaissent, ça n’est jamais innocent: Ces termes ont un but, ce but étant de décrire une réalité. Leur survie en tant que terme dépend alors du sentiment d’utilité du terme. En bref: Les mots ne sont jamais innocents, et leur usage en tant qu’outil de distinction social (qui est l’usage invoqué ici en tant qu’usage primaire) est bel et bien un usage secondaire dans tout les cas, et non pas primaire. L’existence même d’un terme n’est pas en soit un outil de distinction social, mais son usage peut être marginalement cet outil.



1.18 – “Le mouvement transactiviste a émergé y’a une dizaine d’années dans les pays anglos-saxons et scandinaves.”

    Source? Définition? C’est quoi le mouvement transactiviste, c’est qui? D’où tu tiens cette info? Et si ça vient de toi, comment appuies-tu cette dénomination? Personnellement je ne vois qu’une communauté totalement recluse qui a pu utiliser internet pour réussir à faire entendre sa voix. Pas de mouvement uni, pas de groupe défini. Rien de précis. De deux, si on parle couramment de bouquins des années 70, 80, 90 et 2000; c’est peut-être aussi parce qu’on existait un peu avant ; et encore, là je ne parle que d’années qui peuvent avoisiner cette approximation stratosphérique, mais force m’est de constater que les transidentités (non-binaires et binaires) sont bel et bien des constantes des sociétés humaines.



1.44 – “Les références au sexe sont peu à peu gommées au profit du genre.”

    Petite question: Pourquoi ça a aussi vite pris, et pourquoi au final ça semble clairement convenir à la majorité (puisque si ça n’était pas le cas, le changement n’aurait pas eu lieu et surtout pas aussi vite)? C’est une vraie question hein. Pas de rhétorique et on peut avoir ces raisons confinés dans un propos pas technique pour un sous. D’un point de vue très pratique, dans les interactions sociales. Sexe et genre désignent deux choses différentes à propos de l’humain. Le sexe désigne, dans son sens commun, une liste de traits physiques qui est couramment assimilé au genre. Le genre quant à lui, est bel et bien séparé du sexe du point de vue de l’usage (si vous en sentez la nécessité, allez toper des linguistes, moi je ne le suis pas, je ne confie que ce que j’ai constaté d’un point de vue pratique et du haut de mes modestes connaissances) ; donc le genre désigne quant à lui une liste d’attentes sociales selon l’apparence, la présentation, la gestuelle, les activités (etc). 

    En bref, bien que radicalement différents, puisque nous sommes dans des sociétés ayant créé, de facto, une corrélation forcée, alors la définition de sexe sous-tend couramment la définition de genre. Et que l’on commence à prendre l’habitude de cette décorrélation est bien plus lié à des constats sociaux courants (puisque vous n’allez pas, de manière réaliste, consulter l’extrait de naissance d’autrui et/ou tâter son entrejambe); et n’est que la reconnaissance du fait que l’on s’appuie couramment sur des a priori qui viennent bel et bien du genre et non pas du sexe. Bref, parler de genre est bien plus aisé, pratique et réaliste dans quasiment toutes les interactions sociales possibles et imaginables.



1.49 – [à propos du genre] “Un terme flou, dont seuls les transactivistes détiennent les contours.” 

    Nous pouvons à présent parler de sincère mauvaise foi quant à un usage intuitif et maintes et maintes fois constaté d’une nomenclature sociale simple et basique. Pourtant, c’est le sujet de ce documentaire, le genre. Donc, soit la méconnaissance est radicalement feinte, soit les personnes ayant travaillé sur le sujet sont parfaitement ignares à propos de chose qu’elles font pourtant au quotidien et ce en ayant travaillé dessus durant d’interminables heures (donc que ces personnes sont incompétentes). En bref, soit on vous prend pour des bacs à douche, soit vous regardez quelque chose fait par des documenteuristes parfaitement incompétents·es. Et c’est dommage, un bouquin cité en long en large et en travers, dans la communauté scientifique, comme “Trouble dans le Genre” de Butler en parle et aurait pu combler cette méconnaissance (j’ai même trouvé des résumés ( chez Game Of Heart et Politikon ainsi qu’une lecture complète du livre chez Game Of Heart ).




2.29 – [à propos des adolescents·es] “A 15 ans ils ne parlent plus que de transidentité.”

    Alors, déjà, “source?”. Ensuite, notre apparition sur internet, n’est que la récupération de l’espace que l’on aurait dû avoir auparavant dans le vie publique. S’il n’est pas possible de nous museler sur ce réseau, c’est bel et bien de par ses propriétés inhérentes. Et donc, si on est mis·es en avant, voire soyons considérés·es comme une nouveauté, c’est bel et bien un biais d’observation plutôt qu’une réalité.


