Débunk du documentaire "Trans Mauvais Genre: chapitre1 une épidémie mondiale" de Sophie Robert (partie 4 sur 8)

[CW: Psychophobie, transphobie, homophobie, connerie généralisée, parties génitales (oui encore), mention de chirurgie aléatoires, mention de fatigue de l'équipe derrière ce texte]


-Partie 1
-Partie 2
-Partie 3
-Partie 5
-Partie 6 

-Partie 7

-Partie 8

 


 

Trop marrant, j'ai mis des plombes pour cette partie. Ben oui désolée l'actu est compliquée on va dire, hein (cf les états-unis d’Amérique et l'avalanche de législations anti-trans). Et évidemment que j'allais fourrer mon nez là dedans. Évidemment aussi que j'avais besoin de prendre mon temps. Et évidemment que quand Patchwork me parle d'un dossier fumeux publié par l'Express moi je vais y foutre mon nez... je suis une guignole, que voulez vous, dès que j'ai la tentation de plonger dans la merde, je le fais.

Cette fois c'est Kumquat qui a mis son nez dans la correction, p'tit djeunz qui est en train de bidouiller des jeux-vidéos et qui est assez stupéfiant en terme de correction de texte. Et vue que j'suis une patate incapable de m'exprimer aisément, Dessifox, dessinatrice caricaturiste (mais qui fait pas dans les caricatures ordurières contrairement à beaucoup trop de ses collègues ._.), a aussi un peu mis son nez là dedans (donc y'a eu un peu deux personnes pour une correction (que voulez vous, je suis un peu quichouille sur les bords quand il s'agit de m'organiser avec des gens)).



ET OUI MEME ICI VOUS SEREZ SPOIL SUR CE JEU DE MERDE QU'EST HOGWARTS LEGACY DU CUL! Donc sur cette image, on y lit "Ton prof, Professeur Fig, meurt à la fin de Hogwarts Legacy. Ça arrive quelque soit le chemin que tu prenne, et ça ne peut être changé. Oh et Rookwood est celui qui a maudit Anne." Me remerciez pas, spoil les cuistres est un plaisir de tout instant.



De 29.05 jusqu’à 38.00 (on y croit, allez, si jamais y avait un vrai générique de fin, on arriverait à la moitié (c'est con y a pas de vrai générique ce qui fait encore plus de conneries à dépatouiller)!)


29.05 « Communiquer autour de sa transidentité, c’est sortir de l’anonymat et intégrer une communauté très réactive. Les jeunes en questionnement identitaire s’attirent mutuellement comme des mouches. La recherche attentionnelle est pour tous un puissant motivateur. »

    Merci Sherlock Holmes, c’est vrai qu’avoir une vie publique c’est sortir de l’anonymat. Bon pour le coup, ce qui est intéressant, c’est l’idée de communauté. Avant l’internet grand public, c’était tout un tas de petites communautés éclatées, qui parvenaient à se retrouver, un peu par cooptation, un peu par chance. Et du coup effectivement, les personnes minorisées s’attirent, puisqu’elles ont des vies similaires ; et qu’effectivement, c’est une recherche affective et une recherche d’appartenance à un groupe… puisque les autres groupes nous rejettent généralement. Et du coup, quoi de mieux qu’internet pour faire ça ? Quoi de plus pratique qu’internet pour trouver nos semblables et ainsi faire communauté ? Non sincèrement, c’est quand même plus efficace. Et en plus en se rendant compte qu’on est clairement pas seul·e et, à présent, plus si isolé·e, on peut parler publiquement de nos problématiques communes, n’est-ce pas commode ? Littéralement, ces quelques phrases parviennent à rendre négatif quelque chose qui ne peut qu’être vu positivement dans sa globalité. Je m’en ébaubi, si ce n’est pas une volonté de nous isoler, je ne sais pas ce que ça peut être.

De plus, cet argumentaire, se trouve être un des argumentaires les plus anciens de indécrottable de toutes idéologies LGBTIphobes: "Cet enfant fait ça pour attirer votre attention." "Votre ado fait ça pour vous faire chier." "Votre jeune adulte fait ça pour se démarquer." "Votre mari/femme cherche juste à vous faire culpabiliser." L'argumentaire de la recherche d'attention... Va falloir m'expliquer alors, pourquoi cette recherche d'attention ne semble pas aboutir. C'est à dire que l'on est sous représenté d'un point de vue médiatique, et d'un point de vue artistique... c'est peut-être PEUT-ÊTRE que la base même rhétorique est de juste d'imaginer un château de carte pour dire qu'une personne n'est pas gay/trans/bi/lesbienne. C'est néanmoins assez épatant de voire réapparaître une à une les logorrhées homophobes  antédiluviennes pour les recycler en logorrhées transphobes... Assez épatant et c'est ne pas compter sur le fait qu'on aie une quelconque mémoire.




