Le doux son de la complainte des cuistres [Texte qui devait paraître dans le Monde Libertaire mais qui n'y sera pas en fait (cogito ergo seum (plus j'y pense plus j'ai le seum))]

-Que fais-je ? Encore un texte qui parle de cuistres...

Petit avant-propos : Cet article parle des cuistres et de la cuistrerie. Alors, je sais, le terme n’est plus
utilisé depuis une éternité. Néanmoins, il a l’élégance de désigner quelque chose d’assez précis. Aussi, les plus lettrés d’entre vous (ou les plus grands·es fans de la Grèce antique) pourraient dire que l’on parle non plus de cuistres, mais de sycophantes. Il se trouve que, à mon sens, c’est deux objet intellectuels différents, proches, mais différents. Même si ça serait intéressant d'aborder dans ce texte aussi la sycophanterie, j'ai choisi de garder qu'un seul sujet (peut-être viendrais-je à écrire là dessus plus tard, sincèrement, j'en sais rien). Aussi, je dois vous parler du fait que je n'ai pas pu faire publier ce papier dans le Monde Libertaire. Tout simplement, j'en ai envoyé une première version; et il se trouve que les seules demandes de correction qui m'ont été faites était de parler de nettoyage ethnique en Palestine plutôt que d'utiliser le terme de génocide. Vue que le texte parle aussi de l'usage de formules euphémisantes afin de changer la vision sur un sujet, ces corrections demandées étaient, pour moi, parfaitement inacceptables. En effet, ces terminologies ont été choisies de manière conscientes, et cela aurait, non seulement trahi ma pensé, mais aussi trahi le sens même du texte. Ainsi, pas de Bicheyte dans le Monde Libertaire de Décembre. Étant donné le fait que le texte était aussi adressé à des lecteurs amers de mes publications dans le journal, cela est dommageable, mais tant pis. J'estime trop la qualité de votre temps pour trahir mes textes pour accepter des corrections qui les feraient se contredire.

________________________
 

 

Salut, ici Bicheyte. J'aime la vie, la sauce pesto, mais surtout j’aime beaucoup les complaintes des
cuistres. Si vous ne savez pas ce que désigne ce doux terme de cuistre, il désigne les personnes emplies
d’assurance dans leur propos, mais qui n’en maîtrise pas même des bases. En effet, des personnes peuvent mettre beaucoup d’efforts pour se mettre dans des situations très embarrassantes quand on réfléchie un peu. Il se trouve, que non pas en tant qu’intellectuelle (j’en ai la posture, donc admettons que j’en sois un peu une), mais juste en tant que meuf transgenre, j’en croise beaucoup. Comme par exemple, bien que je me genre uniquement au féminin, ayant un entourage qui me respecte là dedans ; je me retrouve avec des critiques qui voudraient me tailler sur le physique (que nous admettrons pas incroyablement féminin par bienveillance envers le sujet cuistre) basé uniquement sur “mais c’est un mec ou une meuf?” Malaise dans l’assistance, évidemment. La seule réponse mesurée ne saurait qu’être une claque bruyante et humiliante, qui n’est qu’à la mesure de l’insulte grossière que le cuistre vient de lancer, et qui en plus a fait un effort pour la lancer.

En bref, il n’y a pas de respect à avoir pour la cuistrerie, puisqu’elle désigne d’abord et avant tout
un effort pour produire du minable, de l’anti-savoir, et de la mesquinerie basse... ça ce serait le message
que je voudrais offrir si jamais nous vivions dans un monde un tant soit peu juste. Et c’est dommage,
puisque la cuistrerie est, dans de nombreux sujets la norme. Non pas une norme tolérée, mais la simple
norme. Et nous vivons une séquence médiatique très démonstrative de cette cuistrerie en tant que norme, ne serait-ce qu’en voyant ce qu’il se passe au niveau du conflit israélo-palestinien. Déjà, rien que ce dénominatif communément admis est assez cuistre, puisqu’il admet en son sein une symétrie, ce qui n’est pas franchement réaliste. Il est très difficile d’admettre une symétrie entre un état colonial ayant de puissants moyens militaires, mais aussi de puissant moyens de communication (du style à pouvoir faire de la communication très agressive¹)) ; et entre une population ségréguée, qui s’est faite spolier ses terres et expulser progressivement vers le désert du Sinaï. Alors effectivement, il y a le déplacement rhétorique qui s’est effectué depuis, qui fait qu‘on ne parle plus tant de conflit israélo-palestinien (pour des violences coloniales) mais de conflit Israël-Hamas. Comme si raser progressivement la bande de Gaza de la carte était un conflit uniquement contre un groupe politique (si douteux que le Hamas soit par ailleurs), et pas la mise en place d’un génocide.