    C’est à dire que l’on a bel et bien été constatés·es, étudiés·es; mais seulement pensés·es comme étant une population extrêmement marginale (le tout étant évidemment documenté dans toutes les sciences sociales depuis avant-même que l’on puisse songer à les appeler sciences sociales). De plus en prenant en compte les violences (sociales, tout comme physiques) que nous subissons (je ne penses pas qu’il est intéressant de remuer ce couteau statistique dans ma plaie); il paraît évident qu’il est difficile pour nous d’apparaître avec notre identité civique (qui permet de nous retracer, d’une (et donc de nous mettre en danger) et de deux qui contraste très couramment avec notre identité pratique. Donc le pseudonymat (relatif anonymat qu’offre internet, ainsi que d’autres supports médiatiques comme le fanzinat (qui ne nécessite que du temps, de quoi composer un livret et une imprimerie accessible)) semble être notre identité publique de prédilection, et se lie parfaitement aux médias nous semblant naturels et logiques. Alors il serait aisé de me répondre “Et le cinéma, et la musique, et l’édition dans les circuits classiques alors?”. Alors ouais, sauf que ça nécessite à un moment ou un autre de révéler son identité à une audience (oui les comités d’édition, les gérants·es de label, et cætera son des audiences), bien que pas nécessairement énorme, mais à qui il faut pouvoir accorder cette confiance (et force est de constater que plus une population est marginalisée, plus accorder sa confiance ressemble à une erreur qui peut être fatale à bien des égards). Mais pour ça, pour réellement pouvoir apparaître dans un relatif anonymat, il fallait un outil permettant un relatif anonymat (afin de pouvoir se protéger). Et il se trouve que la dernière révolution de la communication se trouve être internet, et permet de comprendre la fracture générationnelle qui s’est jouée à ce moment.

 

    Mise en situation donc, pour comprendre l’écart d’accès à l’internet. DONC on va prendre une personne qui a 15 ans, en 95, en 2005, en 2015 et en 2020. Vous allez voir les différences d’accès vont être saisissantes. Bon, en 95, en internet on en est encore à l’internet 1.0. C’est à dire que c’est possible de publier sur internet quand on est particulier; c’est de toutes façons ouvert au publique… dans les limites de la techniques, puisqu’on en est encore aux modems passant par la voie téléphonique. Ce qui implique donc d’avoir, d’une, un ordinateur familiale (ce qui est réservé, à cette époque, aux plus riches encore), de deux une connexion internet. Qui ne sont ni pratiques, ni réalistes pour le laisser au libre usage de la plupart des adolescents·es de l’époque (mis à part de manière momentanée, donc rien de très très courant et donc un usage personnel limité par les ados). Il ne faut pas oublier aussi qu’on était à l’époque où la technologie était tellement peu accessible que le minitel est encore l’outil de ce type le plus pratique pour la population générale. En 2005, bon, on commence à arriver à l’ADSL grand publique, c’est à dire à l’internet illimité qui ne passe pas par la voie téléphonique, néanmoins, bien que ça soit une technologie qui nous semble à présent peu chère, cela reste inaccessible à de nombreuses familles (par exemple si j’ai pu y avoir accès, c’est en bonne partie puisque c’était le domaine dans lequel mon père travaillait). Après, cet ADSL n’est pas des plus puissant et les systèmes Wi-Fi sont encore balbutiant dans le grand publique; c’est à dire que le plus fiable et de loin, reste le filaire. Et qu’ainsi, Internet reste très principalement accessible par un PC familiale, et rarement à d’autres machines du domicile (bien que des branchements aventureux permettent de penser à un usage sur d’autres machines). Pour ce qui est de l’informatique, nous commençons à atteindre des prix tolérables pour le grand publique, mais pas encore assez bas pour songer à la machine personnelle de l’ado sans bonnes raisons. 2015 donc, là on arrive à tout autre chose. C’est à dire qu’à cette époque, le PC devient aussi une machine qu’on met dans sa poche et qui s’est muté avec le portable. Ce qui fait qu’effectivement, on se retrouve toutes et tous avec un PC, de plus la WI-Fi devient accessible pour tout les foyer; et l’accès 4G, bien que n’ayant pas une couverture parfaite, la 4G est une possibilité qui s’ouvrent pour le gros de la France… accès s’étant bien accéléré en 2022, mais avec une situation initiale plutôt similaire quant à la connectivité. Bref, ce petit exposé pour tout simplement expliquer la différence de connectivité en fonction des générations: Les jeunes, ont un accès que l’on a pas connu à un média ouvert par nature.

    Un média qui en plus de ça permet l’usage du pseudonymat: et donc un média qui permet de s’exprimer, sans passer par des voies où l’on doit montrer son identité civique… Ce critère là, de ne pas être obligé·e de démontrer sa civilité pour pouvoir s’exprimer publiquement, est le critère premier pour qu’un médium puisse être facilement utilisable pour la population transgenre. Puisqu’ici, l’usage est premier, qu’importe l’identité que l’on vous prête à l’extérieur. C’est à dire que là, par exemple, sur internet, quand j’écris ces lignes, vous ne savez pas si je suis parfaitement rasée ou si j’ai eu la flemme… et bien c’est d’un confort assez incomparable à d’autres médiums où je dois montrer ma tronche, ou alors devoir voire des gens qui vont me demander des trucs (et donc, encore une fois, montrer ma tronche), mais vous devez vous fiez à ce que je vous dis (et alors, ma réputation et ma crédibilité se retrouvent à être de plus nettement plus importante, parce que si vous pensez que je suis une guignole, il est alors évident que vous ne continuerez pas ce texte).

