Premier texte pour le Monde Libertaire (visible excitation de l'autrice)

  HEY HEY, j'écris dans le Monde Libertaire. Ui, alors le pourquoi du comment, c'est parce que quelqu'un m'a contacté, parce que y avait des article assez regrettables qui y ont été publiés, et vue qu'il y a eu changement de commité de rédaction récemment, ben j'suis arrivée là dedans. Voilà, c'est pour expliquer le changement de rédaction, et qu'il risque d'y avoir pas mal de personnes qui se plaignent d'une certaine meuf trans qui parle mal dans leur journal. Bref, ça devrait arriver une fois par mois si j'arrive à être constante.


Pour les habitués·es des lieux, ça devrait vous sembler très basique ce que je vous raconte, et c'est assez volontaire, pour le coup c'est ce qu'on m'a demandé.


Un Shiba aux couleurs du drapeau trans qui vous regarde l'air fourbe et qui déclare: "Super genre. C'est ta daronne qui l'a choisi pour toi?"


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     Salut. Je me présente, moi c’est Bicheyte, j’aime la Monster, le punk au ukulélé et les coquillettes. Cela va sans doute vous faire bizarre, mais il se peut que je vienne vous parler de nombreuses choses d’un point de vue transféministe. Oui, transféministe, et bien que je me reconnais dans le féminisme ; en tant que que meuf trans, je dois passer mon temps à débroussailler des champs théoriques totalement abscons; ce qui fait que je ne parviens pas à me dire simplement féministe, mais bel et bien transféministe. Cela peut paraître sécessionniste de ma part, mais si scission dans le féminisme il y a, elle est bel et bien en amont; et le cœur de cette scission idéologique se terre dans la bourgeoisie blanche (chose dont je n’aurais pas le temps de vous parler plus amplement dans ces lignes). De quels champs théoriques abscons je parles, me demanderez-vous? Et bien, tout simplement des champs pseudoféministes préférant passer dans le camp du patriarcat, plutôt que d’accepter les personnes transgenres dans son idéologie (que l’on trouve couramment sous les dénominations “Radfem”, “Gender Criticals”, “TERF” pour les plus courantes). Vous avez même lu dans ce canard, des textes de ces champs, peu dignes du combat féministe; et qui peuvent, avec une analyse antifasciste, se retrouver dans le fond diffus de fascisation actuelle. Oui, vous avez bel et bien lu ce que je viens de vous écrire. Néanmoins, pour que je puisse vous expliquer plus en détail pourquoi il y a lieu de penser concrètement ça des mouvements anti-trans, qu’ils se prétendent féministes ou pas, nous devons d’abord parler le même langage, et force m’est de constater que nombres d’éléments sont couramment impensés, même par des personnes écrivant intensément sur des sujets féministes. Donc, avant qu’on parle de choses plus complexes, il faut que je vous parle de ce qu’est, matériellement, le genre.



    Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de donner une explication de ce qu’est le genre. Et si je devais m’assurer que vous ne me mésinterprétatiez pas, je vous dirais simplement que le genre est une série de comportements sociaux, avec une expression endogène (qui vient de l’individu) selon son vécu; mais avec une perception lourdement exogène (qui vient du contexte extérieur). Pour expliciter ça, on va prendre notre contexte actuel, d’une cisnormativité lourde ne considérant que deux genres antagonistiques, avec un individu. Notre individu a tendance à porter des jeans troués, des chemises aux couleurs ternes et iel gueule en jouant de la guitare. Certains·es peu polis·es m’interrompraient alors à ce moment en disant que c’est évident que c’est un mec. Sauf que les choses ne sont pas si simples, puisque notre individu s’est intéressé·e dès le lycée au féminisme (n’hésitant pas à avoir un propos technique sur le sujet), ne parvenait pas à nouer de relations sociales avec des hommes et quand iel parlait de références musicales, iel parlait plus de groupes de rock féminins dont des groupes de Riot Grrrl qu’iel a participé à populariser. Et sur le plan physique, on parle de quelqu’un avec des cheveux mi-longs blonds clairs, des traits plutôt fins et pas particulièrement de pilosité faciale. Les personnes qui connaissent le sujet ont alors compris que je parle de Kurt Cobain, et qu’effectivement je parlais d’un mec depuis le début. Néanmoins de nombreux éléments qui lui sont endogènes (dont certains que j’ai cité et de très nombreux autres que je n’ai pas cités) peuvent clairement penser que les choses auraient pu ne pas être aussi simples quant à son genre s’il avait eu accès à nombres de connaissances actuellement popularisées.



Un post particulière drôle de touiteur, qui dit: "Harley Williams de Paramore révèle qu'elle ne savait pas que Kim Petras était trans. "Je pensais qu'elle était allemande" a t-elle répondu au reporter."


    Si je voulais vous écrire une thèse sur le genre en tant qu’outil dénominatif sociale, il serait parfaitement possible d’étendre une liste effarante de modules mais me devant de rendre quelque chose de lisible et de pas trop long, nous n’en retiendrons que trois pour cet article: L’apprentissage du genre, l’autodétermination genrée et enfin la mascarade naturalisée.