29.20 « En miroir des influenceurs, les ados mettent en scène leur transition sur la toile, où ils vont cumuler des likes et des followers. »

    Donc si j’en crois ce qu’il se dit là, littéralement, si on parle de nos vies, c’est monter une scène de film. Comme si ces petits morceaux de quotidiens n’étaient pas des scènes que l’on a vécues. Comme si, nous vous racontions ça, uniquement pour le plaisir d’être vu·e. Comme si notre monde entier était un théâtre. Sauf qu’il y a un problème avec ça : Ces violences, nous les vivons, ces bonheurs, on les vit aussi. Douter de ça, par simple principe, équivaut alors à douter de tout, absolument tout, et il s’agit alors de le faire avec tout de la même manière, sinon, cela tourne à la fascination morbide pour un groupe. Il se trouve que ce groupe là, c’est les trans, mais cela pourrait tout autant être n’importe quel autre groupe minorisé (d'ailleurs un phénomène que l'on voit, s'accomplir dans les groupes anti-trans qui se mettent progressivement à souscrire de plus en plus à l'exclusion à d'autres couches de la populations, les personnes bisexuelles en tête; mais aussi les personnes racisées (à commencer par les juifs·ves)).


    D’ailleurs les propos suivants, parlent des problématiques liées aux réseaux sociaux et aux réactions qu’a le cerveau. C’est à dire la délivrance de dopamine de manière artificielle liée à l’audience que l’on a, problématique effectivement réelle, et dont je ne me permettrais pas de douter (puisque j’en ai personnellement fait les frais, ainsi que nombres d’amis·es qui me sont chers·ères). Mais le fait d’en parler, et de lier cette idée au fait que la communauté trans arrive à s’exprimer sur internet (donc aussi sur les réseaux sociaux), me trouble sincèrement. Déjà, c’est ne pas prendre dans son entièreté ce qu’est le phénomène d’expression sur les réseaux sociaux, qui est bien plus complexe qu’une présentation aussi simpliste qu’une conception biologisante. Ensuite, il est à prendre en compte, quand on parle de groupes minorisés, l’isolement relatif, et donc une visibilité moindre que des catégories qui ne seraient pas minorisées. Il faut aussi prendre en compte, et à cause, entre autres, de cet isolement, les risques de harcèlement constants ; n’importe quelle personne tenant un compte ayant un tant soit peu de visibilité tout en étant publiquement trans se doit d’utiliser plusieurs outils pouvant augmenter sa protection face au harcèlement. Et cela n’est très clairement pas suffisant, puisqu’il semble absolument tolérable que les réseaux sociaux acceptent des comptes uniquement dédiés au harcèlement ; je pense entre autres à Libs of TikTok, qui est allé jusqu’à provoquer des menaces d’attentats à la bombe aux États-Unis, ou en modèle français à des acteurs (pour le moment) avec des conséquences moindres comme Psyhodelik (pour en savoir plus, je vous conseille de consulter un compte twitter, Toxik Psyhodelik, qui est dédié à dénoncer les harcèlements provoqués par ce triste sire : https://twitter.com/ToxikPsyhodelik [compte qui a été supprimé depuis... JE SUIS DÉÇUE MES SOURCES SE MEURENT] ). Parler publiquement, c’est accepter de s’exposer et de prendre le risque de devenir une cible, pour le meilleur et pour le pire. Bref, aussi absurde que ça a l’air d’être : Il n’est pas si aisé que ça de gérer beaucoup de personnes consultant ce que vous postez sur internet, particulièrement quand vous faites partie d’un groupe social discriminé. Le prix à payer est trop grand pour que l’on accepte ce risque juste pour un shot de dopamine.



30.34 [En parlant des jeunes trans sur les rézosocios] « En retour, ils reçoivent un love bombing, qui les conforte dans leur démarche et les pousse à aller encore plus loin pour mobiliser l’attention de leurs fans. »
    À deux doigts de criminaliser le soutien moral par ses camarades. Et complètement en train de dire que si on avance dans nos transitions c’est pour gratter du like. J’avoue que, pour voir des comptes qui ne sont pas uniquement des influenceurs·euses (genre, des potes que j’ai grâce au tout puissant internet, incroyable) ; je vois nettement plus les doutes, les galères, les demandes d’aides matérielles (genre, payer le loyer, pouvoir bouffer, rien que ça), et trop souvent les camarades presque à bout qui confient leur mal-être. Alors oui, il y a peut-être des décharges affectives à ces moments-là, mais c’est bien plus pour préserver la santé de personnes à qui l’on tient sincèrement que pour les encourager à prendre des hormones ou à faire des opérations. De plus, ce passage part du principe qu’il est enfantin de s’hormoner quand on est trans… chose qui ne saurait pas être plus fausse. Par exemple, si je devais me fier uniquement au circuit légal, je n’aurais qu’à espérer que le seul endocrinologue (dans un bassin d’un demi-million d’habitants·es) qui m’est accessible prenne une nouvelle patiente, et que mon psychiatre accepte (malgré l’illégalité de ce document, l’ordre des médecins continue à forcer les endocrinologues de le demander) de remplir une autorisation à me prescrire des hormones ; ma seule autre solution légale étant de me tourner vers l’associatif (et c’est celle que j’ai choisie). Alors je ne vous dis pas la galère pour trouver des chirs qui ne sont pas plus bouchers que chirurgiens·nes quand c’est pour des opérations de réassignation sexuelle. Donc oui, chaque camarade réussissant à faire tout ça est toujours considéré·e comme un·e camarade victorieux·ses, puisqu’on sait quelle galère c’est.