    D’un point de vue médiatique, les populations, n’apparaissent que quand elles peuvent s’exprimer. Et si vos enfants en parlent à leur 15 ans, c’est parce qu’on leur offre, sur un plateau d’argent, des possibilité de répondre à des problématiques liées à l’adolescence (ici, la présentation genrée de manière générale); de manière bien plus précises et satisfaisantes pour elleux que juste le fait de se conformer aux autres. En bref, en partant du principe que c’est une pure lubie adolescente lié à un effet de mode, vous niez une possibilité de bonheur et de plénitude. Vous préférez créer des ados “““cisgenres””” forcés·es à se conformer à quelque chose qui ne leur convient pas après avoir entrevu une possible satisfaction de leur présentation genrée; que des ados transgenres en phase avec elleux-même.


    Oui, tout ça là, c’est ce qui me vient instinctivement en tête quand on me parle “Des jeunes d’aujourd’hui ohlalala” et de tout ces parents qui croient protéger leurs ados “des transactivistes des internets” alors qu’iels ne font qu’écouter des choses qui leur semble nécessaire, et ce lié à des questionnements qui peuvent arriver dès 18 mois ( un texte écrit par Amélie Sauvé, qui semble plutôt très sérieuse sur le sujet). Si c’est ces gamins·es, que je me retrouve une fois tout les deux ou trois mois à aider pour pouvoir trouver une solution de logement après que vous les ayez chassés·es de chez vous, ou plus couramment forcés·es à fuir puisque vous êtes maltraitants·es (et ce d’après les critères de l’ONU, pas particulièrement une organisation où il y a beaucoup de personnes transgenres); excusez-moi, mais j’ai du mal à voir pourquoi iels ne chercheraient pas des réponses, ainsi que de la sécurité, loin d’un cercle familial si hostile à leur bien-être. On sauve parfois vos gamins·es; parce qu’on ne veut pas les laisser crever, tout comme nos aînés·es nous ont parfois sauvés·es.




2.33 – “Vous lui demandez pourquoi il faut mutiler son corps pour trouver sa véritable identité.”

    Que dit le documentaire quand il parle de “mutiler son corps”. Et bien il parle des chirurgies de réasignements sexuels. Les plus connues étant les vaginoplasties, les phalloplasties, et les réductions/ablations mammaires. Puisque je connais plutôt bien la rhétorique TERF, il y a fort à parier que le docu va nous parler à un moment (si ce n’est pas dans cette partie, alors dans les parties qui viendront dans le futur) des différences statistiques entre les réassignations FTM et MTF… Bon alors c’est là où on va parler d’un truc qui chiffonne très fort les TERF hein, mais cette différence statistique vient d’un fait purement biologique. Genre, les glandes mammaires, quand ça réagit aux œstrogènes, ça fait pousser les seins; mais quand les seins ont poussé tu pourra mettre autant de testostérone que tu veux dans ton hormonothérapie, que ça fera pas disparaître la protubérance. Et, je peux en attester pour en être à ce long moment de l’entre deux un peu bizarre de mon hormonothérapie , les seins c’est un truc que l’on utilise beaucoup pour identifier le genre d’une personne (à mon grand dam… bien que les tchoutches grandissants soient un élément de satisfaction assez courant pour moi). Donc voilà c’est pour ça que le besoin d’une mammoplastie est bien plus courante que les besoins de réassignations sexuelles; et qu’elles sont plus courantes pour les transmascs que pour les transfems.

    Mais du coup “Pourquoi ce besoin de changements physiques alors?”. Puisque le genre est, comme je le dis, uniquement une médiation sociale; alors pourquoi faire intervenir des considérations liées au physique? J’en sais rien, peut-être que si on avait pas dit en long en large et en travers que notre présentation genré se résumait à “Les monsieurs ont un zizi, et les madames une zézette et des doudous”, on en serait peut-être pas à avoir des malêtres fondamentaux quant à notre physique. Puisque, force est de constater, et ce malgré ce que dira le documenteur par la suite, on ne s’amuse pas à faire de la chirurgie pour rien. Et que donc, il est bel et bien question de santé à propos de ces chirurgies (donc qu’il est médicalement considéré qu’il y a des santés en jeu).