 ¹= Voire pour un exemple simple et rapide une vidéo du HuffPost nommée “Contre le Hamas, ces
publicités anxiogènes de propagande d’Israël qui ne laissent pas indifférent” sur Youtube



Mais soit, bien que la présentation que j’ai faite de la situation en Palestine soit idéologiquement
située, je n’ai pas fait preuve d’un discours complexe, ni bien créatif. Un simple constat de ce qui m’est
accessible aisément, et bien que je pourrais sourcer le tout, je doute que ça soit très utile pour mon propos. J’aurais pu balancer des tonneaux d’horreurs sur ce que je penses de ce qu’est l’état d’Israël,
ou même faire une analyse très marxisto-marxiste, mais très sincèrement, je m’écarterais de mon sujet,
pour ce qui se voulait être un exemple extensif de la cuistrerie comme modèle de communication. 

 

-Aphorisme et pensées générales contre ce phénomène.


Puisque, comme nous pouvons le voir sur un exemple évident, la cuistrerie en terme de
communication de masse est un outil très meurtrier de l’oppression. En effet, cela permet de tout simplement mentir, entre omissions grossières et pseudo-neutralité du propos en mettant à équivalence ce qui ne l’est pas. Le danger de ce discours va même bien plus loin, puisque le combattre exige de déplacer le niveau de discours. Pour combattre de la désinformation, il s’agit, d’une, de donner une vision moins partiale de l’information (voire de faire l’usage de partialité volontaire et assumée pour contrebalancer) ; de deux d’expliquer en quoi nous avons affaire à de la cuistrerie et/ou du mensonge (donc à reparler du propos mensonger qui nous fait prendre la plume mais pour le démonter morceau par morceau) ; et enfin essayer d’en comprendre les buts et intentions (puisqu’il faut bien essayer d’expliquer pourquoi une donnée a été tordue pour comprendre ce que veulent faire les cuistres). “La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter des sottises [Bullshit dans l’énoncé original] est supérieur d’un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire.” Alors ça c’est l’aphorisme, dit, de la loi de Brandolini; qui mériterait pleins de précisions, par exemple le bullshit est bien plus compliqué à énoncer si ce qui est dit est peu admis dans son contexte d’émission. Par exemple, si j’ai une envie absolument possédée de dire qu’une meuf trans ne sera jamais vraiment une meuf, je pourrais le dire cash chez les fascistes et tout le monde s’applaudira en cercle ; mais si je sais que je serais lue plutôt par des personnes plus décentes, je mettrais des points de doutes dans ma compréhension (comme le sinistrement célèbre “il ou elle”) comme pour camoufler ma cuistrerie dans ma bêtise. Mais l’idée est là, il faut passer à un niveau supérieur dans l’ambition intellectuelle quand on veut s’attaquer à des cuistres, puisque ces derniers·ières seront prêts·es à à peu près tout pour pouvoir garder un tant soir peu de crédibilité sociale. Même s’iels racontent n’importe quoi, et font un effort pour produire ce n’importe quoi; il faut produire du plus efficace, intellectuellement parlant, voire même être hautain·e dans sa posture.

 

Et, je vais conclure là dessus, si je parle d’être hautain·e, c’est à dessein. C’est pas juste être hautain·e gratuitement, c’est utiliser cette posture comme outil relégitimant. C’est à dire qu’un·e cuistre est venu·e vous insulter, vous et votre communauté et/ou vos proches, et la raison elle-même en tant que concept, et vient bouffer votre quotidien avec des tonnes de bullshit (si vous ne voyez toujours pas d’exemples de cuistres, pensez à Pascal Praud ou à Nicolas Casaux). Respectez les cuistres à la hauteur du respect qui leur est dû. Vous n’avez pas à leur être sympathique, vous n’avez pas même à leur donner une porte de sortie aisée dans votre propos. De toutes façons, vous avez affaire à des personnes ayant produit un effort de diffamation. C’est trop leur donner que d’être poli·e. De plus, ces personnes ajoute de l’injure à l’insulte en ne respectant pas l’intelligence des personnes les lisant, alors si vous n’avez pas la bonté d’essayer de leur être sympathique, drapez-vous de tout le mépris dont vous êtes capable. Même si, à première vue cela n’a pas l’air d’être un méchant bullshit, une fois les deux mains dans la merde, vous voyez bien ce qu’il en est, vous en pensez quelque chose, cela ne peut pas vous laisser insensible. De toutes façons, vous ne détricottez pas ces conneries pour les personnes qui les ont émises, vous les détricottez pour des personnes s’étant laissées abuser par des cuistres et qui sont en train de remettre en doute ce bullshit, donc respectez les cuistres à la hauteur du respect qui leur est dû : Soyez hautain·e. Ne serait-ce que pour vous relégitimer face à des cuistres ayant utilisé leur poids social pour raconter de la merde. Ne serait-ce que pour vous donner de la force face à l'oppression, et tout simplement parce que vous valez bien plus que Pascal Praud !

Commentaires

  1. Merci pour ton article. Désolé pour le refus du ML à publier ce texte sans correction. Ils doivent surement préférer Michel Onfray...

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