30.52 « La mise en scène de leur transition peut même devenir une profession, dont les influenceurs trans espèrent vivre grâce aux revenus publicitaires générés par le nombre de vues et le merchandising. »
    Excusez moi, j’étais en train de m’éventer avec des biftons de 500 balles, j’ai pas bien compris ce qu’il était en train de se dire ici. Sans continuer cette blague plus longtemps, du coup, comment se fait-y donc que l’on demande du flouze quand on fait des trucs sur internet ? Genre, par exemple, je crois que je vais vous surprendre, mais, nous sommes dans une société avec un chômage de masse. Bien qu’il soit possible de manipuler les chiffres, il est inutile de démontrer qu’il y a de moins en moins de travail salarié. Et on parle, ici, d’une population surreprésentée dans les demandeurs d’emploi, et bénéficiant des minimas sociaux. Surreprésentée aussi dans les échecs dans les études supérieures. Et ça, c’est pas parce qu’on est particulièrement nazes, c’est qu’on se fait jeter. On n’est pas embauchés·es et, quand on l’est, on se fait virer. Mais malgré tout, il faut bien occuper notre temps, et donc… ben on se met à parler, à faire des trucs et à publier des choses, entre autres, sur internet. Et vu qu’on ne peut visiblement pas taffer dans les circuits classiques, eh bien on trouve d’autres moyens. Et ça signifie beaucoup de choses ce « d'autres moyens », néanmoins je ne suis pas forcée, pour le moment, de développer, donc je me contenterais juste de dire que si on fait ça, c’est parce que ça devient notre taf à plein temps, dans des moments où l’on ne trouve pas de taf à plein temps.




31.16 « Ces influenceurs exhibent fièrement leurs photos « avant-après », manifestant ainsi une très faible dysphorie. Il s’agit plutôt de jouir d’un hyper-contrôle sur son corps et reproduire dans le réel le fantasme d’une transformation devenue un métier. »

    Pas du tout. Le fait de faire des photos « Avant-Après » vient bien plus des réseaux sociaux, et est lié à une sempiternelle question/remarque que l’on a de personnes ayant du mal à sauter le pas mais le souhaitant : « Je n’arriverais jamais à être un homme/une femme convaincant·e. » C’est bien plus pour rassurer des personnes n’étant pas tranquilles quant à leur possibilité de transitionner physiquement. Ces « avant-après » sont uniquement là pour dire que oui, c’est bel et bien possible.




31.40 « Les influenceurs trans exhibent leur transition comme un spectacle de téléréalité, ils convient le monde à mesurer l’effet des hormones sur leur organisme. La testostérone les conduira t-elle vers une apparence crédible ? Ou bien faudra t-il revoir ses ambitions à la baisse et se contenter du qualificatif de non-binaire ? »

    Cher documenteure : Je t’emmerde.
Pas cordialement du tout,

Une transmeuf non-binaire chez qui le traitement hormonal de substitution fonctionne plutôt très bien.


     S’il est une chose parfaitement insultante pour les personnes non-binaires, c’est bel et bien de leur dire qu’elles ne sont qu’un effet de mode, voire qu’elles sont des trans ratées. Déjà, puisque ce genre de propos transphobes viennent aussi de personnes trans (oui, il y a des personnes trans suffisamment désespérées d’être appréciées par les cis pour en arriver à ce genre de bassesses) ; mais elles sont aussi une idée préconçue assez minable à propos des non-binarités (et très euro-centrées, de plus). Si l’occident est frappé par la surprise quant à l’arrivée des non-binarités, c’est bel et bien parce qu’il a farouchement combattu la diversité de genre, en suivant les préceptes catholiques, et a marqué du sceau de la sodomie toutes personnes déviant des normes de genre. Que cela soit en Europe, ou plus tard dans ses colonies. La non-binarité est d'une grande banalité quand on ne la combat pas farouchement.


Donc oui, les hormones peuvent ne pas réagir comme prévu, ou régir beaucoup plus que prévu (je pense notamment à toutes les copines qui ont directement commencé par les injections et qui se sont retrouvées avec des taux d’hormones comparables aux femmes cisgenres enceintes) ou beaucoup moins que prévu. Et sachez que ce n’est pas un drame : Il existe une profession médicale pour nous aider et c’est les endocrinologues.



31.59 « Les jeunes transidentifiés fantasment sur les effets des mutilations qu’ils s’infligent emballés avec des paillettes. Et le soutient de faux amis qui les lâcheront au moindre doute. »

    On rappelle, quand même, que pour des groupements comme Ypomoni, la prise de testostérone chez les mecs trans a comme effet secondaire, la prise de muscle, la voix qui mue, les poils qui poussent (si vous n’étiez pas au courant, c’est littéralement les effets recherchés). [Note du correcteur: Attention prendre du paracétamol risque de réduire les maux de crâne!]