    Voire même juste accéder à l’hormonothérapie peut, en fonction des personnes (notamment pour les handis (et encore plus pour les personnes psychiatrisées) et pour les racisés·es), être un parcours extrêmement compliqué. Entre réussir à trouver un médecin qui ne refuse pas, par principe, de faire des prescriptions hormonales, les médecins qui réclament des attestations psychiatriques (chose qui est parfaitement illégale (tout simplement puisque la psychiatrie pour les transgenres, on a longtemps essayé, ça n’a été que des catastrophes et ça a crée plus de cadavres que de personnes épanouies)). Bref, même pour quelque chose de parfaitement réversible, très progressif et peu dangereux pour la santé (particulièrement si c’est accompagné par un·e endocrinologue), c’est quelque chose qui est notablement difficile d’accès (d’où le fait que, même maintenant en France, en 2022, j’ai mis pas loin d’un an de recherche pour pouvoir mettre ça en place, et on est nombreux·ses à être contraints·es à passer par des hormones en pirate (et comptez sur moi pour apprendre à des camarades trans à le faire, s’il le faut)).


    En bref, le monde cisgenre est suffisamment alliénant pour nous forcer à nous conformer à ses standards, pour que l’on soit en phase avec nous-même, et en plus il vient nous reprocher quand on essaie de le faire pour qu’il admette nous reconnaître tel qu’on est.

 

 


2.38 - “Mais elle refuse de vous adresser la parole, au motif qu’elle ne se sent plus en sécurité avec vous.”

    D’un point de vue très concret, la mise en danger est très concrète. Les parents ne soutenant pas leurs enfants trans multiplient drastiquement leurs chances d’être en dépression, voire d’être suicidaire. (Trouvé en deux clics ). Surtout que force est de constater qu’un des principaux milieux de violence envers les enfants est la famille ( ce qu'en dit l'unicef ). Ne pas prendre cette réalité en compte quand votre enfant vous dit ne pas se sentir en sécurité avec vous montre que soit vous êtes parfaitement inconscients·es de ces problématiques et que vous n’en connaissez pas l’ampleur… soit que vous êtes quelqu’un de bien trop prétentieux·ses pour avoir des enfants et être réellement responsables (suite à quoi, je ne pourrais que trop vous recommander de consulter les chiffres de l’inceste en France ). Vous êtes dans ces chiffres, quel qu’en soit le côté, vous avez concrètement affaire à ces réalités statistiques.



2.46 “A l’origine le transexualisme est une pathologie mentale rarissime.”

    Alors rarissime non. Voilà c’est parfaitement à l’encontre de toutes les sciences sociales que de déclarer ça, d’une. Et de deux, pathologie? C’est sérieux ça? Non parce qu’il n’y a rien de plus naturel dans une société qui donne des rôles genrés aussi stricts est très situé historiquement parlant (et tiens, je vais citer la Bicheyte du passé (à propos des xénogenres et des traces historiques des non-binarités ), même si j’ai des points de désaccords avec cette moi du passé  ainsi que Mia Mulder (qui fait une histoire de la transphobie) ). Non parce qu’il est des âneries qu’il est trop long à détricoter, surtout quand on a déjà taffé sur ce sujet (donc autant se citer soi-même). ET ENFIN “Transexualisme”. Vraiment, ce mot là, il faut arrêter de le prononcer et de le penser; et le laisser uniquement aux personnes trans souhaitant l’utiliser pour elleux-même. C’est un peu comme les insultes homophobes et lesbophobes en fait. Pour le coup c’est un terme qui est indissociable d’une seule et unique chose et c’est de la psychiatrie. C’est-à-dire que c’était la nomenclature utilisée pour traiter des personnes transgenres pendant plusieurs décennies… et plusieurs décennies d’échecs de santé publique (d’où maintenant l’interdiction formelle de demander des diagnostics psychiatriques pour effectuer des suivi pour les transitions (bien que le dernier endocrinologue que j’ai vu a bel et bien demandé une recommandation d'un psychiatre dans le plus grand des calmes, en se justifiant pour ça d’être gay (véridique), qu’il lui fallait absolument cette attestation qui est parfaitement illégale)).



2.49 [à propos de la dernière affirmation] “Affectant un homme sur 20 000 ou 40 000.”

    Bon déjà, “Source?” “Contexte de la source?”. Puisqu’on peut bien voir que dans le monde tel qu’il est transphobe, il semble indispensable de savoir de quels chiffres on parle. Mais admettons qu’on prenne ce chiffre au sérieux, je vais prendre ma petite calculatrice. Attention c’est un exercice dangereux, ne reproduisez pas ça chez vous. Donc la voix-off a dit entre 1 homme sur 20 000 ou 40 000. Donc on va considérer une populations de 8 milliards de personnes sur Terre (pour être sympa avec le documenteur) et le chiffre de une femme transgenre sur 20 000 individus assigné homme à la naissance (encore une fois pour être sympa avec le documenteur). Donc on prend la moitié de nos 8 miliards, donc 4 milliards (là encore une je suis gentille avec le documenteur) et nous arrivons à 200 000 individus de femmes transgenres sur la planète; c’est qui n’est même pas la moitié de la population actuelle d’Hijras en Inde, au Pakistan et au Bangladesh (qui semble pourtant correspondre à la définition que semble donner le documenteure des femmes trans) (entre 500 000 et 1 million de Hijras (d’après le dictionnaire de l’Inde de Catherine Clémentin-Ojha, Christophe Jaffrelot, Denis Matringe et Jacques Pouchepadass)), population qui a lourdement été criminalisée durant la colonisation britannique, et qui reste actuellement largement stigmatisée encore maintenant (phénomène qui ne fait pas grossir les chiffres des populations donnés, j’espère que je n’ai pas à démontrer ça).