    Si le genre prend un air aussi fondamental dans notre socialisation, c’est que c’est quelque chose dont on commence à comprendre les nuances pratiques entre 18 mois et 3 ans. Entre 3 ans et 5 ans cette compréhension se met en place dans une période de stabilisation de l’expression de genre; et entre 4 et 7 ans il y a la consolidation conceptuelle du concept (donc de toutes ses applications dans notre socialisation). Vous avez le droit d’être en désaccord avec ces assertions, aucun problème. Il vous faudra seulement réussir à dépasser ce qui ressemble beaucoup à un consensus scientifique. Et, dans ce même consensus scientifique, il est admis que nombres d’enfants n’admettent pas le genre qu’on leur prête. Que ça soit dans des résistances, dans des redéfinitions personnels, ou dans des rejets en bloc. Parce que oui, cette lecture, ce que la société pense de tel ou tel genre est compris dès ces âges là; avec ce que le genre contient d’injustices, et de violences.



    Et, au tout départ de cet apprentissage vient une notion qu’il est capital à comprendre: l’assignation à la naissance. C’est à dire, que de manière générale dans nos sociétés, deux genres sont considérés, le genre féminin et le genre masculin. Évidemment avec toutes les nuances que ça implique, mais nos sociétés, civilement et concrètement reconnaissent très peu ce qui sort de ces cordes là (c’est à dire les non-binarités)… et cela vaut aussi pour les enfants. Que cela soit à leur petite enfance, à leur naissance, ou même avant leur naissance. Le monde qu’iels verront sera déjà genré et leur traitement sera déjà différencié en fonction de ce genre. Quitte à leur faire subir des traitements médicaux sans qu’une quelconque volonté de leur part soit exprimée, et ce même hors des considérations de santé, si leur anatomie exprime une variance sexuelle dès le plus jeune âge. On le rappelle, les opérations sur les enfants intersexe sans leur accord sont toujours autorisées en France, notamment, grâce au travail de parlementaires comme Jacqueline Eustache Brinio qui ont aussi milité pour sauvegarder les thérapies de conversion à l’encontre les personnes trans (et travaillent actuellement à les réhabiliter si vous voulez tout savoir); ce qui va complètement dans le sens de ce traitement de genre forcé dès le plus jeune âge pour toutes et tous. Bref, si vous ne deviez retenir qu’une chose sur le sujet de l’assignation à la naissance, c’est que des adultes décident du genre des bébés uniquement en se fiant à ce qui est identifié entre leurs petites jambes, et ce, quitte à procéder à des chirurgies non nécessaires pour la bonne santé de l’enfant (voire entrant couramment en contre-indication pour leur santé).



    Pour ce qui est de l’autodétermination genrée, nous avons pu voir précédemment que le genre est interprété et compris dès l’enfance. Ainsi, nous sommes toutes et tous condamnés·es à devoir interpréter ce que cela implique pour nous et ce que nous souhaitons renvoyer comme présentation sociale. Et donc, que cela soit conscient ou inconscient, vue l’impact du genre, nous réinterprétons la chose personnellement. Nous nous prenons alors à souhaiter des choses rapport à qui nous savons être. Ainsi, quelque soit notre genre, que l’on soit cisgenre ou transgenre, nous sommes condamnés·es à interpréter notre genre, on interprété qui l’on est à l’aune de cette norme. Et, il se trouve que dans cette interprétation, nous n’avons que peu de choix concrets, puisque de toutes façons nous n’avons pas particulièrement de contrôle sur notre propre volonté ainsi que sur notre identité; tout comme nous n’avons pas réellement de contrôle sur notre musique préférée, ou les couleurs que nous apprécions le plus. Le seul contrôle que nous ayons réellement est, souhaitons-nous être en phase avec nous même; tout comme le reste de ce qui constitue notre identité. Pour l’exemple personnel, bien que j’apprécie la musique de Noir Désir, il est hors de question pour moi d’écouter la musique d’un assassin féminicide, et j’exhorte même mes contemporains·es à ne surtout pas le mettre en avant; j’ai fait un choix rapport à une partie de mon identité, pour convenir à une autre partie de mon identité.




    Enfin, nous allons parler du principe de la mascarade genrée. Alors, je m’agrippe difficilement sur les épaules d’un·e géant·e en vous parlant de Judith Butler (qui a fait son coming-out non-binaire il y a quelques années d’où cette écriture épicène à son sujet). Le genre est quelque chose que l’on performe. Que l’on exprime, et ceci teint l’intégralité de nos relations sociales. C’est à dire que l’on va mettre en place automatiquement un masque genré. Qu’il soit conforme (et ce même grossièrement) à notre assignation à la naissance (donc qu’on performe notre genre en étant cisgenre) ou pas (donc qu’on performe notre genre en étant transgenre). C’est encore une fois une condamnation liée à notre socialisation: On ne fait pas autrement.

    Avec tout ça, je considère que vous avez à peu près les bases et que l’on parle à présent un langage proche. Que l’on soit d’accord ou pas d’ailleurs. Puisque le but est ici de pouvoir commencer à parler de choses plus influentes sur le plan politique, et pour ça, nous devons nous comprendre.

 







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