Ensuite, à quelle heure on fantasme sur les opérations ? Encore une fois, on parle de la lourdeur de ces opérations, et on est conscients·es que les semaines voire mois à venir après ne sont pas idylliques. Et si on peut les faire, c’est parce qu’on est soutenus·es…

… tout comme on est soutenus·es quand on ne peut pas, ou ne veut plus les faire. Je n’ai pas d’étude à sortir comme ça, mais je suis prête à parier ma main droite, que tant que des personnes détransitionnant ne se montrent pas transphobes, elles sont tout autant soutenues que le reste de la communauté. Si ce n’est pas le chemin qui leur semble bon pour elles, alors qu’elles vivent leur meilleure vie. Et ce n’est pas nécessairement le genre de chemin qui est le plus marrant à rebrousser, chose dont on a aussi conscience. Il s’agirait de ne pas parler à la place des détransitionneurs·euses (et de ne pas partir du principe que les détransitionneurs·euses qui se retrouvent bloqués·es et enfermés·es dans les circuits TERF sont la voix de la majorité), pour ne pas leur prêter des propos qu’iels n’auraient pas (chose que, néanmoins, je fais à présent, je vous prie d’accepter mes excuses, je ne pouvais pas ne pas me dresser face à un propos manifestement faux ; même si je ne suis pas, de facto, la meilleure ambassadrice pour parler de ça).

 

Une photo de fin de cursus (la tradition du "Yearbook" pour les diplomés·es de l'année), comme on le fait aux Z'Etats-Z'Unis de Z'Amérique, avec un gars, nommé Phuc Nguyen. Et vous savez, avec ces photos, les élèves on leur petit citation. Et bien, ce génie sort "Phuc y'all, I'm out!" 


32.06 « Ils sont bien trop jeunes pour penser à la mort, aux conséquences de la stérilité, et les torts infligés en cascade à leur organisme. »

    Alors, je vais prendre un exemple international, oui encore, bienvenue dans un monde mondialisé, mais connaissez-vous l’espérance de vie des femmes trans au Brésil de Bolsonaro ? En considérant que l’espérance de vie moyenne y est de 70 ans. 60 ans ? 50 ans ? 40 ans ? Non, bel et bien 35 ans (source) (ce qui veut dire qu’à mes 30 ans, je serais déjà une vieillarde si j’étais brésilienne). Alors, vous me répondrez qu’on doit quand même salement tabasser notre corps pour en arriver à une espérance de vie divisée par deux, eh bien, pas particulièrement en fait (si vous voulez consulter par vous même: épluchez ça). Seules l’exclusion et les violences sociales peuvent expliquer cette division d’espérance de vie. Littéralement, ce qu’on fait de notre corps est favoriser certaines maladies (comme le cancer du sein) et en réduire d’autres (comme le cancer de la prostate) (je parle ici, des transitions féminisantes, mais c'est le même type de problématiques dans les transitions masculinisantes). Et ce type de documenteure, ainsi que les groupements politiques comme l’Observatoire de la Petite Sirène et Ypomoni, font partie des groupements politiques qui, s’ils atteignent le grand public, diminuent sérieusement notre espérance de vie (ici, cet article parle de plus du triplement des agressions homophobes et plus du quadruplement des agressions transphobes au Royaume-Uni (principale source d’inspiration intellectuelle pour nos TERFs locales) ; entre 2014-2015 et 2020-2021).

Et le pire, c’est qu’on en parle de ces conséquences pour la santé, mais vu que l’on se fait de plus en plus dégommer par agressions, il semble que ça ne soit pas le sujet le plus urgent sur lequel faire de la prévention (en prenant en plus, les faibles conséquences négatives qu’ont les transitions sur nos santés). Excusez moi, mais je souhaiterais vieillir suffisamment pour pouvoir remplacer mon cancer de la prostate par un cancer des seins.



Et à la suite de ça, le retour de la panique morale autour de la clinique Tavistock qui ferme… Bon, il est temps de considérer que tout document ne venant pas directement de la patientèle de la clinique Tavistock ou des médecins y ayant travaillé est caduque [NDLA: On verra plus tard que même certains·es des anciens·nes toubibs de ladite clinique sont pas franchement des pointures dans leur domaine]. C’est à dire que c’est un travail que l’on pourra donner, dans quelques dizaines d’années, à des historiens·nes, pour en démêler le vrai du faux, mais qu’avant il sera difficile d’en savoir un traître mot. Les groupements anti-trans ont parfaitement réussi leur travail de sape pour une information de qualité en Grande-Bretagne à propos de sujets autour de la transidentité. Aucun recul critique n’est pris rapport à ces groupes fascistoïdes parasitant irrémédiablement toutes infos sur le sujet dans les médias adressés au grand public (et c’est pour éviter cette situation en France que j’écris inlassablement ces lignes, afin d’éviter ce parasitage ultime ; si confortable à la majorité cisgenre, mais surtout totalement faux). Si vous souhaitez faire le travail d’information autour de la clinique Tavistock, faites donc ; voire même je serais honorée de vous aider si vous en ressentez le besoin. Mais sachez que la quasi-intégralité des données que vous parviendrez à trouver sur le sujet mènera à des groupements anti-trans. Donc quand il est déclaré dans le documenteure « La clinique Tavistock ne se souciait pas de la santé de sa patientèle trans », la seule chose qu’on peut en dire c’est que ce n’est ni vrai, ni faux. Trop de désinformation à ce sujet plane pour qu'il soit compréhensible, et les informations reportées là dessus, de par la différence radicale avec le reste des données sur le sujet, font bien plus penser à un bidonnage des données repris sans recul critique, qu’à un quelconque traitement de l’information digne de ce nom.