    Ah non mais écoutez, on m’prend pour une conne, je prend les choses au premier degré et je teste pour voir à quel point j’ai affaire à des gens qui se foutent de ma gueule. C’est quand même étrange, puisque cette étude sur 135 000 ménages canadiens parle quand même d’un total de 0,35% de la population canadienne qui serait transgenre, et que le documentaire présente un chiffre 7 fois moins élevé et ça m’étonnerait que le Canada soit si différent de la France.

    Bon ça continue sur le même registre, qui, pour sa réflexion, ne prend pas en compte qu’être trans est suffisamment stigmatisé socialement (et en grande partie main dans la main avec la médecine) pour que ça reste parfaitement secret, je vais pas dénoter tout l’étonnement que ça suscite dans le documenteur, surtout quand ledit documenteur a absolument envie de prouver que y a de plus en plus de personnes trans, et que ça les rend malheureuses ces trans (pour le coup, si vous m’avez bien suivi, vous pourrez aisément comprendre du coup, que ces personnes trans, auparavant étaient juste des cisgenres mal dans leur peau, avec tout ce que ça implique comme complication dans la vie); et que depuis qu’on en parle et ben y’en a de plus en plus.

    Je n’ai pas peur d’affirmer haut et fort qu’il n’y a pas de fluctuations particulières sur la population malheureuse avec son assignation de genre à la naissance, juste que maintenant cette population est bien plus visible qu’elle a la possibilité de franchir ce qui était auparavant en impossible sociologique (puisqu’un impensé total pour une bonne partie de la population).



4.00 De nombreux psychologues et des pédopsychiatres sont saisis aujourd’hui par des demandes d’adolescents en questions identitaires. Un quart sont des garçons, trois quarts sont des filles.

    “SOURCE?” d’une, et de deux, je vais donc ressortir mon étude canadienne qui me dit que dans son recensement que 50,7% des personnes trans de leur sondage étaient assignée au genre féminin à la naissance et que 49,3% étaient assignée au genre masculin à la naissance. “Non mais le docu il dit pas ça et touuut y parle de Les Jeunes” je sais bien qu’il ne parle
pas de la population générale, mais il sous-entend la population générale. Donc on va juste poser ça ici. Le docu va dérouler la rhétorique d’Ypomoni qui se base à peu près sur “Les filles veulent fuir la féminité parce que c’est trop dur la vie, c’est trop dur les règles, et quelques hommes manipulant le tout dans l’ombre des lobbys pharmaceutique et des lobbys transactivistes”. Je vous rappel qu’on en est qu’à 4 minutes de documenteur hein, et si vous voulez savoir, ça fait à présent 6 heures que je travaille là dessus, pas la version finalisée, juste la version préparatoire de ce texte qui a la base était juste une prise de note pour préparer une émission), et qu’à l’heure où j’écris cette prise de note stylistysée: JE DECOUVRE le documentaire, même si je n’ai visiblement pas besoin de l’avoir vu pour savoir ce qu’il dit déjà. Et vous allez rigoler, mais du coup, ce chiffre visiblement bidon (dont je n’ai toujours pas la source malgré ma volonté à la trouver), est actuellement utilisé dans la propagande transphobe, dans le sens “Il y’a trois fois plus d’hommes transgenres que de femmes transgenres et le transactivisme vise à faire disparaître la féminité.” (je déconne même pas, c’est ce que peuvent déclarer des personnes comme Marguerite Stern ou Florence Lina Humbert).


Adepte des âneries en ligne, voici donc une capture d'écran de Marguerite Stern en train de pratiquer la désinformation (en gros elle dit que les trois quarts des personnes trans sont assignées au genre féminin à la naissance (ce qui est faux comme nous avons pu le voir)).




    Bon, par décence, on va éviter de revenir en profondeur sur l’argumentaire qui suit, le “c’est arrivé du jour au lendemain, on n’a rien vue venir.” Si vos enfants ne vous parlent pas de leurs doutes quant à leur genre et que vous n’avez vue aucun signes, c’est qu’iels ont peur de votre réaction et savent pertinemment que vous pouvez les jeter dehors ou les forcer à fuir pour cette raison (vous pouvez vous en défendre autant que vous le voudrez, mais cela ne freinera pas cette crainte qu’ont une très large majorité des jeunes devant faire un coming-out). Ah oui, aussi, un autre détail: Il ne faut jamais sous-estimer à quel point nombres de parents peuvent ne pas voir ces signes, tout simplement parce qu’iels ne connaissent absolument rien à ce que sont les transidentités, les sexualités non-hétérosexuelles et les relations non-hétéromantiques. Faites en sorte de pas être les premiers minables que rencontrent vos enfants.

