Fascisme et Transphobie, que se passe t-il aux états-unis? (second article pour le Monde Libertaire)
OUI c'est le second article, je sais incroyable, on m'a permise d'encore scribouiller pour du papier, imprimé, avec de l'encre, c'est incroyable. Moi j'en reviens pas, y'a des gens qui vont pouvoir se noircir les doigts, sur mes mots. Qui forment des phrases. Hein quoi le sujet?... écoutez je parle couramment de fascisme, de transphobie, d'idéologies génocidaires... bon voilà. Bref, j'vais me permettre un p'tit café, si évidemment la lecture vous pèse, ne vous infligez pas ça. Voilà vous n'avez pas à tout savoir sur tout, même si c'est important, une information qui vous fait vriller n'aide personne. Bref, bonne fin de week-end!
Je n’ai pas encore les retours de mon premier article transféministe dans ces lignes que je reviens déjà vous jouer un mauvais tour. Aujourd’hui, je vais vous parler des Etats-Unis d’Amérique. Cela va vous sembler loin de vos préoccupations personnelles, et loin de vos préoccupations politiques, et je ne peux que vous comprendre. Néanmoins, il reste quelques éléments qui fait qu’on ne peut pas ne pas surveiller ce qu’il s’y passe. Il se trouve que nous avons affaire à l’actuelle première puissance diplomatique et culturelle mondiale. Les Etats-Unis d’Amérique éternuent, c’est le monde entier qui reçoit des postillons. Et il se trouve que quand on s’intéresse aux mouvements politiques liés aux transidentitées, il est complexe de passer outre les Etats-Unis d’Amérique. Pas impossible, mais cela revient à devoir ne pas s’intéresser aux influences des décisions politiques des états, ainsi qu’à ne pas s’intéresser aux influences médiatiques; et ce tout particulièrement pour l’Occident.
-Sur le plan légal.
On peut considérer les Etats-Unis d’Amérique coupé en trois. Des états où il est pertinent de se poser la question de la préparation à un génocide trans (pour reprendre les termes du le Lemkin Institute (1), qui s’appuie sur l’ONU (2)), des états pouvant se diriger plus ou moins rapidement vers ces positions, et des états protégeant les personnes transgenres. Du début de l’année 2023 et ce jusqu’à Juin, c’est 532 lois qui ont été étudiées à propos des personnes transgenres à travers tout les Etats-Unis d’Amérique, la plupart inquiétant les droits des personnes transgenres (3), voire niant leur existence.
Nous pouvons trouver une quinzaine d’états protecteurs, tels la Californie, pouvant assurer le coût des soins autour des changements de genre et prévoyant des lois de protection pour les réfugiés·es d’autres états. Neuf états ne sont pas particulièrement décidés sur le sujet, bien qu’ils montrent des signes plutôt positif, comme Rhode Island, qui bien qu’il manque de protection sur les soins des personnes transgenres ou de lois d’accueil des réfugiés·es, rien n’indique qu’il fera des lois dangereuses sur le sujet. Deux états, l’Alaska et le Wyoming montrent des signes inquiétants, mais semblent ne pas vouloir se diriger vers les textes les plus dangereux.
Cinq états sont dangereux à court terme pour les personnes transgenres, comme la Virgine où les discussion législatives pourraient rapidement forcer les enfants transgenres à s’outer (c’est à dire révéler qu’iels sont transgenres) à l’école. Dix-neuf états sont directement dangereux pour leurs résidants·es transgenres, comme l’Utah et le Texas, puisqu’ils ont votés des lois comme l’objection de conscience des médecin de personnes transgenres, l’interdiction de changement de genre administrative, l’interdiction des drags-show (qui impliquent l’interdiction d’avoir une expression de genre tendancieuse dans l’espace publique), l’interdiction des prides, et/ou une définition stricte du sexe. La Floride fait cas à part, puisque simplement la traverser est légalement dangereux quand on est
transgenre. Le simple fait d’aller aux chiottes publiques quand on est transgenre peut signifier un an de prison ferme (3).
Un grand merci à Erin Reed de m'avoir permise d'utiliser sa carte de Juin sans elle (pas la carte, Erin) cette article serait sans doute bien fade. Je me suis permise de la traduire.
-Sur le plan médiatique.