Surtout, il est nécessaire de considèrer que le concept de différence entre les genres est acquis, tout du moins, dans ses impacts sociaux directs, dès l'âge de 18 mois, et là je ne me fies qu'au consensus scientifique sur le sujet (et que donc, un sentiment de décalage profond entre la manière dont on est considéré peut, théoriquement, apparaître dès cet âge); parler du fait que les plus jeunes sont complètement irresponsables pour penser à elleux-même dans ce spectre, cela relève de la rude déconnade, voire d'un profond manque de sérieux que de considérer les enfants comme étant irresponsables sur la question (ce qui est en plus montré dans les mesures du bien-être suite à l'accès à la transition pour les plus jeunes).




35.13 « La transidentité partage avec l’anorexie un parcours d’anxiété sociale intense, l’automutilation et l’obsession du contrôle du corps. Très répandus sur les réseaux sociaux il y a une vingtaine d’année, les sites Pro-Ana dispensaient des conseils aux jeunes femmes pour maigrir et tromper la vigilance de leur entourage. L’effet de contamination sur les jeunes filles était si évident que ces sites faisant la promotion d’une maigreur morbide ont été interdits. »
    Si je devais m’attendre à toutes les bassesses rhétoriques, j’avoue néanmoins que celle-ci me stupéfait. Bon, on va devoir donc citer les différences entre les mouvements Pro-Ana et les mouvements trans. Déjà, les TERFs pourront le dire autant qu’elles le souhaitent, mais il n’y a aucune psychiatrisation viable à propos de personnes transgenres. On a essayé pendant des années, c’était de la merde. La théorie blanchardiste (l’ancien modèle, qui était psychiatrisant, pour traiter des transidentités, modèle contre lequel les militants·es trans ont ardemment lutté au vu des dégats qu’il a causés) fût un échec cuisant (modèle que pourtant nos « amis·es » TERF souhaiteraient voire revenir, voire durcir à l’extrême, et ce malgré son inefficacité crasse).

En ce qui concerne de l’anorexie et de la boulimie, elles sont rattachées aux TCA (Troubles Compulsifs Alimentaires), et se caractérisent par un manque de contrôle conscient sur l’alimentation (ce qui peut être particulièrement handicapant dans la vie de tout les jours et provoquer des problèmes de santé). On retrace, dans les causes présumées aux TCA, des problèmes liés à l’éducation alimentaire (avoir trop privé ou trop forcé sur la nourriture durant l’enfance), mais aussi des problèmes liés aux injonctions à convenir aux normes de beauté (aaaah Marie-Claire et ses 50 conseils pour avoir un Summer Body). Quant à l’apparition de la transidentité ? Elle ne semble pas avoir de sources claires, mis à part la simple énonciation que c’est possible. En tout cas, il n’a pas été repéré d’autres logiques à l’augmentation des personnes se reconnaissant comme étant transgenres que la simple libération de la parole. Une simple possibilité énoncée, et la société semble s’effondrer, comme si elle voulait contraindre un phénomène social totalement normal et sain. En bref, l’amalgame fait ici ne tient que dans la tête des personnes qui ont monté ce documenteur et des personnes souhaitant, au-delà de toutes raisons, démontrer que l’augmentation du nombre de personnes transgenres est un problème pour la société.




35.25 « La contamination sociale des pathologies psychiatriques est un phénomène connu depuis très longtemps. En 1518, les alsaciens se sont mis à danser avec frénésie jusqu’à ce que mort s’en suive. »

Non… ne me dites pas que le docu va oser faire ça…



35.31 « Plus récemment, les réseaux sociaux ont été le théâtre d’une flambée de syndromes de Gilles de la Tourette. »
Oh merde, je crois que c’est bel et bien à ça qu’on reconnaît les cons·nes.




35.44 « Un peu plus glamour, la mode des Hauts Potentiels Intellectuels ou encore du Trouble Dissociatif de l’Identité, sévissent sur la toile. »

C’est bel et bien qu’iels osent tout, mais absolument tout. J’en suis bouche bée.



35.49 « Produisant par contagion des cohortes de spécimens autodiagnostiqués. »
    Non mais c’est bien, y a même pas besoin de parodier, y a le tout en fait. Donc vous avez compris, si vous avez un trait suffisamment discriminant, il ne faut surtout pas en parler, ni encourager les autres à en parler, sinon, vous aller contagier de partout là. Pour ma part, je n’ai pas de d’expertise suffisante pour pouvoir désembrouiller l'intégralité cette mêlasse lamentable. Non, je ne suis pas spécialiste de l’Alsace de la Renaissance. Non je n’y connais rien au syndrome de Gilles de la Tourette, la seule chose que je sais du HPI c’est que la nomenclature n’est absolument plus utilisée en psychiatrie parce qu’elle ne donne aucun résultat efficace ; et à propos du TDI, ce que j’en sais c’est que je connais personnellement des personnes ayant un TDI, et que le stigma social est tellement violent que simplement énoncer le fait que l'on a un TDI suffit à se manger des vagues de harcèlements (sous prétexte qu’iels se la pèteraient sur les rézosocio parce que TDI), et que trouver des psychiatres qui acceptent de ne pas les enfermer dans des instituts mais de les aider se révèle être le parcours du combattant (en vrai, j’ai plus que des connaissances basiques sur le TDI, mais n’étant pas directement concernée, je ne me verrais pas avoir l’outrecuidance d’intervenir trop en mon propre nom).