 



4.38 “Dans n’importe quelle pathologie cet accroissement brutal aurait déclenché tout les signaux d’alarmes des pouvoirs publics. Mais le sexe est politique et la rhétorique victimaire extrêmement aggressive.”

    En montrant enfin d’où viennent leurs foutus chiffres qui viennent de la clinique Tavistock au Royaume-Uni. *tire nerveusement sur sa clope*
TAVISTOCK J’EN PEUX PLUS D’ENTENDRE CE NOM DE CLINIQUE DE MERDE. (oui ce nom revient de manière frénétique chez les TERF ces derniers temps…)
Qu’on se comprenne bien. Les chiffres précédemment présentés dans le documentaire corrèlent parfaitement avec les statistiques présentés à l’écran à ce moment. Et cette abherration statistique n’était pas explicable autrement qu’avec un biais d’échantillonnage (aberration statistique qui est d’ailleurs utilisé, en parfaite connaissance de cause, pour généraliser le propos à toutes la population trans). Cette clinique semble avoir une population transmasculine bien plus élevée que les autres populations, et devinez qui nous sort de son fiak une multiplication par 15 des volonté de transition chez les jeunes mecs trans (j’vous la donne en mille).

Dès que j'ai besoin de trouver une énormité, soit Marguerite, soit Dora l'a sorti... c'est incroyable. En tout cas, ça montre que Stern a beaucoup aimé ce documenteure puisque ce 1500% d'augmentation de transmascs ne vient que de là et n'est corrélé que sur ce documenteure.


    Voilà voilà… et je ne sais toujours pas d’ailleurs si ces chiffres ne sont pas bidonnés d’ailleurs, puisque les médias anglais (même la BBC) se trouvent être excessivement peu fiables sur le sujet des transidentité puisque l’activisme transphobe a totalement phagocyté les médias dans ce pays (si vous voulez la lecture commentée par ma glorieuse personne d’un texte cauchemardesque ayant passé la publication sur site de la BBC). De plus, les quelques articles en français que je trouves citent… évidemment de la presse généraliste britannique (souffrant du même problème que la BBC). Bref, un milieu médiatique qui reprend, sans le remettre en cause, un autre milieu médiatique lui-même totalement parasité par une idéologie fasciste génocidaire (ah ui c’est la première fois que je dis ça sur cet article, donc t’as une petite heure de lecture, passe par là où je développe cette notion plus en profondeur), le tout dans un contexte où les seuls sources que je parviens à avoir à propos de cette clinique de mort ne vient que de militants·es anti-trans ou de média étant totalement acquis à leur cause… bref je ne peux pas démêler le vrai du faux dans cette histoire de clinique, en sachant (chose qui a été démontrée à mainte reprise précédemment) que nous avons affaire à des personnes totalement capables de mentir, en toutes connaissances de cause, pour servir leur idéologie. Pardon de ne pas être capable de savoir à quel point on se fait enfumer à propos de cette clinique, mais m’est avis que c’est à un point stratosphérique.

    Pour montrer mon abnégation à mettre les mains dans la merde, dans mes recherches, j’ai quand même trouvé un site qui parle du “grand complot juif” et de “l’état profond” et sur une vidéo nommé “L’institut Tavistock: Laboratoire d’ingénierie sociale (contrôle des masses)”… je suis pas désespérée au point de consulter ces merdes antisémites, faut pas abuser.


[Note d'après prise de note préliminaire: J’ai enfin réussi à gratter quelques infos, bon, je me limiterais à vous confier le communiqué de la clinique Tavistock, qui déclare qu’il y avait juste trop de patientèle et que son aile spécialisée dans l’aide à la transition pour les jeunes et ados sera divisée en plusieurs établissements pour pouvoir accueillir plus de monde et dans plus d’endroits… c’est tout.C’EST LITTÉRALEMENT TOUT. Pas plus, pas moins, le tout est tellement noyé de désinformation, que la clinique elle-même ne peut pas expliquer le pourquoi du comment de sa fermeture.]




5.30 “Les grands médias relaient complaisamment la propagande transactiviste toujours dans le même sens. Confirmation du diagnostique et acceptation sans réserve d’une réponse médicale et chirurgicale.”

    Le documenteure il se moque de moi j’espère. Ah non il se moque pas de moi? Z’êtes sûrs·es? Perso j’ai pas la télé (parce que… j’ai appris pendant mes études comment faire des émissions et voire qu’on propose de la merde comme ça avec autant de blé me fout le bourdon), mais des retours que j’en ai, c’est pas la même tambouille. C’est par exemple des militantes d’Ypomoni qui vont sur M6 faire la promotion des thérapies de conversion (pardon, de thérapie “d’affirmation”; ce qui est un mot pour cacher “conversion”); ou alors l’équipe d’Hannounnah en train de se poiler en cercle à cause d’un émoji d’homme enceint; ou alors Charlie Hebdo qui pour illustrer un article insultant le planning familiale parce qu’il a l’audace de proposer un petit lexique trans va dessiner une femme très très laide mais qui surtout à d’énorme bites veineuses à la place des seins; ou tout simplement Marianne qui a été convaincu de publier un papier où Dora Moutot et Marguerite Stern menacent de désubventionner le planning familial parce qu’il a eu l’audace de publier le dessin d’un homme enceint, panique morale d’ailleurs ayant été initié 24 heures auparavant par Némésis (bien connoté fémonationaliste quand même le bail tout de même).