Vous aurez pu remarquer quelque chose. Mes sources ne viennent que très rarement de grands médias
généralistes anglos-saxons, même quand je parle de ces pays. Je ne les considère plus comme des sources fiables de prime abord quand il s’agit de transidentités (et même plus largement des personnes lgbti+), et au premier titre la BBC (4), qui est censée être le média anglo-saxon fiable par excellence. Plutôt que d’avoir recours à des médias où je trouve rarement de l’information de qualité, je passe par des médias moins prestigieux, mais qui sourcent ce qu’ils racontent. Cela permet de revérifier, et d’éviter un travail de dépatouillage de l’info que je me retrouve à faire de temps en autre sur
des médias français (autant le faire sur une langue que je maîtrise depuis mon enfance, ça simplifie). Et que vous dire d’un contexte médiatique où le réseau social principal des journalistes, c’est à dire Twitter (j’appelerai ce site X quand Musk nommera sa gamine par son prénom d’usage), est à présent entre les mains d’un milliardaire tout autant erratique que fasciste ; contexte où fleurissent les médias fascistes (Quillette, le Daily Wire, et autres plus ou moins rejetons de Fox News) relayant toutes les conneries possibles ; et que si le·la moindre personnalité gender critical écrit un bouquin indigne du moindre stylo, ça se retrouve à être un best-seller... bref que vous dire mise à part que c’est une bouillasse inextinguible, et quand on trouve des personnes ayant à coeur de sourcer leur propos, de dire des choses sérieuses, qui touchent autre chose qu’aux fantasmes d’une société sombrant dans le fascisme, et bien on chérie ces sources.
Et si vous vous posez la question de pourquoi vous lisez des conneries comme « L’islamowokisme délirant va venir vous manger », ces paniques morales à répétition viennent de là. Cela ne fait aucun sens, cela nuit à la qualité de l’information et à la vie démocratique. Je sais que la démocratie bourgeoise, c’est pas la joie, mais devoir faire un travail journalistique pour débroussailler l’info basique de sa presse est un signe inquiétant quant à la métamorphose de cet état en état fasciste.
« Le nazisme s’insinua dans la chair et le sang du grand nombre, à travers des expressions isolées, des tournures des formes syntaxiques qui s’imposèrent à des milions d’exemplaires et qui furent adopter de façon mécanique et inconsciente ». Victor Klemperer, linguiste polonais et analyste contemporain de la langue nazie.
-Sur le plan politique
Alors déjà, on va parler de ce qu’il se passe du côté démocrates. Peu de résistance est donnée sur le plan fédéral. Sur les états eux-même iels ont bien plus de force pour pouvoir éviter ça, mais le fédéral est bloqué par les juges de la cour suprêmes qui sont du côté Républicain. Mais si, les juges de la cour suprême. A propos desquels les Républicains ont chié sur la constitution, pendant le deuxième mandat Obama, pour avoir leur juge de la cour suprême pour pouvoir, entre autres, casser l’arrêt Roe Vs Wade. Et les démocrates ont... juste suivi la constitution qui ne disait pas explicitement qu’il était possible de passer au dessus du blocage Répuclicain (5). Et actuellement, les démocrates au fédéral ne font rien de concret pour stopper cette déferlante.
Du côté Républicain, face à cette farouche opposition institutionnelle, partent donc sur un plan de campagne génocidaire pour 2025 (6) avec leurs deux favoris, Trump et De Santis. Le premier étant bien connu pour avoir mené une présidence qui aurait pu sombrer dans le fascisme si les institutions américaines avaient pu être contournées ; et De Santis, gouverneur de la Floride (dont nous avons parlé précédemment) qui n’hésite pas à verser dans l’imagerie nazie pour faire sa promotion (7). Si la politique institutionnelle américaine vous rappelle des choses sur son plan fédéral, ce n’est pas pour rien.
Sur le plan des forces politiques apartites, cela est plus compliqué à analyser ; et cela demanderait à ce qu’une personne plus technicienne que moi vous en parle. Ce sont des forces politiques importantes. De manière générale, le peuple américain n’apprécie pas la tournure des choses; les décisions Républicaines n’ont pas de soutien populaire, mais si les démocrates ne tendent pas de mains vers ces forces politiques alors on peut aisément imaginer les Etats-Unis d’Amérique devenir un état fasciste génocidaire. Ou vivre une guerre civile sanglante.
-En conclusion, "Que faire?", comme le disait l’autre type que je n’apprécie pas grandement ?
Et bien... c’est très compliqué à dire. Les pays occidentaux suivent une route très similaire, et ils sont loin d’être les seuls à se diriger de plus en plus vite vers des trajectoires de ce type. Très sincèrement, toutes les analyses que je parviens à produire indiquent que le cours de l’histoire des pays occidentaux va sombrer à court ou moyen terme dans une forme politique bio-fascisante ; avec un contrôle exacerbé du contrôle des corps. Mais encore une fois, quand je dis des choses alarmantes, la seule chose que j’espère, c’est me tromper. Donc espérons que je me trompe ?
1 = « Statement on the genocidal nature of the Gender Critical movement’s ideology and practice », The Lemkin Institute
2 = Site français du bureau des Nations Unies, page du bureau de la prévention du génocide
3 = June anti-trans legislative risk map du blog d’Erin Reed, journaliste indépendante étatsunienne
4 = La Vidéo de Shaun sur les publications transphobes de la BBC, notamment le tristement célèbre « We’re being pressured into sex by some trans women »
5 = The Alt-Right Playbook, We go high, you go low
6 = The GOP has a master plan to criminalize being trans, DAME
7 = Outrage as DeSantis staffer retweets nazi symbol vidéo : disgusting, Newsweek
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