36.30 « La transidentité implique un rejet de son propre corps, une phobie de ses organes sexuels .»

    °Toux gênée° Non mais j’ai fait une pause d’une bonne semaine dans le taf préparatoire, parce que je commençais à péter un boulon à force ; et franchement je suis incapable de m’y faire. C’est toujours naze, mais c’est rarement surprenant. Et encore une fois, je vais donc corriger des cis qui parlent des trans : Non. La dysphorie génitale n’est pas nécessairement vécue quand on est transgenre. On est même nombreux·ses à ne pas la vivre (attention, je fais un peu de divination, mais à un moment, ça va sortir « Autogynéphilie », phénomène qui n’a su prouver qu’une chose, que, si ça existe, cela existe nettement plus chez les femmes cisgenres que transgenres (et oui je reviendrai plus précisément sur le sujet si on vient à en parler)).


D'ailleurs, ce propos est tenu dans un sous-chapitre du documentaire nommé “Phobies et évitement”. Je ne rigole même pas.




36.58 “Plus on cherche à échapper à quelque chose, plus on est incapable d’y faire face.”
    Ah oui, du coup maintenant la transidentité n’est que la manifestation de la peur qu’on a de notre propre corps ? C’est vraiment ça le tas de merde que tu me sors ?




37.34 “Les phobies se fabriquent parce qu’en cherchant à éviter une émotion désagréable, on ne fait que la renforcer. Le seul moyen d’y remédier, au contraire, c’est de s’exposer progressivement à l’agent phobogène, par petites touches progressives ; jusqu’à ce que l’angoisse s’estompe, et ne suscite plus d’émotions négatives.”
    Vous savez ce qui vient de se dire, ici, entre les lignes ? Oui, c’est bel et bien une promotion des thérapies de conversion (astucieusement renommées “Thérapies exploratrices”). Pour le rappel, ceci est illégal ; et il me semble terriblement compliqué d’avoir une autre interprétation au vu du contexte d’énonciation. Et d’ailleurs, l’illégalité de ce procédé vient de la brutalité du procédé, voir de sa non-efficience à réduire le mal-être des personnes (les personnes trans passant par les thérapies de conversion, tout comme leurs camarades cis-gays, voyant leurs probabilités de tendances suicidaires multipliées par 10); en plus de ne pas avoir une quelconque efficacité dans le but recherché (non, mentir à ses proches n'est pas ne plus être lgbti+, c'est juste être retourné·e de force dans le placard). En bref, s’il ne fallait utiliser qu’un passage du documentaire pour démontrer son caractère assassin, à l’échelle sociale, je pense que celui-là serait un très bon candidat.




38.00 “Parce que c’est un mouvement intensément prosélyte, le militantisme transidentitaire fabrique de toutes pièces des phobies corporelles chez les adolescents à qui il fournit la possibilité d’effectuer un évitement de leur corps sexué. Des mantras comme “Être né dans un mauvais corps”, des concepts comme “Femme à Pénis” et “d’Homme Enceint” combinés à de multiples exemples de transitions ; incitent les adolescents à penser qu’il est possible d’échapper à son propre corps. Ce que l’on veut éviter devient obsédant, c’est ainsi que des dysphorie de genre se créent de toutes pièces, par contagion sociale et se renforcent au sein de la communauté trans.

    Bon c’est bel et bien ce que j'énonçais dans le paragraphe précédent, néanmoins, c’est plus la version “Homebrew” de la thérapie de conversion. Qui consiste, en premier lieu, à couper l’ado de ses accès aux réseaux de communication (donc pas d’internet, pas de portable ; ce qui, vous l’imaginez, n’est jamais bien vécu). Ces thérapies peuvent aussi comporter des violences physiques, analogues à de la torture. Évidemment que cela passe par la déscolarisation de l’enfant, et par la rupture de ses liens sociaux ; puisque des intervenants·es extérieurs·es pourraient agir à l’encontre de ce qu’il se passe (comme les services sociaux par exemple (parce que d'un point de vue pratique, c'est de la torture, je rappelle)). Je ne saurais pas résumer 2 heures de propos de Caelan Conrad et vous invite ainsi très chaudement à consulter directement son travail qui est bien plus précis que ce que je pourrais en dire (qui se trouve être didactique et en même temps extensif·ve sur le sujet) (juste là).