    Là le docu est littéralement en train de se plaindre qu’il y aie des personnes transgenres qui puissent être invitées, parler et ne pas être psychiatrisées (chose qui est illégale, donc une faute professionnelle évidente en plus, qui devrait faire interdire d’antenne et de publication pendant quelques temps une part notable de nos médias (si la loi était appliquée, certes (heureusement que je suis illégaliste sinon je pourrais presque espérer quelque chose de la vie en générale))). Je sais pas, vous voulez que quand on est invités·e son vous laisse essuyer vos pompes sur nos gueules et qu’on dise amen à toutes les âneries racontées à notre sujet, ou c’est juste que le simple concept de notre existence qui est insupportable? Non parce que là, pour le coup je ne vois qu’un plaisir sadique et malsain dans cet énoncé.



5.47 “Les idéologues du genre ont récemment banni le terme transexuel, supposé stygmatisant, au profit du mot transgenre. Le terme est trompeur car il ne s’agit pas de changer de genre social de prénom ou d’apprendre à utiliser des cosmétiques. La démarche implique toujours de renier son sexe au profit de l’autre.”

    J’ai compris, c’est une caméra caché en fait le truc. Y a des gens dans mon placard qui vont sortir et hurler “PRANKED”. Bon déjà, comme dit plus haut, le terme transexuel, si on en veut plus, c’est pas pour faire des micmacs de terminologie, c’est juste que c’est la catégorie dans laquelle on était rangés·es dans la psychiatrie. Bon vous faites comme vous voulez des termes qui vous concernent, moi j’aime pas qu’on résume ma condition de transmeuf à un fait psychiatrique (déjà, c’est un fait social, et pas un fait psychiatrique donc c’est de la merde; et bon, j’suis aussi autiste et dépressive, pourtant je n’apprécie pas qu’on me nomme et résume par ces faits force est de constater que sur l’échelle de la malpolitesse et de la mesquinerie gratuite ça se situe assez haut).

    Ensuite, force est de constater que vous vous foutez de la gueule du monde en fait. On se file littéralement des conseils sur comment avoir un meilleur passing en fonction de la manière dont on marche (je vous jure); on se refourgue à longueur d’année des fringues; mon mec (qui est lui aussi trans) m’a littéralement appris à me maquiller (et je suis très très loin d’être un cas isolé)??? Et vous, vous sortez ça, dans le plus grand des calmes que tout ce qu’on veut c’est passer sur le billard??? Vous savez ce que c’est une vaginoplastie, une phalloplastie et/ou une ablation de seins??? Déjà, c’est chiant, c’est handicapant pendant pas mal de temps, ça coute giga cher (d’où les cagnottes), c’est douloureux pendant pas mal de temps. Je suis sous le choc en fait… même pas parce que c’est lamentable et radicalement faux, mais aussi parce que force est de constater que nous sommes l’opposé de la présentation que vous faites de nous. Vous ne savez pas qui sont les personnes transgenres.



6.32 “Une démarche qui un certains nombres d’entre eux, [en parlant des personnes trans] à réclamer un traitement hormonal et chirurgical de réassignation sexuel aux conséquences irréversibles.”

    C’est marrant ça, ce petit effet de rhétorique. Attendez, vous allez voir je vais faire la même arnaque, c’est assez discret pour passer inaperçu: “Il est possible qu’iel consomme du pain, qui pourrait accueillir une tranche de saucisson, ce qui fait qu’iel ne sera plus végan.” Vous avez le tour de passe-passe à présent? En fait, c’est un simple effet d’accompagnement (pour que le docu puisse dire “Ah non, on n’a pas dit ça” en fonction des circonstances). Puisqu’il est plutôt évident que les chirurgie de réassignation sexuelles ont des conséquences irréversibles, alors on glisse discrètement le sujet des hormones avec (qui sont dans une démarche assez proche hein). Et pour le coup… les hormones sont parfaitement réversibles en fait, quitte à potentiellement faire une autre hormonothérapie pour revenir en arrière si on souhaite. A la rigueur, ce qui peut poser soucis c’est les seins qui poussent quand on prend des œstrogènes… bon soit. Après ça pousse lentement, et si ça pose vraiment problème, il est possible de faire une chirurgie de réduction mammaire.



7.00 “Le transactivisme conduit à mutiler une génération de jeunes corps sains. Les mettre sous médication à vie et exiger que toute la société se conforme à cette croyance. Qu’il serait possible de naître dans un mauvais corps puis de changer de sexe sans aucun égard, pour la réalité ni la biologie.”