Alors pourquoi je vous parle directement des thérapies de conversion alors que le documenteure parle juste de l’influence du grand méchant internet trans sur nos chères têtes blondes ? N’est-ce pas un tant soit peu prématuré ? Et bien, imaginez,
ce que font les parents, après avoir eu ce type de documents sous les yeux. Avec cette présentation absolument diabolique, qui ne permet aucun doute quant au phénomène de contagion sociale (chose qui n’a, pour le coup, jamais été démontrée au sujet des transidentités avec des études dignes de ce nom). Il devient évident que la première chose que vont faire les parents, paniqués suite à ça, c’est d’aller chercher des groupes “d’entraide” de parents d’enfants trans. Je vous en supplie, ne faites pas ça. Ne faites jamais ça, sauf si vous souhaitez ardemment entrer dans des groupes sectaires qui vont vous inciter à maltraiter votre enfant. Entrez en contact avec un centre LGBTI+; avec AIDES, avec Contact, avec SOS Homophobie ; mais n’entrez pas dans cette spirale fascisante. Et ça, je le dis, surtout pour le bien être de votre enfant ; mais aussi pour votre propre bien-être : On ne devient pas fasciste en étant heureux·ses ; et ces groupes vont vous rendre paranoïaque d’absolument tout, et vous faire penser que tout ce que vous voyez est le fruit d’un grand complot. Évidemment qu’on veut pas forcer votre enfant à transitionner ; mais évidemment que, s’iel le souhaite et y a réfléchi en toutes connaissances de causes, il n’y a pas de raisons tangibles pour l’en empêcher. Renseignez vous auprès de personnes connaissant le sujet ; voire, si votre enfant suit des personnalités publiques trans, contactez-les; voire, si vous êtes en panne d’inspiration, contactez-moi ; je suis prête à vous consacrer des heures et des heures si ça peut mener votre famille à être plus heureuse, et je suis très loin d’être la seule. Mais je vous en supplie, ne rejoignez pas ces faux groupes d’entraide. Et si vous êtes déjà dans ces groupes là, je vous en supplie : Fuyez, au plus vite. Si on vous recommande un ""traitement"" semblant maltraitant pour votre enfant, ce n’est pas une apparence ; c’est un fait.

Bon, ensuite, puisque j’en ai absolument plein le fiak d’entendre “Né dans le mauvais corps” utilisé à tout bout de champ, j’ai profité d’avoir une petite plateforme publique sur Twitter et sur Mastodon pour demander à mes followers ce qu’iels pensaient de l’expression “Né dans un mauvais corps” dans un sondage. La limite méthodologique est assez évidente, c’est des sondages sur réseaux sociaux, et j’ai demandé une réponse uniquement de la part de personnes transgenres ; néanmoins je n’ai aucune certitude que des personnes cisgenres ne se soient pas immiscées dans le vote; néanmoins pour ne pas frustrer les cis qui me suivent, j’ai laissé la possibilité de voter “Voire résultats”, ce qui limite grandement la possibilité que des non-concernés s’expriment alors qu’iels sont invités·es à ne pas le faire. Aussi, en biais plutôt évidents, j’ai un positionnement très clair pour les luttes trans, je m’oppose au transmédicalisme et je suis publiquement anarchiste (plutôt tendance intersectionnelle, variante écolosocialiste et municipaliste libertaire si vous voulez tout savoir). Voilà, je vous dis ça, uniquement parce qu’effectivement, ça change le public que je touche et que ça biaise ce genre de sondage (communément ce qu'on nomme le biais d'échantillonnage). Et si vous voulez tout savoir, je me permets de prendre au sérieux les résultats que j’ai, parce que, malgré les biais, je les trouve très parlants. Il y avait donc trois votes possibles, autres que “voire les résultats” : Sur un sondage twitter, à la question posée : “Être né dans le mauvais corps” ça vous fait penser à quoi ? ; sur 343 personnes, 52,8% voulaient voir les votes. 22,2% disaient que c’est “Du cis Bullshit” ; 2,3% disaient que “ça désigne un vrai truc” ; 22,7% disaient que c’était un mélange des deux réponses précédentes ; . Sur Mastodon, à la même question et donc exposée au même type de public ; sur 32 votes; 38% parlent de Cis Bullshit ; 0% disent que ça désigne un vrai truc ; 25% disent que c’est un mélange des deux notions précédentes ; 38% voulaient voir les votes.

    Bon, on pourrait prendre en compte les votes majoritaires, qui sont au final les petits·es curieux·ses;
mais sur les questionnements autour des transidentités, beaucoup de personnes cisgenres s’intéressent sincèrement au sujet et souhaitent juste nous comprendre (et il se trouve qu’on les entend peu parce qu’iels nous écoutent sans la ramener). À ces camarades, je leur donne tout mon respect, mais ça ne donnerait pas grand chose de probant si je prenais cette partie du sondage en compte. Par contre, on détecte une minorité très claire, celle qui prend à son compte l’expression : 2,3% sur le sondage twitter et littéralement personne sur le sondage mastodon. Dans les expressions choisies dans les sondages, sachant que ça allait être la partie qui n’allait pas briller, j’ai essayé de le mettre en avant artificiellement en utilisant une expression vague et peu définitive, au contraire des personnes qui s’opposaient à cette notion, qui n’avaient qu’une expression très définitive et très sèche là dessus. Ensuite, je peux m’attarder un tant soit peu sur le vote “du pur Cis-Bullshit” (22% sur twitter et 38% sur mastodon), le choix de ce terme était non seulement très sec mais exprimait mon opinion personnelle là dessus ; opinion que j’ai vue néanmoins assez partagée sur l’expression. C’est à dire que c’est un rejet en bloc de cette logique et de la terminologie "Né·e dans le mauvais corps", qui est considérée comme étant du pur domaine de compréhension cisgenre ; voire qu’elle est très franchement insultante quant à nos corps. Ainsi, ce vote marque une très franche incompréhension de l’usage de ce terme quant à nous. Enfin, la réponse “Mélange de bullshit cis et de vérité” (22,7% sur twitter, 25% sur mastodon) est intéressante quand on lit les commentaires sous le-dit sondage (puisque ce sont les personnes s’étant le plus exprimées). Des réponses que j’ai eu, cela se situe entre “Je me le suis réapproprié au début pour mieux comprendre, mais je ne l’utilise plus maintenant” et “C’est une réalité pour certaines personnes, mais pas pour moi.” Avec le fait marqué de notifier que c’était une terminologie réductionniste, qu’elle impliquait d’avoir nécessairement de la dysphorie de genre (chose qui n’est en rien nécessaire pour être transgenre) et qu’au final c’était plus un boulet conceptuel qu’autre chose.

Donc, au vu des résultats, je peux enfin dire mon opinion sans trop me soucier de ne pas être représentative : ARRÊTEZ DE L’UTILISER POUR QUALIFIER D’AUTRES PERSONNES QUE VOUS. L’usage qui en est fait est clairement à considérer comme étant purement et simplement abusif ;
s’il ne vient pas de la personne le déclarant.



    Pour ce qui est de parler de meufs à teubs (pub non-dissimulée pour un podcast de qualité, je le conçois) et de mecs enceints… bon c’est des sujets de cristallisation du débat public ; mais pour le coup : Vous pensez qu’on va se priver de notre droit à faire ce qu’on veut de notre corps ? Vous croyez vraiment qu’en plus, cela vous regarde ? Parce que, non seulement ça existe, ça a toujours existé, et ça continuera d’exister, même s’il est décrété que ça n’existe pas par je ne sais quelle règle farfelue que vous souhaitez imposer. C’est factuel, si l’on reconnaît que l’on parle de fonctions sociales plastiques, alors c’est des corollaires nécessaires. Néanmoins, il est possible de décréter l’inflexibilité des identités de genres, et des parcours qui y mènent. Mais cela revient à une surveillance constante de tout individu, et aux demandes de conformité stricte à des normes de genre en fonction du sexe (malgré tout ce qui est dit à propos de la libération de femmes, c’est le seul et unique chemin auquel peut mener cette rigidité ; et ça ne mènera pas à la flexibilité du genre féminin qui plus est). Bref, j’imagine que vous préférez ne pas avoir une société bio-fascisante avec un contrôle très renforcé des corps ; même si vous êtes transphobes (et si vous êtes suffisamment transphobe pour souhaiter ça, au premier degré… et bien force m’est d’admettre que vous n’êtes vraiment pas stratège, puisqu’il est difficile d’imaginer l’ampleur du désastre que ça impliquerait sur la société et sur les conditions de vie de toutes et tous (quant à imaginer les conséquences pour la vie des personnes trans, elle seraient plutôt simples puisque ça ne peut que se terminer dans un bain de sang pour nous (chose que je souhaiterais éviter pour des raisons plutôt évidentes))). En bref, soit vous êtes choqués·es comme de pauvres petites choses à la vue d’un mec enceint, et vous prenez des décisions pour plus que ça ne puisse plus arriver (avec tout le caractère désastreux que ça implique pour votre quotidien puisque ça finira très vite par vous concerner AUSSI très directement) ; soit vous vous posez la question de pourquoi ça vous a choqués·es, et vous acceptez de grandir un tant soit peu. Oui, c’est totalement une dialectique du faux dilemme, le gros problème, c’est que ce que je vous dis présentement, est en train de se réaliser aux États-Unis d'Amérique ; donc posez-vous sincèrement la question de vos buts politiques avant de raconter n’importe quoi.


 

 

 Enfin bon, je pense que vous aurez fini par le comprendre, analyser la transidentité par ce biais est, au “mieux”, pathologisant à l’extrême, au pire simplement dangereux. Quand on est dans le placard, tout du moins de mon expérience personnelle (je mets au pluriel uniquement parce que je ne pense pas être seule à l’avoir vécu comme ça), très sincèrement, vous nous faites chier. Mais chier en constant. En fait, c’est un peu comme si, à chaque fois que vous vous adressiez à nous, parliez de nous, vous parliez d’un clown qui est censé être nous. D’une image, d’une figure ; mais qu’au final cela n’a pas grand rapport avec qui l’on est, cette personne que l’on sait être. C’est comme si vous nous voliez notre identité pour la plaquer à vos idéaux, ni plus ni moins. Donc oui, ça peut conduire à de la peur ; pas de la phobie, mais de la peur. Mais ça peut aussi conduire à de la colère. Au sentiment de ne rien valoir; de ne pas même exister. De douter de son existence tangible (on appelle ça la dépersonnalisation) et / ou de l’existence même de ce qui nous entoure (ce qui cette fois s’appelle la déréalisation). Et ce genre de choses, on le vit avant même de se rendre compte que l’on est transgenre. Après, je parle en mon nom, et au nom des personnes ayant eu des expériences similaires ; je ne suis en rien une émissaire globale. Après, c’est plutôt évident qu’avec des prémices flinguées, on en arrive à des conclusions bien aléatoires. Vous savez, les profs de philosophie au lycée nous disent toujours que leur matière sert, non pas à avoir des réponses, mais à correctement se poser des questions. Je ne compte pas dire que je suis une génie de la philosophie de cette manière, mais bien plus que nous avons affaire à des personnes qui auraient peut-être dû mieux écouter ce radotage de prof.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Sur le Rapport "La transidentification des mineurs" des Républicains au Sénat

Beaucoup de caractères pour dire que le Terfisme est un fascisme

Sur la Loi Scélérate des Républicains au Sénat du 19 Mars 2024