    Gnagnagna hey gro sayer j’en ai plein l’cul. “L’idéologie cisnormative conduit au suicide toutes les générations. Les mène à détester leurs corps, et à l’accepter en même temps et exige que toute la société se conforme à cette croyance. Qu’il serait possible de nier le fait qu’on est des êtres sociaux. Qu’on est résumés·es qu’à des organes génitaux, et encore ceux qui sont acceptables parce que sinon on force des gens à subir des traitements et des chirurgies contre leur volonté toute leur vie. Sans aucun égard pour le droit à l’autodétermination des personnes.”

    Moi aussi j’peux l’faire, espèce de docu de merde. Non bon, sérieux, déjà ça, le truc des corps sains et de la négation de la liberté de faire ce qu’on veut de nos culs, c’est très directement plus de 50 ans de féminisme foutu en l’air. Et surtout, encore une fois: Les enfants savent prendre ce genre de décisions, et prennent le temps d’en décider. Tiens, encore plus marrant, ces chirurgies là, de réassignation, vue que c’est quand même des décisions bien bien lourdes, que c’est des trucs compliqués à vivre pendant quelques mois et tout et tout… alors ça va vous étonner mais on peut pas les faire avant la majorité (sauf la réduction mammaire (et peut-être l’ablation des glandes mammaires ça j’en suis pas sûre par contre)). Alors, la majorité, c’est quand même qu’on est considéré comme étant adulte, et à minima capable de prendre toutes les décisions nous concernant. Du coup, vous aurez beau nous sortir “non mais le cerveau est pas totalement formé, il faut attendre 25 ans et tout ” (ce que sort Ypomonie, premier degré, pour faire reculer la majorité quant au droit à accéder aux chirurgies de réassignation sexuelles), mais encore plus marrant. Avec l’enchaînement d’amalgamer les hormones et les chirurgie de réassignation, ça sous-tend aussi d’interdire ces hormones avant 25 ans.


    Pour ce qui est de la médication de la vie; ben écoutez, si ça peut m’éviter de me foutre en l’air; épuisée d’avoir l’impression que vous m’insultez mes grands morts alors que vous me parlez juste dans la rue en me percevant dans le genre masculin, être incapable de me voir dans un miroir sans me cracher à la gueule, et avoir tenté plusieurs fois d’en finir; bon je crois que je vais me beurrer les avant-bras aux phyto-oestrogènes hein. Et d’un point de vue santé générale, de toutes façons, le mal être que vous nous infligez par transphobie est tellement considérable, qu’il n’est même pas considérable de parler en terme de santé publique de parler de problème que peuvent provoquer la prise de ce type d’hormones (qui pourtant existent hein, même si au bout d’un moment on a même plus besoin d’avoir un suivi rapproché (même au début la plupart du temps (‘fin vue que les médecins sont couramment incompétents·es, voire maltraitants·es avec le publique trans il est courant qu’on soit plus compétent·e que nos médecins sur pas mal de sujets))).


    Ensuite “naître dans le mauvais corps”… alors je vais vous apprendre un truc, mais souvent, quand on dit ça, c’est pour pas vous dire “De toutes façons t’es trop flemmard·e pour que je t’explique la version compliquée, donc je vais dire un truc con, et tu vas me foutre la paix.” Littéralement. Cette phrase convient parfaitement comme explication aux personnes cisgenres, et nous, ça nous permet de vous envoyer chier de manière extrêmement élégante. C'est un peu notre "Ta gueule c'est magique". Et là, sous couvert de stylistique c’est quand même la négation de la possibilité d’être trans. Du genre, non d’accord, j’existe pas. Ah bah c’est bien Nils, super pour le documentaire. Génial. Je vous remercie. Ah ben il est tout nul mais c’est pas grave hein. (cette référence est la preuve ultime que j’ai une partie de moi qui à lâché, et qui ressent le besoin de faire des références maudites).

    Et genre ça cause de nier la biologie… Alors bon, mis à part que c’est un des appel à la nature le plus éclaté possible. Vraiment j’ai même pas de commentaire supplémentaire à faire; c’est littéralement un équivalent du Point Godwin, mais dans la rhétorique de fascistes éclatés. Y a toujours un appel à “l’éternel naturel qui sommeil au fin fond de notre fiak”. Toujours des conneries de ce genre. Allez fumer du Patchouli en woofing chez Casasnovas, et foutez-nous la paix.






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Bon c'est la fin de cette première partie, les 7 autres sont actuellement en préparation, il faut effectivement procéder à la relecture et à la correction (parce que vue les tartines de texte qu'il y a, j'ai fait un kilomètre de fautes et même certains passages qui sont franchement obscures sont à complètement remanier). J'espère néanmoins que cela vous a éclairé, puisque ces textes sont particulièrement à destinations des personnes étant tombées dans le piège de ce document lamentable. Évidemment, ce texte est parfaitement libre de droit, vous en faites ce que vous voulez.

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